lundi 25 octobre 2021

La bonne chance Rosa Montero

 


Qu’est-ce qui pousse un homme à descendre d’un train à l’improviste et à se cacher dans un village perdu ? Il veut recommencer sa vie ou en finir ? Il fuit quelqu’un, ou quelque chose, peut-être lui-même ? Le destin l’a conduit jusqu’à Pozonegro, un ancien centre minier à l’agonie. Devant chez lui passent des trains qui peuvent être son salut ou sa perte, tandis que ceux qui le cherchent sont à l’affût.

Mais dans ce lieu maudit, où tout le monde a un secret, certains plus obscurs et dangereux que d’autres, cet homme rencontre des gens comme la lumineuse et généreuse Raluca, peut-être un peu cinglée aussi, qui croit que la joie est une habitude.

Une intrigue ensorcelante, d’une précision d’horlogerie, dévoile peu à peu le mystère de cet homme et, ce faisant, explore nos pulsions : la peur, la culpabilité, la haine et la passion.

Rosa Montero nous parle du Bien et du Mal, elle écrit un roman vivifiant et lumineux qui met l’amour, l’espoir et la rédemption au premier plan. La plume de Rosa Montero est un heureux antidote contre les temps qui courent. SOURCE Editions Métaillié


Mon avis : 

J'ai coché ce livre dans la sélection du 8 septembre 2021 de la Masse Critique de chez BABELIO, car j'avais déjà entendu beaucoup de bonnes choses concernant cette auteure espagnole Rosa Montero.


J'ai donc eu "La bonne chance"  de recevoir ce livre en échange de mon avis. 

Merci à Babelio qui m'offre toujours (ou presque) de belles lectures et aux Editions Métallié pour ce partenariat.

J'ai tout simplement adoré cette lecture ♥

L'histoire de cet homme qui prend une étrange décision en achetant et en s'installant dans un appartement minable dont il a vu l'affiche à vendre à bord d'un train.

Nous ne savons pas grand chose de lui et Rosa Montero va alterner les chapitres en s'emparant de divers personnages. Ceux qui vont croiser son chemin mais aussi ceux qui l'ont perdu en chemin.

On sent bien chez cet homme, Paco, une immense peine, que c'est un homme blessé, à terre.

Une très grande détresse l'a poussée à se retirer et même à se retrancher d'une vie a priori ordinaire.

"Il y avait longtemps que Pablo n'y pensait plus, il y a longtemps en fait qu'il ne pense pratiquement plus à rien et qu'il essaie de se métamorphoser en morceau de liège, en branche, en pierre, en une chose immobile et tranquille concentrer sur le fait d'exister à défaut d'être."

Rosa Montero tout en finesse, en nous dressant toute une galerie de personnages tous plus intéressants, étranges, fascinants, malfaisants, attendrissants, les uns que les autres. 

Avec tous ces personnages, elle va nous faire découvrir ce que cet homme a fui, ce que cet homme est, a été et sera.

J'ai aimé tous ces portraits que l'auteure nous décrit avec humour, tendresse mais aussi de façon caustique et amer. Je vous laisserai les découvrir pour ne pas tout vous dévoiler...

Ce livre c'est aussi et surtout,  l'improbable rencontre de Paco et Raluca.

Là où se trouvait le vide, là où était l'improbable, va surgir l'étincelle, de celle qui peut raviver le merveilleux entre deux. 

" Raluca est une planète, Raluca est la Terre flottant dans l'espace, bleue et verte et blanche de la crème fouettée des nuages, une boule ensoleillée et fulgurante, aussi belle que la plus belle des perles dans la noirceur solitaire du cosmos, et Pablo est une météore qui tombe frénétiquement vers elle, piégé par l'inexorable loi de la gravité."

Les thématiques de la famille, de la paternité sont au cœur de ce livre, tout comme celles de la reconstruction, de a rédemption, de l'empathie et de la bienveillance.

Les parcours de vie ne prennent pas toujours les chemins que l'on aurait souhaités et les relations familiales ne vont pas toujours de soi… 

Il faut compter parfois sur sa bonne chance, celle qui nous fait avancer vers un futur plus beau.

Un très beau roman, que j'ai vraiment apprécié ♥♥♥♥

Une plume alerte, joyeuse et néanmoins profonde 

qui délivre de bien beaux messages. 

Une très bonne chance avec cette lecture !

Rosa Montero, je vous lirai à nouveau c'est certain.

Merci Merci Merci ! 


"Raluca est imparfaite. Glorieusement imparfaite. Sans cet enchevêtrement de dents et sans cet œil paresseux qui semble parfois se rapetisser ou s'endormir, elle serait une femme trop belle. Pablo admire le kintsugi, l'art japonais de réparer les céramiques brisées à l'aide d'une résine mélangée à de la poudre d'or ou d'argent, de sorte que la fissure reste bien visible, brillante, soulignée, ennoblie par le métal. Les japonais pensent que ces cicatrices, cette histoire, cette faille, sont la beauté de l'objet? Pablo se rappelle maintenant ce bol délicat du XVIIe siècle qu'il avait acheté à Kyoto, la nervure dorée de son ancienne blessure bien visible."


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jeudi 7 octobre 2021

Un autre pas vers la rivière Pierre Pelot

 


#UnautrepasdanslarivièreNouvelleédition #NetGalleyFrance

Version revue et corrigée de La Montagne des bœufs sauvages, sorte de récit de voyage  au pays natal de l’auteur : les Vosges ; récit qui mêle joyeusement souvenirs d’enfance  et descriptions des paysages vosgiens, au rythme des saisons.

