" On me demande d'écrire quelques mots pour présenter mon nouveau livre aux libraires et aux critiques et, comme à chaque fois, ce sont ces quelques mots qui sont les plus difficiles à trouver. Je pourrais dire que c'est un recueil de nouvelles, que ce sont des histoires, qu'il y en a sept en tout et qu'elles commencent toutes à la première personne du singulier mais je ne le vois pas ainsi. Pour moi, ce ne sont pas des histoires et encore moins des personnages, ce sont des gens. De vrais gens. Pardon, de vraies gens.C'est une faute que j'avais laissée dans mon manuscrit, "la vraie vie des vrais gens", avant que Camille Cazaubon, la fée du Dilettante, ne me corrige : l'adjectif placé immédiatement avant ce nom se met au féminin. Quelles gens ? Certaines gens. De bonnes gens.Cette règle apprise, je suis allée rechercher tous mes "gens" pour vérifier que tous s'accordaient bien et j'ai réalisé que c'était l'un des mots qui comptait le plus grand nombre d’occurrences. Il y a beaucoup de "gens" dans ce nouveau livre qui ne parle que de solitude.Il y a Ludmila, il y a Paul, il y a Jean (!) et les autres n'ont pas de nom. Ils disent simplement "je". Presque tous parlent dans la nuit, pendant la nuit, et à un moment de leur vie où ils ne différencient plus très bien la nuit du jour justement.Ils parlent pour essayer d'y voir clair, ils se dévoilent, ils se confient, ils fendent l'armure. Tous n'y parviennent pas mais de les regarder essayer, déjà, cela m'a émue. C'est prétentieux de parler de ses propres personnages en avouant qu'ils vous ont émue mais je vous le répète : pour moi ce sont pas des personnages, ce sont des gens, de réelles gens, de nouvelles gens et c'est eux que je vous confie aujourd'hui. " Anna Gavalda source : Éditions Le Dilettante
Mon avis :
J'ai commencé ce livre en oubliant complètement qu'il s'agissait d'un recueil de nouvelles. J'ai donc commencé ma lecture par "L'amour courtois" en pensant suivre la pétillante Ludmila et son langage populaire qui m'a de suite séduite ! Je me suis bien marrée même si au fond Ludmila c'est une tendre qui a peur de fendre l'armure pour se laisser aimer.
" Eh oui. Faut pas se fier. je suis grossière, mais c'est ma tenue de camouflage. Comme les geckos sur les troncs d'arbre ou les renards de l'Arctique qui changent de pelage en hiver, mon côté voyant, c'est pas mes vraies couleurs.
Y a des poules , je me souviens plus de leur nom, qui ont des plumes derrière les pattes, comme ça elles effacent leurs traces au fur et à mesure qu'elles avancent, et bien moi c'est pareil sauf que c'est dans le sens contraire : je brouille tout avant même de rentrer en contact. Pourquoi ? Parce que y a toujours mon corps qui fausse ma nature.
(Et encore plus quand je m'habille avec les tee-shirts en papier tue-mouches de ma copine Samia, j'avoue.)
" L'amour courtois " m'a donc "pêcho" dans le style Gavalda que j'aime avec ses gens, ceux qu'elle sait très bien regarder et aimer.
Je me suis donc plongée dans ce recueil de nouvelles avec délectation (genre que j'apprécie et qui me permet d'avoir d'autre lecture en même temps car ce sont des "petits"univers qui ne nécessitent pas trop de mémorisation).
Page 47 on change de personnage enfin non pardon Anna, on change de gens :-)
Avec "La maquisarde" j'ai fait la connaissance de deux femmes esseulées qui tentent de vivre l'une en tant que veuve et mère et l'autre en tant que maîtresse sans enfant et délaissée. Ces deux femmes là vont croiser leurs chagrins et s'aider sans le savoir.
Cette nouvelle est la plus longue du recueil et sa chute m'a laissé pourtant un sentiment d'inachevé car on laissait là les femmes à des moments importants de leurs vies ... J'ai eu envie de les suivre encore dans la reconquête de leurs vies...
"Mon chien va mourir " arrive avec un homme, c'est Jeannot un routier au grand cœur.
Cette nouvelle à ma préférence dans ce recueil elle est très émouvante. Fendre l'armure pour un père qui a perdu son fils et son compagnon à 4 pattes qui l'avait aidé à sa façon dans cette perte immense...
Avec "Happy meal " je me suis fait entourloupée ! Argl, l'art de la nouvelle est dans sa chute et là elle est excellente ! On peut relire la nouvelle alors sous un tout autre angle !" Grâce à mon chien, j'ai cessé de ma bloquer la mâchoire et j'ai repris goût à la route. Pauses pipi obligent, j'ai même découvert des coins ici et là où il aurait fait bon vivre.Grâce à lui, qui avait été abandonné et qui m'avait attendu sagement la première nuit, qui n'avait pas douté une seule minute que j'allais revenir le chercher et qui maintenant comptait sur moi pour son bien être, j'ai été mieux. Je ne dis pas heureux, je dis mieux.C'est quelque chose ou quelqu'un comme ça qui a manqué à ma femme."
"Mes points de vie" parle de beaucoup de chose en un minimum de pages et dresse le portrait d'un père mesurant la chance d'avoir un enfant bien portant et décrit fort bien les addictions de certains adolescents !
"Le fantassin" c'est l'histoire d'une amitié entre homme qui aidera l'un à fendre l'armure ... Gavalda nous rappelle ici l'importance de dire son amitié avant qu'il ne soit trop tard...
On fini dans un train avec "Un garçon" quelques filles et sans doute une ou des possibilités...
Au final un recueil qui se déguste comme une boîte de chocolat,
ben oui on ne sait jamais sur lequel on va tomber !
(dixit Forest Gump comme vous le savez) !
Merci Anna Gavalda, merci de m'avoir confier ces gens.
Ils sont devenus un peu par votre intermédiaire mes amis aussi.
Fendez vous aussi votre armure, ça ne peut que faire du bien ♥
" Et de sourire enfin me permettait de pleurer enfin. Pas de la petite larmichette amère comme à l'instant d'avant ou au café même, mais de bonnes grosses larmes bien rondes, bien grasses et bien chaudes. Du corps qui lâche. De la dureté qui cède. Du chagrin qui fond."
@Didi mars 2018 Nougat ♥ |