Robert Desnos a vécu mille vies – écrivain, critique de cinéma,
chroniqueur radio, résistant de la première heure –, sans jamais se
départir de sa soif de liberté. Pour raconter l’histoire extraordinaire
de ce dormeur éveillé, Gaëlle Nohant épouse ses pas ; comme si elle
avait écouté les battements de son cœur, s’était assise aux terrasses
des cafés en compagnie d’Éluard ou de García Lorca, avait tressailli aux
anathèmes d’André Breton, fumé l’opium avec Yvonne George, et dansé sur
des rythmes endiablés au Bal Blomet aux côtés de Kiki et de Jean-Louis
Barrault. S’identifiant à Youki, son grand amour, la romancière
accompagne Desnos jusqu’au bout de la nuit.
Légende d’un dormeur éveillé révèle le héros irrésistible
derrière le poète et ressuscite une époque incandescente et tumultueuse,
des années folles à l’Occupation. Source Éditions Héloïse d'Ormesson
Mon avis :
Ce livre je me le suis procurée lors de la fête du livre de Saint-Étienne où j'ai eu la chance d'échanger quelques mots avec l'auteure Gaëlle Nohant.
Je ne l'avais encore jamais lu mais j'avais "La part des flammes" en version poche avec moi et j'ai pris "Légende d'un dormeur éveillé" pour lequel je ne lisais que du bien sur les blogs amis et de la part des babeliotiens.
J'ai donc mon exemplaire Didicacé et j'espère avoir le plaisir de recroiser Gaëlle Nohant puis lui dire tout le plaisir que j'ai eu à lire son livre.
Superbe, scintillant, libre ! Un roman magnifique pour ma première lecture de 2018 !
Gaëlle Nohant m'a comblé dans la découverte de cet homme que je ne connaissais pas. Uniquement par le nom de l'auteur de la poésie "La fourmi" que j'ai apprise à l'école primaire et qui est toujours ancrée dans ma tête largement 30 ans plus tard.
Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête,
Ça n’existe pas, ça n’existe pas.
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards,
Ça n’existe pas, ça n’existe pas.
Une fourmi parlant français,
Parlant latin et javanais,
Ça n’existe pas, ça n’existe pas.
Eh ! Pourquoi pas ?
Recueil : "Chantefables"
Gaëlle Nohant est née la même année que moi (1973) c'est sans doute par ce biais de cette poésie animalière que Robert Desnos est rentré dans sa vie.
Si l'entrée dans ce livre fût un peu difficile à la base je me suis très vite laissée guider par l'auteure et Robert Desnos dans le Paris des années 30.
On en croise des célébrités, c'est un véritable foisonnement culturel. On se promène dans le Paris d'avant guerre dans le Paris de la nuit, dans le Paris des ateliers d'artistes des bars et autres cabarets .
Il y a un brassage joyeux et parfois mondain la nuit dans Paris.
Robert Desnos participe de ce mélange joyeux et se construit en poésie.
Gaëlle Nohant est tombée amoureuse de ce poète, j'en suis persuadée !
L'auteur nous permet vraiment de découvrir cet homme dans cette période foisonnante et troublée nous plongeant ainsi au cœur de l'histoire dans un milieu particulier.
La seconde guerre mondiale va mettre à mal toutes les belles libertés prônées par les artistes de tout horizons.
Au nom de la liberté et fort de ses intimes convictions d'égalité entre les hommes Robert Desnos s'engagera dans la Résistance. Il en paiera le prix fort et sera déporté, il mourra le 8 juin 1945 à Terezin.
"
Le fracas du monde est entré dans sa poésie et l'a bousculée, abattant
les murs de son souffle. Sa trajectoire libertaire à gagné en force en
s'ouvrant à une fraternité possible."
La quatrième partie de ce livre est un véritable condensé émotionnel. Gaëlle Nohant prends dans cette partie la parole de Youki la principale muse et amour de Robert Desnos. Comme si l'horreur vécue par le poète ne pouvait pas engendrer de mots et pourtant le poète lui trouvera refuge dans la poésie.
"Pour le reste je trouve un abri dans la poésie. Elle est vraiment le cheval qui court au dessus des montagnes."
Gaëlle Nohant dit : "Écrire ce roman tenait du numéro de funambule, il fallait demeurer sur le fil ténu de la fiction tout en demeurant la plus fidèle possible à la vérité de l'histoire et des vies de tous les protagonistes. Inventer entre les clous, remplir les blancs, rejoindre la vérité par le biais de la fiction, ou en tout cas une vérité possible. Ce Robert Desnos est le mien, il ne saurait se substituer au vrai ni en épuiser le richesse, mais je veux croire qu'il lui ressemble."
et bien moi je dis Bravo, je trouve votre numéro de funambule absolument réussi. Il m'a permis de rencontrer un homme bon et un poète généreux et libre qui a toute mon admiration.
Avec respect pour cette homme vous avez su lui redonner la parole, le refaire vivre auprès de vos lecteurs. Un portrait magnifique et scintillant !
" Légende d'un dormeur éveillé " est un livre qui restera en moi longtemps.
J'ai fait là une très belle rencontre avec cet homme,
ce poète doué pour vivre et pour aimer
que vous m'avez fait aimer à mon tour.
Un homme éperdu de liberté, d'amour et d'amitié.
Un poète qui fait danser les mots pour couvrir les maux !
Un homme bon et généreux.
Merci Gaëlle Nohant, oui sincèrement merci pour cette belle rencontre.
Je lui laisse la parole avec cette splendide poésie.
Non l’amour n’est pas mort
Non, l’amour n’est pas mort en ce cœur et ces yeux et cette bouche
qui proclamait ses funérailles commencées.
Écoutez, j’en ai assez du pittoresque et des couleurs et du charme.
J’aime l’amour, sa tendresse et sa cruauté.
Mon amour n’a qu’un seul nom, qu’une seule forme.
Tout passe. Des bouches se collent à cette bouche.
Mon amour n’a qu’un nom, qu’une seule forme.
Et si quelque jour tu t’en souviens
Ô toi, forme et nom de mon amour,
Un jour sur la mer entre l’Amérique et l’Europe,
À l’heure où le rayon final du soleil se réverbère sur la surface ondulée des vagues,
ou bien une nuit d’orage sous un arbre dans la campagne,
ou dans une rapide automobile,
Un matin de printemps boulevard Malesherbes,
Un jour de pluie,
À l’aube avant de te coucher,
Dis-toi, je l’ordonne à ton fantôme familier, que je fus seul à t’aimer davantage
et qu’il est dommage que tu ne l’aies pas connu.
Dis-toi qu’il ne faut pas regretter les choses : Ronsard avant moi
et Baudelaire ont chanté le regret des vieilles et des mortes
qui méprisèrent le plus pur amour.
Toi quand tu seras morte
Tu seras belle et toujours désirable.
Je serai mort déjà, enclos tout entier en ton corps immortel, en ton image étonnante
présente à jamais parmi les merveilles perpétuelles de la vie et de l’éternité,
mais si je vis
Ta voix et son accent, ton regard et ses rayons,
L’odeur de toi et celle de tes cheveux et beaucoup d’autres choses encore vivront en moi,
Et moi qui ne suis ni Ronsard ni Baudelaire,
Moi qui suis Robert Desnos et qui pour t’avoir connue et aimée,
Les vaux bien ;
Moi qui suis Robert Desnos, pour t’aimer
Et qui ne veux pas attacher d’autre réputation à ma mémoire sur la terre méprisable.
Ce livre me permet de valider ma 2ème participation