dimanche 30 mars 2014

Le premier bonheur du jour

@Didi mars 2014

Le premier bonheur du jour
C'est un ruban de soleil
Qui s'enroule sur ta main
Et caresse mon épaule
C'est le souffle de la mer
Et la plage qui attend
C'est l'oiseau qui a chanté
Sur la branche du figuier

@Didi mars 2014
Le premier chagrin du jour
C'est la porte qui se ferme
La voiture qui s'en va
Le silence qui s'installe

Mais le soir quand tu reviens
Quand ma vie reprend son cours
Le dernier bonheur du jour
C'est la lampe qui s'éteint


Mon bonheur du jour un nouveau disque des Pink Martini♥
Avec The Von Trapps 
Une jolie reprise d'une chanson de Françoise Hardy

samedi 29 mars 2014

Prolongation du printemps du cinéma : The Monuments Men et La cour de Babel


J'ai gagné des places de cinéma me permettant de voir deux films dans le cadre de la prolongation du printemps du cinéma organisé par BNP Paribas.

Je tiens à remercier tout particulièrement le blog In the Mood for cinema qui m'a permis de gagner ces places. A 3.50 euros la place de cinéma c'est la fête ! 


Je suis donc aller voir deux films le WE dernier :

 The Monuments Men 
et La cour de Babel.

J'ai décidé de vous parler plus particulièrement du premier car celui-ci m'a permis de découvrir toute une histoire réelle qui m'a passionnée. 

Quant à La Cour de Babel, je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé mais c'est le genre de film qu'il n'est pas nécessaire de voir au cinéma... Je suis peut être un peu dur, mais c'est avant tout un documentaire et si le sujet est intéressant le traitement n'est pas transcendant et ne m'a pas plu... 

Je vous invite néanmoins à découvrir cette Cour de Babel mais pourquoi pas en attendant la sortie du DVD...




Ils viennent d’arriver en France. Ils sont Irlandais, Serbes, Brésiliens, Tunisiens, Chinois ou Sénégalais... Pendant un an, Julie Bertuccelli a filmé les échanges, les conflits et les joies de ce groupe de collégiens âgés de 11 à 15 ans, réunis dans une même « classe d’accueil » pour apprendre le français. Dans ce petit théâtre du monde s’expriment l’innocence, l’énergie et les contradictions de ces adolescents qui, animés par le même désir de changer de vie, remettent en cause beaucoup d’idées reçues sur la jeunesse et l’intégration et nous font espérer en l’avenir...

The Monuments Men de George Clooney 


La plus grande chasse au trésor du XXe siècle est une histoire vraie. MONUMENTS MEN est inspiré de ce qui s’est réellement passé.
En pleine Seconde Guerre mondiale, sept hommes qui sont tout sauf des soldats – des directeurs et des conservateurs de musées, des artistes, des architectes, et des historiens d’art – se jettent au cœur du conflit pour aller sauver des œuvres d’art volées par les nazis et les restituer à leurs propriétaires légitimes. Mais ces trésors sont cachés en plein territoire ennemi, et leurs chances de réussir sont infimes. Pour tenter d’empêcher la destruction de mille ans d’art et de culture, ces Monuments Men vont se lancer dans une incroyable course contre la montre, en risquant leur vie pour protéger et défendre les plus précieux trésors artistiques de l’humanité…
D’après le livre de Robert M. Edsel avec Bret Witter. Source Première


Mon avis : 

Un film qui se laisse voir sans déplaisir, avec un casting haut de gamme. Un film assez édulcoré sauce américaine tout de même... Il n'y a presque pas de Français en France ...Et Jean Dujardin fait un peu trop le clown ... Bref ...

J'ai passé néanmoins un bon moment en compagnie de ces Monument Men à la recherche d’œuvres d'art volés par les nazis ! Ce que j'ai aimé c'est découvrir tout comme eux des tableaux ou des sculptures très connus dans des lieux incroyables ... Des mines mais aussi des châteaux  ou de simples habitations. La scène dans la salle à manger d'un nazi est assez coquasse, quand les Monuments men se rendent compte qu'il s'agit de vrais tableaux et pas de simples copies !

Ce qui m'a intéressée c'est avant tout que cette histoire se fonde sur la réalité et ainsi je suis assez déçue que Rose Valland ne soit pas plus mise en valeur. Quelle femme ! 

