jeudi 22 avril 2021

Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise Dai Sijie

 

 

" Dans la Chine des années 1970 la Révolution culturelle bat son plein, Luo et le narrateur "deux jeunes intellectuels" sont envoyés en camp de rééducation dans un village de montagne . Non loin de là vivent un tailleur et sa fille. Luo s'illustre bientôt par ses talents de conteur, ce qui vaut aux adolescents de se soustraire progressivement à la rudesse des travaux forcés. Au hasard des rencontres avec un autre détenu, les jeunes gens découvrent Balzac et sont alors éblouis par un univers insoupçonné. ils mettent la main sur un trésor sans prix à leurs yeux, une valise en cuir contenant des ouvrages de Baudelaire, Stendhal, Dostoïevski, Tolstoï et bon nombre d'auteurs occidentaux interdits. Grâce à ces livres, Luo entreprend l'éducation littéraire de "la petit tailleuse chinoise" dont il est épris." Source l'encart de mon livre acheté dans une brocante Editions France Loisirs 


Mon avis :

Ce livre je l'ai acheté à la brocante à laquelle la médiathèque de ma ville participait pour la modique somme de 1.50 euros ! J'adore ces vides bibliothèques et c'est l'occasion de lire des livres plus anciens, celui-ci fût imprimé en l'an 2000, et de fournir ma PAL de beaux livres reliés.

Ce livre est une belle histoire, qui fait la part belle à la littérature qui vit à travers ses lecteurs, ici des jeunes gens en rééducation, même quand celle-ci est interdite.

" Nous nous approchâmes de la valise. Elle était ficelée par une grosse corde de paille tressée, nouée en croix. Nous la débarrassâmes de ses liens, et l'ouvrîmes silencieusement. À l'intérieur, des piles de livres s'illuminèrent sous notre torche électrique; les grands écrivains occidentaux nous accueillirent à bras ouverts: à leur tête, se tenait notre vieil ami Balzac, avec cinq ou six romans, suivi de Victor Hugo, Stendhal, Dumas, Flaubert, Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, et quelques Anglais : Dickens, Kipling, Emily Brontë... - Quel éblouissement! - Il referma la valise et, posant une main dessus, comme un chrétien prêtant serment, il me déclara : Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde "

C'est aussi l'histoire de la jeunesse et des découvertes multiples faites à cet âge là. L'amitié, les livres, l'amour.

La littérature prend sa place dans ce qu'elle permet de vivre malgré tout. Dans tous les univers qui peuvent se déployer dans notre imaginaire. Elle permet aux deux garçons de se sentir plus libres et heureux.

" Quel éblouissement ! J'avais l'impression de m'évanouir dans les brumes de l'ivresse. Je sortis les romans un par un de la valise, les ouvris, contemplai les portraits des auteurs et les passai à Luo. De les toucher du bout des doigts il me semblait que mes mains devenues pâles, étaient en contact avec des vies humaines."

Il y a aussi l'amitié des deux jeunes gens qui sont enfermés dans ce lieu de rééducation aux conditions très difficiles.

Et la découverte de la liberté et de l'apprentissage de la vie.

Le récit est à la fois plein de rudesse dans la description des travaux du camp de rééducation et une vie quotidienne ennuyeuse et difficile, semé de peurs bien souvent décrites par l'intermédiaire des cauchemars. Mais nous avons aussi de l'humour, de l'amitié et de l'amour dans ce récit.

La place à la sensualité avec la petite tailleuse chinoise qui plait aux deux jeunes hommes est aussi très importante et a participé au plaisir de cette lecture.

"Plusieurs feuilles d'arbre racornies y étaient enveloppées. Toutes présentaient la même jolie forme en ailes de papillon, dans des tons allant de l'orangé soutenu au brun mêlé de jaune d'or clair, mais toutes étaient maculées de tâches noires de sang. - Ce sont des feuilles de ginko me dit Luo d'une voix fébrile. Un grand arbre magnifique, planté au fond d'une vallée secrète à l'est du village de la petite Tailleuse. Nous avons fait l'amour debout contre le tronc. Elle était vierge, et son sang a coulé par terre, sur les feuilles."

 Les personnages vont à la découverte de multiples univers, portés par les auteurs qui leur ouvrent des horizons merveilleux, loin de leur quotidien dur et ennuyeux.

Une belle lecture en compagnie de ce jeune trio 

qui grâce à la littérature vont s'élever au dessus des interdits et se libérer !  

" J'étais littéralement englouti par le fleuve puissant des centaines de pages. C'était pour moi le livre rêvé: une fois que vous l'aviez fini, ni votre sacrée vie ni votre sacré monde n'étaient plus les mêmes qu'avant."

jeudi 8 avril 2021

Bartleby le scribe Jose Luis Murena

 


 #BArtlebyleScribe #NetGalleyFrance



mardi 6 avril 2021

Là où chantent les écrevisses Delia Owens

 


Pendant des années, les rumeurs les plus folles ont couru sur « la Fille des marais » de Barkley Cove, une petite ville de Caroline du Nord. Pourtant, Kya n’est pas cette fille sauvage et analphabète que tous imaginent et craignent.

