samedi 23 janvier 2021

Mille jours sauvages Cathy Borie

 



 #Millejourssauvages #NetGalleyFrance

Mon avis : 

Un partenariat Netgalley dont j'ai entamé la lecture sur ma tablette et terminé sur ma nouvelle liseuse.

Une belle lecture que celle ci. Ne vous attendez pas à quelque-chose de drôle, non non, on est dans le sombre, dans le désespoir et les renoncements. 

Ce récit post apocalyptique nous offre néanmoins de magnifiques portraits humains. 

Camille tout d'abord, cette jeune femme énigmatique dont Cathy Borie nous livrera l'histoire quand celle-ci se confiera à Jack. Le récit remontera non en dialogue mais en séance de flash back très bien écrits.

Alors avec Camille vous allez ressentir bien des émotions, vous allez les vivre au plus fort de votre intérieur dans la violence des renoncements mais aussi dans celles des premières fois si belles.

Et puis, il y a Jack avec qui par la force des choses, elle va partager cette vie dans ce monde sauvage qui ne correspond plus à rien à celui d'avant.

Le soleil n'est plus là, il n'y a plus d'électricité, plus rien pour communiquer et le froid qui se saisit de tout et la neige qui tombe sans discontinuer. On aurait presque à lire ce récit le sentiment que la crise du p... de covid que l'on traverse n'est finalement pas si grave ... Oui on a tout ce qu'il nous faut, on mange à notre faim, on a l'électricité et les moyens de communication ne sont pas coupés, on peut se réchauffer et se soigner... Les besoins essentiels sont garantis.

Ce livre nous fait nous interroger ainsi sur notre société où le tout informatique prend le pas sur l'humain... 

Dans ce livre, les livres reprennent leur importance de passeurs de savoirs, il ne reste que ça. Et j'ai trouvé cet aspect fort intéressant. Notre dépendance à la technologie peut nous affaiblir.

" Je me suis sentie soudain comme débranchée. Déconnectée.  . Moi, et tous ceux de mon âge, on n'avait jamais vécu sans les portables, les textos, les réseaux sociaux et toutes ces relations à distance où on se parlait, on se filmait, on s'envoyait des images et des symboles. Et là d'en coup, on n'avait plus que notre corps pour franchir les espaces qui nous séparaient les uns et des autres. Ça  parait dingue de dire ça maintenant, et je n'en avais absolument pas conscience sur le moment, mais c'est comme si on devenait infirme, handicapé, diminué, empêché..."

Et puis, il y a Camille et Jack et ce qu'ils vont construire entre eux deux. On va suivre l'évolution de leur relation dans ce contexte très particulier où il est finalement nécessaire de se soutenir.

"Camille quant à elle, ne regrette pas tant l'absence de paroles que le manque total de dialogue, comme s'ils ne faisait pas partie de la même espèce : vivre côté  à côte dans ces conditions lui pèse énormément, et ce vide résonne encore plus dans le vide alentour, écho d'un monde qui s'effondre face à un avenir muet, où rien ne paraît durer, si ce n'est le silence effrayant des paysages infinis, mer et terre confondues, toujours plus vertigineuses, c'est donc elle qui un de ces soirs sombres et glacés où la nuit les contraints à se réunir devant le poêle, bien avant l'heure du coucher, enfouis sous les pulls et les châles, se décide à combler cette distance avec des mots, cherchant dans la visions des flammes dansantes tout le courage qu'il faut pour vaincre sa réserve."

 "Il a traversé des épreuves (il s'agit de Jack) qui lui ont prouvé sa capacité de survie et son autonomie, et soudain, ce soir, il se sent faible, et surtout désarçonné : il n'est plus seulement circonscrit par la surface de sa peau ni par les limites de son corps, mais on dirait que l'aura d'un autre individu, cette espèce de manifestation diffuse et insaisissable, interpénètre son propre espace et qu'il ne peut rien faire pour y échapper. "

Alors oui, ce livre n'est pas marrant du tout, mais il nous interroge sur ce qui est important dans la vie, il nous pousse à nous retrancher dans des zones très obscures. Dans les retranchements de notre humanité.

