jeudi 12 avril 2018

Oh Vie Oh lette !

@Didi dans les bois avril 2018


La cueillir quel dommage !
La laisser quel dommage !
Ah cette violette.

Naojo 

@Didi au jardin avril 2018

lundi 2 avril 2018

Entre deux mondes Olivier Noreck



Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l'attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir.
Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu'il découvre, en revanche, c'est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n'ose mettre les pieds.
Un assassin va profiter de cette situation.
Dès le premier crime, Adam décide d'intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est flic, et que face à l'espoir qui s'amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou.

Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu'elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d'ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger.

Mon avis : 

Je n'avais pas encore lu cet auteur, croisé pourtant au Quais du polar l'année dernière et lu par mes amies et ma sœur (Code 93, Surtensions...) .  


Découvrir cet auteur sur Babelio.com


Cette lecture m'a beaucoup plu, loin d'être un polar pur et dur, on a là comme une plongée dans l'univers des migrants.

Entre deux  mondes c'est la zone de la Jungle de Calais (Olivier Norek a expliqué le pourquoi de ce terme qui me choquait, les hommes seraient-ils des animaux que l'on parque ainsi ?... l'explication m'a rassurée un peu ...) 

" C'est légèrement inapproprié. Qui a trouvé le nom ?
 N'y voyez pas de racisme ce sont les migrants iraniens eux-même. Quand ils sont arrivés sur place, ils ont vu un morceau de forêt, alors ils ont appelé l'endroit "la forêt". En langue Perse, jangal. Ici on a entendu "jungle", prononcé à l'anglaise. Un simple quiproquo"
Zone devenue un camp de transit "provisoire" qui s'est éternisé pour de nombreux migrants. Le but pour ces derniers étant de rejoindre le Royaume Uni leur Eldorado.

Olivier Norek a eu à cœur dans son roman d'humaniser ses personnages et de nous faire vivre cette migration forcée grâce à la famille d'Adam mais aussi auprès des policiers chargés de la sécurité de cette zone et des différentes associations qui œuvrent en interne pour essayer de rendre la vie des réfugiés plus... acceptable... 

5 parties composent ce livre : Fuir - Espérer - Résister - Survivre et Sombrer ?

On suit les personnages de ce livre en se disant qu'on est dans une réalité glaçante. Olivier Norek nous le dit, il n'a pas osé inventer...

"Face à la violence de la réalité,
je n’ai pas osé inventer.
Seule l’enquête de police, basée sur des faits réels,
a été romancée.
Je remercie les flics de Calais,
ceux des Renseignements, les Calaisiens,
les journalistes, mes sources du CNRS et de Sciences Po, les bénévoles humanitaires mais par-dessus tout, ces hommes et ces femmes qui, fuyant l’horreur
des guerres, ont accepté de se livrer."

On plonge direct dans un quotidien de guerre en Syrie, Olivier Norek nous démontre que ces familles fuient la mort, la terreur et qu'ainsi elles prennent tous les risques pour arriver en Europe. 

Le périple en mer de Nora et Maya est effroyable... Pire même... 

Adam espère retrouver sa femme et sa fille dans la jungle là où il leur a donner rendez-vous ... Il ne les retrouvera pas...

Mais Adam ferra deux rencontres décisives : celle de Bastien avec qui il nouera des liens ressemblant à des liens fraternels et professionnels mais aussi avec un jeune noir victime de barbarie, Kilani.

Bastien essayera de comprendre ce qu'il se passe dans la jungle et s'insère dans sa nouvelle équipe et dans ce nouvel univers particulier où tout est tu.  Où il est difficile d'intervenir même pour des actes terribles...  

Il aura à cœur d'aider Adam du mieux qu'il peut et aussi Kilani. Sa famille et son équipe le soutiendront à leur manière. 

J'ai été touchée par la vie horrible de Kilani, Ayman de son vrai nom, enfant soldat, enfant esclave sexuel. Il ne peut plus parler, sa langue ayant été coupée et c'est un arrache cœur que de se trouver face à cet enfant. D'ailleurs cet enfant cristallisera ce désir de lui rendre enfin sa vie d'enfant. 

Ce roman est un fort coup de poing qui nous prends à la gorge et nous dit Stop ! Hélas ce n'est pas le démantèlement de la jungle qui aura enlevé les problèmes concernant la gestion des migrants... 

Merci à Olivier Norek d'avoir su avec son roman pointé du doigt les problèmes des migrants en se penchant sur la zone de la Jungle en particulier et d'avoir mis l'humain au cœur de ce sujet d'actualité. 

Si la jungle a été démantelé en 2016, l'auteur nous met en garde sur cet enfumage flagrant...
 " Il était de retour, aujourd’hui, sur ces terres entre deux mondes où les dunes avaient retrouvé leur calme. Plus de migrants, plus d’humanitaires, comme si d’un coup de baguette magique, le problème avait été résolu. Probablement le plus bel enfumage de la décennie. "
Des exilés forcés aux réfugiés climatiques et également aux exilés économiques le nombre des migrants n'est pas amené à faiblir et les problématiques politico-économiques restent des enjeux sensibles. Espérons que l'humain restera au cœur des décisions. 


Une lecture poignante, révoltante
Une lecture qui met le doigt là où ça fait mal.
Une lecture qui place l'humain au cœur de tout.

Vous aussi entrez dans l'entre deux mondes
  et partez à la rencontre de ces hommes et ces femmes.  
Et merci aussi à Olivier Norek de mettre en avant 
les blogueurs dans ses remerciements :

" Les blogueurs. Pour les petits blogs, les grands, ceux avec de l’émotion, ceux avec des fautes, ceux avec du cœur, ceux avec de la poésie, ceux qui deviennent plus que de simples connaissances, ceux qui parlent de tous les auteurs, ceux qui font tenir leurs murs avec des PAL, ceux qui te disent quand c’est mauvais et ceux qui t’accompagnent sur les Salons. Les vrais journalistes chroniqueurs du polar, c’est vous ! "