A l’âge de dix ans, abandonnée par sa famille, elle doit apprendre à survivre seule dans le marais, devenu pour elle un refuge naturel et une protection. Sa rencontre avec Tate, un jeune homme doux et cultivé qui lui apprend à lire et à écrire, lui fait découvrir la science et la poésie, transforme la jeune fille à jamais. Mais Tate, appelé par ses études, l’abandonne à son tour.

La solitude devient si pesante que Kya ne se méfie pas assez de celui qui va bientôt croiser son chemin et lui promettre une autre vie.

Lorsque l’irréparable se produit, elle ne peut plus compter que sur elle-même…

Delia Owens est née en 1949 en Géorgie, aux Etats-Unis. Diplômée en zoologie et biologie, elle a vécu plus de vingt ans en Afrique et a publié trois ouvrages consacrés à la nature et aux animaux, tous best-sellers aux USA. SOURCE SEUIL 

Mon avis :

Ce livre m'a été prêté par ma belle-sœur, merci Isa ;-)

J'ai apprécié ma lecture mêlant plusieurs thèmes qui m'intéressent : la nature, la solitude, l'amour et également une enquête policière.

Delia Owens nous livre le portrait de Kya qui, très tôt est abandonnée par tous les membres de sa famille. Ils la lassent dans la maison au fin fond du marais. Enfant, Kya va devoir se débrouiller seule et va tout de suite rejeter la société pour vivre au sein de la nature.

Les marais sont là pour elle, un espace très sauvage qui sait aussi donner à qui apprend à le connaitre des moyens de subsistance et de protection.

Mais vivre seule n'est au bout du compte pas si facile et la jeune Kya va malgré tout essayer de sortir de cette solitude et de cette vie en dehors de la société des hommes.

Il y aura des hommes pour Kya.

Tate le premier sera le plus important dans sa vie. Il lui apprendra à lire et compter tout en restant dans le marais et en partageant sa passion pour la nature.

Il y aura Jumping aussi un homme noir qui sera là pour Kya dans biens des situations compliquées.

Et puis il y aura Chase également ce même homme que l'on découvre mort en tout début de roman en bas d'une tour de guet.  C'est cette mort suspecte qui va pour l'enquête nous faire remonter dans le passé des protagonistes du marais.

Les chapitres de ce livre se situent à différentes périodes de la vie de Kya.

C'est un roman sur la différence, sur ce qu'elle inflige aux individus qui vivent à part.  

Mais aussi finalement sur le besoin humain d'être avec les autres et de se conformer à la société. Sur ce besoin viscéral pour l'homme, d'appartenir à une société, un groupe, un foyer.

Kya a une force de caractère admirable et toute petite on peut se demander un instant si c'était possible de survivre ainsi ... Mais ce livre nous embarque avec plaisir dans cette histoire.

Des personnages positifs traversent la vie de Kya. Je pense à Jumping et à sa femme. A Tate bien entendu et à l'un de ses frères.

Il y a surtout dame nature, les oiseaux, les crustacés, les arbres, les plantes ... Kya y puise toutes sortes de ressources !

Delia Owens a publié des ouvrages sur la nature et les animaux et on ressent toutes ses connaissances dans ce livre. 

Elle décrit le marais avec intelligence et poésie.

Je me suis attachée à cette gamine et je l'ai suivi au plus profond du marais là où elle se fondait avec tant de facilité. Dans son univers.

J'ai espéré qu'elle soit enfin aimé et malgré tout intégré à un foyer...

Ce livre m'a beaucoup plu j'ai aimé accompagné Kya dans les passages de sa vie d'enfant à adulte.

Là où chantent les écrevisses m'a fait penser au livre "De pierre et d'os" de Bérengère Cornut car comme dans ce dernier on s'intéresse à la vie d'une jeune femme enfant puis femme évoluant seule dans une nature sauvage exigeante et aussi foisonnante et où la poésie au contact de la nature se déploie admirablement.

Alors chers amis, n'hésitez pas à partir 

à la découverte du marais en suivant les traces de Kya. 

Mais chut, il faut être très silencieux pour n'effrayer personne ...

 

" Tandis qu'elle s'éloignait elle comprit que plus personne ne verrait jamais ce banc de sable. les éléments avaient crée ce bref sourire de sable toujours changeant et dessiné sa courbe. A la prochaine marée les vagues en créeraient une autre, puis une autre encore, mais plus jamais celui-ci. Celui qui l'avait accueillie. Celui qui lui avait livré un secret ou deux"

 Bonne lecture à vous et bon confinement ! 

Ben oui, c'est reparti pour un tour avec les livres pour seule évasion à moins d'avoir un marais à moins de 10 kms à vol de héron cendré !


" Elle s'imagina marcher dans l'eau bouillante et s'avancer vers cet endroit paisible au-delà des vagues, des mèches de ses cheveux accrochées comme des aquarelles noires à l'océan d'un bleu pâle, ses longs doigts et ses bras traînant à la surface à peine éclairée.

Tout rêve de fuite- même vers la mort - monte toujours vers la lumière. Le gros lot continuerait à briller, hors de portée, jusqu'à ce qu'elle s'enfonce dans la mer et se couche dans l'abysse du silence. Enfin hors de danger. Mais l'instant de la mort n'est pas encore fixé. "