Je suis né, dans cette vallée de la montagne des bœufs sauvages étroitement serrée par les hauteurs rondes aux couleurs délavées, rousses et bleuies, comme des ressacs pétrifiés de vagues écumées.

Vosges.

Pays de vent, de rivières à eaux d’ambre, de forêts profondes, de montagnes au sommet fatigué, les Vosges sont l’âme et le cœur de l’œuvre de Pierre Pelot.

Elles s’incarnent ici au fil des souvenirs d’enfance lumineux de l’auteur. Il y raconte les siens, le quartier ouvrier du tissage où ses parents se sont rencontrés, ses rêveries, sa maison au bord de l’eau, dans un récit qui se savoure comme une invitation au voyage au plus près d’une nature rugueuse, secrète, et d’hommes et de femmes forgés par des histoires qui n’appartiennent qu’à eux.

Une mémoire et une terre partagées avec les mots magnifiques de Pierre Pelot.

Mon avis : 

L'écriture du paysage, l'écriture façonnée par la nature et la nature façonnant l'écriture de Pierre Pelot. 

Un très beau livre, un livre d'amour à son pays. 

A ses racines et à ses souvenirs d'enfance.

"Les derniers jours des vacances sentaient déjà vilainement la rentrée, des fraîcheurs sereines flottaient les soirs, comme des haleines , sur les bords de l'eau. Les forains installaient sur la place du village leurs caravanes immenses, pour la fête patronale...

On avait la peau brune et les genoux crouteux, des cicatrices et des griffures de vacances remontées haut sur les mollets. Dans quelques semaines, pas davantage, on remettrait des pantalons longs. Les années n'en finissaient jamais."

Les Vosges région étant elle-même un personnage en lien en osmose avec ses résidents.

" Ces gens sont les printemps qui s'insinuent sous les cieux délavés, tremblants d'un reste de froidure et poussant d'un bord à l'autre des montagnes un troupeau de nuages caillés. Quand les prés se défroissent et que les terres gelées suent la boue de sous leur épiderme craquelé. Des matins encore frissonnants, la pluie sans averse semble monter du sol, emperle les herbes qui pointent en vert fragile à travers l'entrelacs des vieilles fenaisons manquées, couchées à plein coteau, dessine au fusain les ramures qu'elle rehausse de craie, brille à la pointe des bourgeons pleureurs et étonnés."

On se promène en pays sauvage, en pays rude mais si beau. 

" Dans la rivière coulent de l'encre et de l'argent fondu, des glaires de mercure, des filaments diamantifères, qui murmurent et se coulent dans le paysage encore ouvert entre les berges éléphantiasiques méconnaissables sous leurs boursouflures de glace. du surnaturel suinte dans l'air figé de ces sortes de nuits posées dans la grimpée vers le perpétuel mystère caché. Vous n'êtes pas sitôt dehors que le froid se dépose sur vos cils et s'insinue dans vos narines et vous mord le bord des dents par l'interstice entrouvert de vos lèvres, il vous lèche les joues, vous pince les oreilles, il est sur vos cuisses et vos genoux à travers la grande culotte, vous auriez dû, comme maman vous le disait, mettre des caleçons longs. "

On sent la neige, le froid, le vent, on s'immerge dans les rivières, les espaces, les montagnes, on admire, les arbres, les animaux et on s'insinue chez les gens d'ici… 

"L'animal avait sans doute été touché par une voiture. Il s'était traîné jusque-là, ou bien on l'y avait jeté. Il était couché dans les empreintes moulées de centaines de pas, en travers du trottoir, devant l'ancienne Ecole des Filles. Sombre, un animal sombre, sous la neige qui poudrait son pelage d'argent dans la lumière des guirlandes. Un renard d'un an à peine, la pointe de la queue grise. Il avait du sang sur les dents, les yeux entrouverts.  Il l'a prise, comme on porte un chat, ça ne pèse guère plus un renard, et l'a ramenée chez lui et les flocons fondaient dès qu'ils touchaient ses yeux."

J'ai ressenti très fort cet attachement à la terre, à son ultime respect.

"Il avait appris, dans sa vallée à l'abri de la montagne, les couleurs et les senteurs des saisons de passage, attardées et couchées les unes après les autres sur les prés diversement coiffés et barbouillés pour chacune des occasions, toutes ses odeurs sculptrices d'invisible, soulevées et dégringolées comme la cavalcade des âmes des bêtes à travers la forêt." 

L'écriture m'a fait penser à celle de l'auteur islandais Jon Kalman Stefansson surtout avec "Lumière d'été puis vient la nuit" 

J'ai aimé cette lecture qui parfois m'a fait perdre pieds dans les songes et les failles que Pierre Pelot n'hésite pas à ausculter tout en perdant parfois son lecteur comme au cœur d'une forêt bien sombre. Mais ce n'est pas ça que je retiendrai de ma lecture qui a su m'envouter.

Une lecture qui met en valeur ces Vosges et aussi de ceux qui vivent là car ils y sont nés.

" De chairs et d'os, de pensées et de sentiments, des gens de peines et de bonheurs - ont vécu là. Ici et partout. Dans l'ombre des arbres d'aujourd'hui entrelacées aux ombres de leur souvenir. Il suffit d'un rien, pour que la mémoire enfouie somnolente à jamais se réveille tout à fait, que se dressent les présences couchées sous les épaisseurs des feuilles mortes. Les fantômes surgis. les fantômes ne sont pas hostiles, ils sont juste des histoires qui dorment au bord du présent qui nous suit pas à pas comme une ombre."

Un pays où la nature est l'essentiel et qui forcément saura me plaire… 

Futures découvertes d'un coin de mon beau pays, la France.

Merci à NetGalley et Les Presses de la Cité pour cette belle lecture !