Épisode trois de ma belle histoire avec JOHN IRVING, c'est la lecture de son "petit" dernier (enfin quand je dis petit je me comprends car en la matière Irving est plutôt dans la catégorie pavé !)
J'étais en attente de ce livre et des frémissements de la blogosphère le concernant car même si j'ai aimé Je te retrouverai? je n'avais pas été époustouflée ni complètement conquise.
Alors j'attendais de son dernier qu'il me fasse l'effet magique de mes préférés !
Janvier 2011 le livre sort en France, il est magnifique avec sa belle couverture immaculée et ce pin torturé !
"Depuis sa nouvelle cabane d'écrivain, il apercevait un pin torturé par le vent, presque courbé en deux. Quand tombait une nouvelle averse, et qu'on atteignait le blanc absolu, au point que se confondaient les rochers de la rive et les glaces de la baie, il s'émerveillait de voir le petit arbre chétif s'éccrochr à la vie avec une telle ténacité."
La blogosphère frémit, les lecteurs sont enchantés (je note entre autre l'avis et les sensations de Mango ICI ), du grand Irving qu'ils disent !
Il me le faut ! Et il sera à moi, cette fois ci, dans ma bibliothèque avec mon ex-libris !
Au nord du Nord, au pays des bûcherons et des flotteurs de bois -les draveurs -, il était une fois un petit cuisinier boiteux et son fils de douze ans, gamin impressionnable à l’imagination peuplée d’ours indiscrets. Ils avaient pour garde du corps Ketchum, l’ogre anarchiste, ivrogne, rusé, noiseur, faux illettré à l’intelligence incisive.
A l’image de la Twisted River torrentielle, ce récit d’une vengeance impitoyable bourlingue son lecteur d’ethnies en états sur trois générations, rencontre explosive entre l’Orient et l’Occident, comédie de mœurs culinaires, tragédie des portes mal fermées entre la splendeur d’une nature meurtrière et la quiétude imprudente du foyer.
Un chien héroïque, une Mustang bleue fantôme, une ange atterrie dans la fange : le chef Irving nous réserve toutes les surprises de son art consommé dans un roman qui se dévore et se déguste jusqu’à la dernière page. Bombe glacée pour tout le monde au dessert !
Encore une fois je suis tombée sous le charme ! J'ai attendu un peu avant de l'entamer car je savais qu'il me faudrait du temps pour le déguster et m'en imprégner, je savais que comme tout livre d'Irving je devais rassembler des conditions de lecture idéales, qui sont les vacances et l'immersion dans son univers.
Il fallait que je me laisse emporter et lire lire et lire encore ! Ainsi je l'ai commencé lors des vacances de printemps loin de toutes sources internet, qui parfois je l'avoue, me détournent de la lecture, mais tout ça parce que je le veux bien !!!
J'ai beaucoup lu pendant les vacances et je l'ai fini après mais au vu de l'épaisseur je l'ai lu vite 565 pages quand même !
J'ai tout simplement adoré et c'est là que le plus difficile arrive pour moi, vous en parler, vous donner envie de le lire et de l'aimer à votre tour ! Mais comme dans toute histoire d'amour je ne peux me faire marieuse ... Et voilà que je délire à nouveau ...
Revenons à ce livre qui pour moi est du grand Irving !
Il rassemble tout ce que j'aime chez lui : des personnages qui se construisent dans la durée (on les suit là de leur naissance et même avant, jusqu'à leur mort),
Des personnages résolument attachants dans leurs particularités et dans leurs faiblesses.
Des hommes : Dominic, Danny, Ketchum, Joe, Ange.. Et aussi des femmes Daisy, Pam pack de six, Katie, Charlotte, Tombe du ciel...
Des situations rocambolesques qui si elles peuvent parfois faire tiquer dans leur crédibilité, permettent de construire l'histoire, les histoires et rendent le récit comme surnaturel et burlesque !
La construction des évènements qui arrivent comme des accidents qui font fléchir la vie des héros de l'histoire.
