La Hague... Ici on dit que le vent est parfois tellement fort qu'il arrache les ailes des papillons. Sur ce bout du monde en pointe du Cotentin vit une poignée d'hommes. C'est sur cette terre âpre que la narratrice est venue se réfugier depuis l'automne. Employée par le Centre ornithologique, elle arpente les landes, observe les falaises et leurs oiseaux migrateurs. La première fois qu'elle voit Lambert, c'est un jour de grande tempête. Sur la plage dévastée, la vieille Nan, que tout le monde craint et dit à moitié folle, croit reconnaître en lui le visage d'un certain Michel. D'autres, au village, ont pour lui des regards étranges. Comme Lili, au comptoir de son bar, ou son père, l'ancien gardien de phare. Une photo disparaît, de vieux jouets réapparaissent. L'histoire de Lambert intrigue la narratrice et l'homme l'attire. En veut-il à la mer ou bien aux hommes ? Dans les lamentations obsédantes du vent, chacun semble avoir quelque chose à taire.
Dans ce livre dense en personnages et en rebondissements, Claudie Gallay nous convainc une nouvelle fois de la singularité de son univers romanesque. Les déferlantes est son cinquième roman publié dans la collection La brune, après l'excellent accueil de ses deux derniers, Seule Venise et Dans l'or du temps.
Livre acheté l'année dernière à la Fête du Livre de Saint-Etienne et livre dédicacé par Claudie Gallay une femme très agréable et douce.
Lecture objectif PAL (d'ailleurs je rectifierais car je ne l'avais pas noté quand j'ai fait le point sur ma PAL comme j'étais en train de le lire...)
Ma dédicace :
"A Didi, cette tentation des déferlantes. En souvenir d'une rencontre sympathique au salon du Livre de Saint-Etienne Amitiés" Claudie Gallay le 19 octobre 2008"
Mon avis :
Ce livre me tentait depuis longtemps et l'année dernière c'est donc avec plaisir que j'ai échangé quelques mots avec cette auteur. J'avais lu beaucoup de choses positives sur ce livre et la couverture de ce joli phare m'attirait ...
Ce livre est un livre, singulier, particulier, ne vous attendez pas à de l'action dans ce livre c'est la vie tout simplement que l'on décrit et qui s'égrène lentement inexorablement. Ce livre est très contemplatif comme la narratrice observatrice ornithologue.
J'ai beaucoup de mal à rédiger mon avis finalement car ce livre restera sans nul doute ancré en moi et résonnera à l'heure des deuils pour me rapeller que les deuils s'apaisent aussi ....
En effet ce livre c'est avant tout des histoires de deuils de plusieurs personnages du livre. Et ces histoires vont alors s'entrecroiser dans cet univers où la mer est omniprésente, où la mer prend et donne aux hommes sans se soucier de la douleur. Au centre de l'histoire, c'est la rencontre d'un homme et une femme qui sont en deuils tous les deux et qui vont alors croiser leur destin et mêler leur souffrance pour vivre malgré tout et avant tout...
Le rythme est lent, le style contemplatif . On est dans le mouvement perpétuel de la vie de la mer, ce bout de terre magnifiquement décrit dans son âpreté sa rudesse sa beauté aussi ...On a envie de le connaître mais pas forcément d'y vivre...
Le Phare est un personnage à lui tout seul également ainsi qu'un poème de Prévert qui est "présent " aussi dans ce livre et va être en quelque sorte la clé de l'intrigue ...
Le gardien de phare aime trop les oiseaux
Des oiseaux par milliers volent vers les feux
Par milliers ils tombent par milliers ils se cognent
Par milliers aveuglés par milliers assommés
Par milliers ils meurent.
Le gardien ne peut supporter des choses pareilles
Les oiseaux ils les aiment trop
Alors il dit tant pis je, m'en fous
Et il éteint tout ! ! !
Au loin un cargo fait naufrage
Un cargo venant des îles... Un cargo chargé d'oiseaux... Des milliers d'oiseaux des îles... ...Des milliers d'oiseaux noyés...!
Jacques Prévert
Je ne vous parle pas de tous les personnages mais tous sont pleins de failles et décrits admirablement tout au long du livre.
C'est une lecture que j'ai trouvée "dure", lourde et triste et qui vous marquera alors à vous de voir si c'est le moment de prendre les déferlantes comme un vent fort et froid dans la tête ...
Je ne regrette pas du tout cette lecture mais j'avoue qu'elle m'a un peu rendu triste ...
Mais assurément ce livre est GRAND et mérite votre attention amplement.
Merci Madame Gallay.