Alors le titre de ce livre est fort et beau à la fois, je ne sais pas pourquoi j'aurais eu envie de l'appeler "Mille rivages sauvages"...

L'île est la Corse, mais vous n'aurez absolument pas l'impression d'y être, non, c'est à l'opposé de cette île et de surtout de mes ressentis de vacancière estivale de cette île de beauté.

J'ai beaucoup aimé ce livre, il m'a évoqué celui de Sandrine Collette :"Et toujours les forêts" de avec bien des points communs.

Une écriture très belle pour un univers presque totalement désespéré... Je n'hésiterais pas à lire à nouveau cette auteure : Cathy Borie.

Alors vous n'avez peut être pas envie de ressentir toute cette sauvagerie, mais au fond finalement moi ça m'a permis de relativiser. Et puis j'ai dit "presque" totalement désespéré pour la fin de ce livre ,parce que sans parler d'happy end, l'humain reste ici avec sa faculté d'adaptation plus forte que tout.

Et j'ai profondément aimé les personnages et comment ils évoluent lors de ces jours sauvages et Camille est admirablement décrite.

"Pour autant ça n'a rien de facile : il s'agit d'un dépouillement de plus, et il ne lui reste déjà presque rien, elle sait que si ça aussi échoue, elle ne s'en relèvera pas. Ce sera la fin de tout. mais sa personnalité profonde ne peut se résigner à renoncer aux envols, les chutes ne lui apprennent rien, elle ne vit vraiment que dans et pour ces élans majestueux, et ils lui sont interdits depuis trop longtemps..."

Merci à NetGalley et et à Cathy Borie pour cette lecture sous fond de neige en cet hiver froid ! Penser au pire nous fait nous reposer sur du plus doux !  

Belle lecture à vous, portez vous bien et gardez le moral ! 

"Juste une étreinte douce, ferme, comme un mouvement du bateau qui arrive à quai."

 




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10 commentaires:

  1. Bien compris qu'on n'est pas dans le réjouissant, mais ça a l'air bien. 2023, c'est demain, dis donc?

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    1. Coucou ola j'ai supprimé le mauvais commentaire...
      Oui j'avais pas vu pour 2023... gloups ce sera l'année de mes 50 piges... gloups si tout va bien d'ici là...
      Bon on y crois bisous !

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  2. oh non, en toute franchise, je ne pourrai pas (en tous cas pas dans les mois qui arrivent), déjà que le Collette dont tu parles m'a secouée et donné des cauchemars.

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    1. Coucou Violette,
      ah oui moi aussi le Collette m'avait fait faire des cauchemars... https://imagimots.blogspot.com/2020/06/et-toujours-les-forets-sandrine-collette.html
      Mais à croire que j'aime me faire mal :-S parce que je l'ai beaucoup aimé et là encore.
      Mais il ne faut pas se forcer car c'est déjà assez déprimant cette période.
      Bisous

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  3. Merci pour ce conseil, et garde le moral toi aussi.

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    1. Bonsoir,
      de rien Alex et oui on va tenter de garder le moral. Bisous

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  4. Pas envie de désespoir en littérature ces temps ci ! Je passe ! Mais 50 piges, moi, c'est l'année prochaine !

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    1. Coucou Géraldine,
      oui on peut avoir envie de plus léger... Mais l'écriture est très belle et m'a charmée.
      Bisous

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  5. ça pourrait me plaire vu ce que tu en dis. La couverture est très belle en tout cas.

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    1. Bonjour Jérôme,
      j'ai apprécié cette lecture.
      Quant à la couverture est elle de celle que l'on regrette ne pas avoir dans sa bibliothèque en version papier.
      Bisous

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