Élevé par
un grand-père violoniste rescapé des camps et une belle-mère soucieuse
de sa bonne éducation, Cornelius Runkele fait tout pour s’intégrer. Il
travaille bien à l’école, passe son bac et se découvre une passion pour
les livres et l’écriture.
Mais un gitan lettré reste un gitan : impossible d’être perçu comme un citoyen ordinaire, impossible de s’éloigner de la kumpania,
de son groupe. Cornelius a le sang chaud. Il passe en maison de
correction et, entraîné par ses aînés, se retrouve dans une sale affaire
de cambriolage. Il va en prison, essaie une dernière fois de revenir
dans le droit chemin, mais son destin le rattrape.
L’histoire de Cornelius est consignée dans sept carnets de moleskine, un journal intime fictif. Journal d’un rebuté de la vie, Gipsy blues est un roman vibrant de colère et d’humanité, l’hommage d’un grand auteur à la culture gitane. SOURCE Allary Edtions
Mon avis :
Tout d'abord Merci à Babelio qui grâce à sa masse critique de septembre m'a permis de lire ce livre. (avec mes excuses pour le retard 'un jour dans l'édition de mon billet) et merci également aux Éditions Allary et sa directrice adjointe Laurence d'Aboville, qui a particulièrement soigné l'envoi de ce livre avec un gentil mot, un marque page des éditions et un livre de belle qualité. (Cf photo du début du billet). Je ne connaissais pas ces éditions mais je serais attentive désormais à leurs publications : leur site (cliquez)
Une lecture un peu différente, une plongée dans l'univers des gitans, des Gipsys.
" Ouvrez ce livre. Ouvrez ce livre Monsieur, Regardez au travers des persiennes. Faites marcher votre petit cœur. "
C'est grâce à Cornélius et ses carnets de Moleskine que l'on découvre cette histoire. Enfin il serait plus juste de dire que Jean Vautrin se glisse dans la peau de Cornélius et lui fait écrire ces carnets qui nous sont donnés à lire.
De Jean Vautrin j'ai lu il y a longtemps quelques aventures de Boro le reporter, j'en ai gardé un souvenir plaisant c'est pour cela que j'avais coché ce livre pour la masse critique mais aussi parce que la photo de la couverture et ce titre chantant m'avaient attiré l’œil.
Mais là le style et l'histoire sont totalement différents, ici, on a une histoire beaucoup plus grave et la plume se fait poétique.
Avec Cornélius on vit le dilemme d'un jeune homme écartelé entre sa condition de gitan et sa volonté de s'en affranchir pour avoir une vie meilleure....
C'est sa mère adoptive Sara, sa jeune mère étant morte en lui donnant naissance, qui va lui inculquer se désir de s'en sortir par la connaissance et par la volonté d'avoir une vie sédentaire.
On ressent fortement cette mise à l'écart, on la ressent pour tous les membres de la communauté. Une population qui a subit tant de souffrances et depuis bien longtemps.
Communauté jetée sur les routes depuis fort longtemps, la société n'a pas su les intégrer.
"Nous les coureux, les Bohèmes, les camps-volants, les nomades, les caraques, les Roms, les Manouches, les Yéniches, les Sinté, les Gitans, appelez nous comme vous voudrez - c'est ainsi - , nous sommes les survivants d'un long destin de sang. Peuple dénigré, livré aux préjugés à la discrimination, nous avançons depuis longtemps sur des chemins hasardeux."
En prenant la voix de Cornélius, Jean Vautrin prend les usages et les termes des gitans. C'est la langue orale et les mots des gitans. Et si je veux émettre un bémol c'est que j'ai eu au départ beaucoup de mal avec les traductions à lire en bas de page qui freinait la fluidité de ma lecture.
Pourtant quoi de mieux que la langue pour se frotter à la société des gitans, des roms et des termes revenaient sans que je n'ai à en relire le sens.
Dans les personnages de ce livre, il y a le grand-père de Cornélius qui prend une grande place. Schnuckenack Runkele dit Schnuckie, un vrai Gipsy, musicien de violon et ayant vécu les tragédies de son peuple.
Le grand-père de Cornélius, "Mur papu" en veut à la mère adoptive de son petit fils. Pour lui " un gitan ne doit pas sauter de son ombre". la communauté est un rempart à la société qui met à l'écart. Une vie près de la nature faite de choses simples et de musique.
7 carnets de Moleskine sur l'itinéraire d'un enfant peu gâté par la vie. Avec des titres de chapitres très jolis.
"Voyage saccadé au pied d'un arc-en-ciel "
Un héros en déroute, il prend "Le chemin de la mauvaise route ". Cornélius nous met en garde dès le départ :
"Quand vous refermerez ce livre, Monsieur, je serais mort à vingt-quatre ans".
J'ai aimé ce livre, merci encore à Babelio et aux Editions Allary !
J'ai suivi la courte vie de Cornélius à travers ses carnets
avec intérêt et empathie.
J'ai aimé les personnages rencontrés par ce jeune homme
et puis cette tristesse infinie qui m'a submergée...
Ce blues qui s'est emparé de moi.
"Nous étions Gipsy. Nous étions musique. C'est sur ce nuage-là que nous allions nous laisser emporter par le vent. Alias Django m'avait dégoté un violon, un archet, des partitions. je l'accompagnais désormais dans ses rendez-vous musicaux. Avec Black and White ou avec Swing White Dajango, ça bichait drôlement ! "