Qu'il est difficile de vous parler de ce livre, sans le trahir, il m'a touché car il parle avec beaucoup d'intelligence des liens familiaux et de la difficulté de perdre les êtres qui nous sont chers. Il m'a émue aux larmes...
" Pourquoi tu serais mort, toi aussi, si j'avais été percuté par une voiture ? (Joe le fils de Dominic)
Parce que tu dois me survivre. Si tu meurs avant moi, ça me tuera, Joe. (Dominic)"
J'ai aussi beaucoup aimé l'analyse que fait Irving sur son métier d'écrivain par l'intermédiaire de Danny.
Beaucoup de lecteurs (et moi dans le lot) pensent que dans l'œuvre d'un écrivain on peut retrouver des éléments biographiques.
Irving en parle très bien et l'on s'aperçoit que l'auteur ne mets pas forcément de sa vie dans son œuvre du moins intentionnellement ... car au fond les liens sont là, indubitablement, inconsciemment !
Et dans Irving on retrouve souvent des thèmes récurrents : les relations filiales, les ours, les mains, les fellations qui tournent mal, les amputations et j'en passe...
Que penser de cette fin qui boucle la boucle de ce grand roman ! Il vous faudra le lire pour savoir de quoi je parler, j'ai adoré ce bouclage ! Du grand art !
A travers son livre Irving parle aussi de son pays les USA, de son histoire ! Il parle de l'Histoire avec un grand H par le prisme de personnes qui la vivent au quotidien. J'adore les visions de ces personnages ! Le 11 septembre 2001, vu à travers les yeux de Pam Pack de six et des locataires du camping est (j'ai du mal a trouver l'adjectif...) bien vu !
J'oublie certainement encore des choses ... Oui comme l'écriture elle même qui me plait énormément (merci au traducteur qui n'utilise pas l'expression Par devers lui à tout bout de champs !) et sa dimension poétique.
Bon je me tais, je pense avoir dit le maximum et il ne vous reste plus qu'à le découvrir par vous même, un 5 étoiles je vous dit, alors n'hésitez pas de profiter de tous les avantages !
Merci John Irving et rendez-vous au prochain livre,
celui que vous concocter à la main rien que pour notre plaisir et il me reste quelques livres à piocher dans votre bibliographie, youpi !!!
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Héros et John ... |
BIBLIOGRAPHIE
- Liberté pour les ours ! (1968, Setting Free the Bears) (références des éditions)
- L'Épopée du buveur d'eau (1972, The Water-Method Man)
- Un mariage poids moyen (1974, The 158-Pound Marriage)
- Le Monde selon Garp (1978, The World According to Garp)
- L'Hôtel New Hampshire (1981, The Hotel New Hampshire)
- L'Œuvre de Dieu, la Part du Diable (1985, The Cider House Rules)
- Une prière pour Owen (1989, A Prayer for Owen Meany)
- Trying to Save Piggy Sneed (1993) (références des éditions) ; en partie traduit en français sous le titre Les rêves des autres
- Un enfant de la balle (1994, A Son of the Circus) (références des éditions)
- La Petite Amie imaginaire (1997)
- Les Rêves des autres (1998)
- Une veuve de papier (1998, A Widow for One Year) (références des éditions)
- La Quatrième Main (2001, The Fourth Hand) (références des éditions)
- Mon cinéma (2003, My movie Business, a Memoir)
- Le Bruit de quelqu'un qui essaie de ne pas faire de bruit (2004, A Sound Like Someone Trying Not to Make a Sound)
- Je te retrouverai (2005, Until I Find You)
- Dernière nuit à Twisted River (2009, Last Night In Twisted River)
Je finis par le début ;-) moi aussi avec l'épigraphe de ce livre
"J'avais un boulot dans les Bois du Grand Nord. Pendant un temps, j'ai bossé comme cuistot. mais ça me plaisait pas trop. Et un jour, la hache est tombée. "