Mon avis :«- Trois morts, c'est exact, dit Danglard. Mais cela regarde les médecins, les épidémiologistes, les zoologues. Nous, en aucun cas. Ce n'est pas de notre compétence.
- Ce qu'il serait bon de vérifier, dit Adamsberg. J'ai donc rendez-vous demain au Muséum d'Histoire naturelle.
- Je ne veux pas y croire, je ne veux pas y croire. Revenez-nous, commissaire. Bon sang mais
dans quelles brumes avez-vous perdu la vue?
- Je vois très bien dans les brumes, dit Adamsberg un peu sèchement, en posant ses deux mains à plat sur la table. Je vais donc être net. Je crois que ces trois hommes ont été assassinés.
- Assassinés, répéta le commandant Danglard. Par l'araignée recluse?» Source Flammarion
Lecture empruntée à mes amis Tof et Estelle ! Merci à eux pour ce prêt.
Fred Vargas je l'ai déjà lu avant la tenue de mon blog ...
En 2003 "Pars vite et reviens tard."
En 2004 "Ceux qui vont mourir te saluent"
et en 2005 "Debout les morts.
S'ajoute à cela quelques adaptations par José Dayan (avec Anglade en Adamsberg et Corine Masiero en Violette Retancourt) .
Retour du capitaine Adamsberg à la brigade après une retraite en Islande loin de sa brigade.
Il revient et règle alors en trois coups de cuillère à pot le meurtre auquel la brigade est confrontée, on peut dire que ça nous place le personnage d'emblée !
Puis subrepticement l'esprit d'Adamsberg va se pencher sur une autre histoire, celle de trois morts victimes de la morsure d'une araignée que l'on nomme la recluse.
Attention âmes sensibles n'allez pas voir tout comme moi les dégâts occasionnés par cette morsure en tapant araignée recluse sur google image ... Ah zut votre curiosité vous perdra...
La Loxosceles reclusa mord et ça peut faire mal.
Ces trois morts vont titiller les bulles d'Adamsberg comme les forums de férus d'araignées en tout genre. Il ne lâchera plus, ayant le sentiment que derrière ces morts par morsures se cache un meurtrier... Même si cette enquête n'en ai pas vraiment une car la brigade n'a pas été dépêchée sur ces décès.
Le style de Vargas est dans cet opus très très dialogué. On cause à la brigade et les mots ont leur importance. Leurs polysémies aussi.
Autre personnage important de la brigade : Danglard, il est très fort dans l'utilisation des mots et cette fois il ne suit pas le commissaire dans cette enquête officieuse à la recherche d'un meurtrier par morsure de recluse. Il n'y croit pas.
Il y a de l'eau dans le gaz entre les deux hommes et ça mets à mal l'unité de la brigade et l'autorité du commissaire. Mais c'est sans compter d'autres agents qui suivent presque les yeux fermés leur "maître" Jean-Baptiste.
" Cela, c'est un coup bas, pensa Adamsberg, qui vit en effet se défaire les traits de son adjoint. Les émotions s'inscrivaient sur le visage de Danglard comme de la craie sur un tableau noir. Adamsberg venait de lui faire mal. Mais Danglard commençait à poser un sérieux problème pour l'équipe. Avec le poids de son savoir et la justesse de ses arguments - qui allait croire qu'on avait tué ces hommes " à la recluse ?" Danglard dissolvait la cohésion de l'équipe."
On avance à petits pas dans cette enquête minutieuse. Le meurtrier se cache très très bien.
Un très bon opus de Fred Vargas, un livre où l'on accompagne les circonvolutions et l'instinct du commissaire. C'est alambiqué mais rudement bien mené.
Adamsberg est un sacré personnage, fin limier, qui ne lâche rien, qui creuse jusqu'à trouver le pourquoi du comment. Taciturne et intelligent.
J'ai adoré me trouver au cœur de cette brigade un peu ébranlée.
" La salle se vidait et et les visages reflétaient les mêmes pensées paradoxales : le regret d'avoir manqué le spectacle d'une passe d'arme entre Danglard et le commissaire, mais aussi la satisfaction ambiguë de se confronter à une affaire insoluble. Pensées accompagnées , au long de regards rapides, de saluts discrets envers la ténacité d'Adamsberg. Ils le jugeaient souvent rêveur et lunaire obstiné, en bien ou en mal, et attribuaient à cette anomalie l'improbable succès de ce jour. Sans comprendre qu'il voyait dans les brumes tout simplement."
Les personnalités des uns et des autres sont bien décrites et chacun à leur manière m'ont séduit : Voisinet, Retancourt, Veyrenc , Froissy...
Quand sort la recluse joue sur la polysémie de ce mot et si a un moment tout cela parait un peu brumeux, Fred Vargas a le don de nous coller à sa toile de mots, de tisser de fils fins et fragiles des psychologies de personnages étonnants et attachants.
Je ne souhaite pas vous en dévoiler davantage car ce serait gâcher le plaisir de tout lecteur de polar quant au dénouement de l'intrigue (d'ailleurs je n'ai rien dit en fait...).
Je ne peux que vous inviter à suivre cette enquête officieuse
auprès d'Adamsberg et de sa brigade (ou du moins la partie qui le suit...),
pour non seulement découvrir la vérité et quelle vérité,
mais aussi en savoir plus sur ce personnage charismatique
et intelligent qu'est Jean-Baptiste Adamsberg.
Quant à moi, je poursuivrais volontiers par d'autres lectures le chemin à travers les brumes en compagnie d'Adamsberg
que je me permettrais d’appeler Jean-Baptiste désormais !