vendredi 12 juillet 2019

Regain de Jean Giono

Tous sont partis. Panturle se retrouve seul dans ce village de Haute-Provence battu par les vents au milieu d'une nature âpre et sauvage. Par la grâce d'une simple femme, la vie renaîtra. Jean Giono, un de nos plus grands conteurs, exalte dans Regain avec un lyrisme sensuel les liens profonds qui lient les paysans à la nature.

Mon avis :

Me procurer ce livre lors d'une vente de la médiathèque de ma ville en septembre, acheter ce livre 0.50 centimes d'euros. Lire un classique dont le nom de l'auteur m'évoque la Provence et la nature.


Ce livre a l'odeur de mes livres d'enfance , ceux pris à la bibliothèque quand j'étais enfant. 

Il sent l'ancien temps, comme le temps que Jean Giono nous décrit là.

Une écriture qui rend hommage à la nature, à celle que les paysans façonnaient à la sueur de leur front il y a longtemps mais peut être pas tant... 

Je pense ainsi à mon grand-père maternel, mon pépé, ouvrier agricole ayant vécu quand on travaillait la terre avec les chevaux, quand on aiguisait sa faux sur sa pierre. 

Mon grand-père tuait les lapins et en vendait même parfois la peau.  Je l'accompagnais sur la terre pour ramasser les patates et mes souvenirs remontent en vagues nostalgiques comme une mer de blé aux touches rouges des coquelicots et bleus des bleuets.

Un livre, un classique, une écriture qui rend hommage à la terre et aux gens qui la vénèrent et qui en ont besoin. 

Un autre temps, mais une ode intemporelle à la nature et à ce qu'elle nous offre. 

Des portraits tout en humilité et en fragilité mais aussi en force et en adaptabilité.

Une rencontre d'amour ♥ Arsule et Panturle pour un regain.

" Elle n'a pas retiré sa main. Au contraire, au bout d'un moment, il n'était plus besoin de la tenir ; elle avait fermé ses doigts sur le main de Panturle comme sur un museau de bon chien. Et il parlait à voix basse : - Je suis serviciable plus qu'un autre... Elle a fermé ses doigts sur la main de Panturle. Elle touche la peau qui est comme une écorce avec des verrues et des entailles. Une peau chaude ! Des fois selon ce qu'il dit, le gros index enjambe les petits doigts et les écarte, entre au milieu d'eux et serre. Des fois c'est le pouce qui appuie là, au creux sensible de la paume comme s'il voulait la crever, et entrer et traverser. Des fois c'est tous les gros doigts qui serrent toute la petite main.Ça fait chaud dans tout son corps comme si d'un coup l'été avec toute ses moissons se couchait sur elle."

Une très belle lecture. 
Il est toujours agréable de découvrir des classiques. 



Je suis heureuse de l'avoir lu, 
il m'a emmené au cœur de la terre dans toute sa poésie.

" Cette aubépine où se pose le soleil dès qu'il dépasse la colline, elle a un rossignol dans ses feuilles. On dirait que c'est elle qui chante. Il est venu dans le petit pré une ondulation d'herbe et il ne faisait pas de vent ; à cause de ça, Panturle a vu la couleuvre qui s'en allait sa route toute frétillante, vêtue de neuf. Quant elle a été au bout du pré, elle s'est retournée ; on voyait qu'elle n'avait rien d'autre à faire que de nager de tout son corps dans la fraîcheur verte. Il y a maintenant, sous l'auvent des tuiles, un petit essaim qui cherche un abri. On dirait une poignée de balles de blé que le vent porte."


" Le vrai, c'est qu'ils ont soifs d'être seuls dans leur silence. Ils ont l'habitude des champs vides qui vivent lentement à côté d'eux. Là, ils sont cimentés, chair contre chair, à savoir d'avance à quoi l'autre réfléchit, à connaître le mot avant qu'il ait dépasse la bouche, à connaître le mot quand on est encore à le former péniblement au fond de la poitrine. Ici, le bruit les a tranchés comme un couteau et ils ont besoin, tout le jour, de se toucher du bras ou de la main pour se contenter un peu le cœur. "

En Ardèche Didi @2019