mercredi 20 novembre 2019

Les simples Yannick Grannec





1584, en Provence. L’abbaye de Notre-Dame du Loup est un havre de paix pour la petite communauté de bénédictines qui y mène une existence vouée à Dieu et à soulager les douleurs de Ses enfants. Ces religieuses doivent leur indépendance inhabituelle à la faveur d’un roi, et leur autonomie au don de leur doyenne, sœur Clémence, une herboriste dont certaines préparations de simples sont prisées jusqu’à la Cour.Le nouvel évêque de Vence, Jean de Solines, compte s’accaparer cette manne financière. Il dépêche deux vicaires dévoués, dont le jeune et sensible Léon, pour inspecter l’abbaye. À charge pour eux d’y trouver matière à scandale ou, à défaut… d’en provoquer un. Mais l’évêque, vite dépassé par ses propres intrigues, va allumer un brasier dont il est loin d’imaginer l’ampleur.Il aurait dû savoir que, lorsqu’on lui entrouvre la porte, le diable se sent partout chez lui. Évêque, abbesse, soigneuse, rebouteuse, seigneur ou souillon, chacun garde une petite part au Malin. Et personne, personne n’est jamais aussi simple qu’il y paraît. SOURCE Editions Anne Carrière

Préambule :

Livre acheté à la 34ème  fête du livre de Saint-Etienne ! Au départ je n'avais pas prévu d'y aller, nous devions nous occuper de la taille des nos haies à la maison mais le temps n'étant pas de la partie (pluie pluie pluie !) je me suis rendue finalement à Sainté pour flâner parmi les livres et m'en procurer quelqu'un et  rencontrer quelques auteurs.


@Didi 19 octobre 2019

@Didi 19 octobre 2019

@Didi octobre 2019 Ma petite récolte de livres 









Ma Didicace ! Il y avait longtemps ♥


Merci à Yannick Grannec très sympa et pleine d'humour. 


Mon avis :

J'avais repéré ce livre sur mon site chouchou j'ai nommé Babelio.





Les thèmes évoqués à propos de cette histoire me plaisaient : la vie dans une abbaye avec des femmes des bénédictines, l'époque la Renaissance 1584, et la présence des simples, des plantes médicinales.

Je suis entrée avec plaisir dans ce livre qui raconte la vie d'une abbaye et de ses sœurs au sein de l'Église et de ses enjeux.

Nous suivons par chapitre différents personnages, les sœurs et les nobles et hommes de l'église.


On est au cœur du couvent nous permettant de voir ce qui ne se dévoile pas à côté de femmes vouées au seigneur.

L'abbaye de Notre-Dame du Loup produit des baumes et autres décoctions, les sœurs soignent ainsi les pauvres et les riches.

Cette activité devient vite objet de convoitise pécuniaire de la part de l’Évêque qui en raison d'une bulle papale" n'a pas la mainmise sur ce "butin". 

L’Évêque Jean de Solines, enverra ainsi Léon la Sine un jeune prêtre pour essayer de s'emparer de ce privilège. A partir de là l'ordre et l'équilibre qui régnait dans l'abbaye vont s'effondrer.



Le prêtre va avoir un accident qui va le laisser aux mains des sœurs qui vont le prendre en charge pour le soigner admirablement.


A la suite de ça tout un tas de complot va envenimer même les plus blanches des personnes.

Tout va alors se fissurer et les personnalités basculées dans les tendances les plus noires de leur âme.

Yannick Grannec utilise une langue que je qualifierais de moderne et très rythmée. Les portraits des personnages oscillent ainsi entre poésie et gouaille.

Toute chose contient déjà sa fin
Comme la fleur donne au fruit la naissance
En fol amour germe l'indifférence
Dernier soupir le premier cri étreint.

et la gouaille de Maître Scabé un barbier chirurgien en visite à l'Abbaye  

"Sage décision. L'os doit être excellemment r'mis en lace avant d'en faire usage où il pourrait bien être ressoudé d''travers. Voyez, il y a deux écueils dans l'affaire. Ou c'est mal rabiboché, et il boitera à vie, où c'est le pourrisement, et plus de vie du tout ! L'un dans l'autre, un p'tit cal, c'est mieux qu'un bonjour à Saint Pierre sans qu'on est eu le temps d'se laver l'âme pour lui faire causette. "

Si j'ai aimé cette lecture, je peux dire qu'à posteriori le basculement dans une ultra violence et dans les dérives de certains personnages m'ont choquées et même en fait un peu déçue...

Si cette violence était réelle à cette époque (le traitement des hérétiques ne se faisait pas dans la dentelle !) j'aurais aimé qu'elle n'entache pas cette communauté de femme dévouée à Dieu et aux autres et que la solidarité au sein de la communauté des moniales soit plus forte...

Je me rends compte ainsi que dans ma "critique"  je ne vous ai pas parlé de ces femmes, elles tiennent pourtant les rôles les plus importants dans cette histoire et Clémence la doyenne a su me toucher particulièrement.  Dans son rapport à la nature et ses compétences médicinales.

Il y a Clémence la doyenne la plus douée dans l'utilisation des simples (une vraie Hildegarde de Bigen), il y a la sœur-mère Marie-Vérane, il y a la jeune Gabrielle et sœur Mathilde. Il y a bien sur toutes les autres sœurs qui composent cette communauté. Mais celles citées sont les personnages principaux de l'histoire.

J'ai aimé que le roman soit parsemé de petits textes comme des poèmes qui nous proposent des recettes d’élixirs et autre baumes pour soigner tel ou tel mal.

Les personnages de cette histoire ont tous leur part d'ombre et de lumière, j'ai apprécié les suivre. Je l'ai fait avec crainte pour ceux qui m'étaient devenus chers et doux comme Sœur Clémence.

Un livre agréable à lire qui s'égare hélas dans une violence qui est propre à l'époque...

De beaux portraits féminins au sein de cette communauté dédiée à Dieu. Un lieu que toutes n'ont pas forcément choisi.

Merci Yannick Grannec pour ce retour dans le passé 
dans ce monde de silence et de prière 
qui pouvait éclater à tout moment 
par les bassesses humaines et les convoitises des hommes.

Quant à vous n'hésitez pas à franchir les murs 
de l'abbaye de Notre Dame du Loup,
 les bénédictines seront vous soigner corps et âmes.

P.S : j'ai du mal à lire en ce moment... et à écrire aussi et m'occuper de mon blog qui vivote ... J'espère que ça reviendra. Ce livre je l'ai lu depuis longtemps déjà en octobre.


La poudre à chimères

Qui voudra se donner des rêves chaque nuit
préparera la poudre à chimères ainsi :

Le paisible sommeil d'enfant il trouvera,
car près de l'âtre double once abandonnera
du lait qu'on dit amer de la laitue vireuse, 
jusqu'à toucher un masse sombre et visqueuse.

La lourde porte des songes, il ouvrira,
Si en patience au fin du fin réduira 
Une bonne drachme de jusquiame noire
et autant de belladone au hachoir.

Il comptera deux onces de tanaisie 
dont l'us transmis que les rêves elle nourrit
et une de l'armoise, ou tabac de Saint-Pierre,
qui de la mémoire fait tomber les œillères.

Trempé sous une pinte d'eau salée,
le tout dans un grès, il laissera fermenter.
D'une étamine la cruche, il occultera.
Et au soleil d'été, un mois l'oubliera.

Qui voudra se donner des rêves chaque nuit
Ingérera la poudre à chimères ainsi :
Plus diligent et moins mordant il trouvera
De la prendre en fumigation qu'au repas.



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