Rose Valland jouée par Cate Blanchett
 
Après quelques recherches sur le net j'ai pu découvrir quelques éléments sur cette femme admirable qui a œuvré dans l'ombre pour la restitution d'un nombre impressionnants d’œuvres d'art à leur propriétaire.

Il existe un site à son nom où l'on peut voir le répertoire des Musée nationaux de récupération.  

Les MNR
ou les œuvres issues de la spoliation artistique
confiées aux musées de France

Qu'est-ce qu'un MNR ?

A la fin de la dernière guerre, de nombreuses œuvres récupérées en Allemagne ont été renvoyées en France parce que certains indices (archives, inscriptions, etc.) laissaient penser qu'elles en provenaient. La plupart d'entre elles ont été rapidement restituées à leurs propriétaires spoliés par les Nazis. D'autres furent vendues par les Domaines, tandis que d'autres étaient confiées à la garde des musées nationaux. Elles constituent ce qu'on appelle des MNR, « Musées Nationaux Récupération ».
Ce film a pris pour base le livre de Robert. Edsel qui lui même c'est servi d'autres études dont celle (entre autre très certainement) de Corinne Bouchoux "Rose Valland, résistance au musée ". A lire un article ICI

Livre Rose Valland, résistance au musée   par Corinne Bouchoux
Monuments men

En tout cas je remercie sincèrement cette dame et les monuments men pour leurs action qui me permettent aujourd'hui d'admirer des œuvres d'art dans les musées français entre autres !





Je ne vous parle plus vraiment du film, c'est vrai, mais finalement j'aime aussi quand un film me fait pencher sur l'histoire et en l’occurrence ici c'est pari gagné  !

Et puis j'ai bien envie de voir la Madonne di Bruges de Michelangelo cet artiste que j'admire tant et qui croise ma route assez souvent en ce moment (visite de Rome, oui ça aide question Michelangelo et aussi lecture avec Pietra Viva !

Michel-Ange et la Vierge à l'Enfant
La Vierge à l'Enfant ou Madonne di Bruges est une sculpture de marbre représentant la Vierge avec l'Enfant Jésus. L' œuvre fut réalisée entre 1501 et 1504 et est conservée dans une niche de la nef latérale droite de l'église Notre-Dame (Onze-Lieve-Vrouwekerk) de Bruges, en Belgique. Elle est entourée d'une décoration baroque.
La représentation de la Vierge à l'Enfant diffère des précédentes représentations michelangelesques du même sujet. En effet, Michel-Ange avait tendance, auparavant, à représenter Marie souriant à son fils qu'elle tenait sur les genoux. Dans cette œuvre-ci, au contraire, Jésus est debout, presque sans être soutenu, et semble sur le point d'effectuer ses premiers pas.
Le regard de la Vierge n'est pas tourné vers son fils, mais semble absent et tourné vers le sol, comme si elle avait déjà connaissance du destin du Christ. Le recueillement et l'attitude sérieuse de la Vierge contrastent avec l'aspect serein de l'Enfant.
La Madonne de Bruges présente des similitudes avec la Pietà de Michel-Ange, par le visage ovale de Marie et par les motifs des drapés.
L'œuvre a pour caractéristique d'être la seule sculpture de Michel-Ange qui soit sortie d'Italie alors que l'artiste était toujours vivant. Elle a été acquise par Jean et Alexandre Mouscron, dit "Moscheroni", membres d'une famille prospère de marchands de tissus de Bruges, cité qui était alors un des principaux centres commerciaux d'Europe. La sculture était destinée à orner le caveau familial des Moscheroni dans l'église Notre-Dame de Bruges.
La statue fut ensuite dérobée et emportée en France pendant l'occupation de la Belgique au cours de la Révolution française. Elle fut emportée une seconde fois, par les troupes allemandes, lors de la retraite de 1944, mais fut restituée après la Libération. On peut aujourd'hui l'admirer dans le lieu pour lequel elle était destinée, à Bruges.
Buonarroti, Michelangelo
Vierge à l'Enfant, 1503-1504 ca, statue en marbre
Brugge, Onze-Lieve-Vrouwekerk





Je mets la bande d'annonce pour vous donner une idée du film. J'ai bien aimé le monument men joué par Bill Murray ;-) et j'ai enfin remis la tête de Hugh Bonneville, Dowtoon Abbey bien sur !




Bonne séance en compagnie 
de ces monuments men 
et n'oublions pas 
Rose Valland !



samedi 22 mars 2014

Le sommeil des poissons Véronique Ovaldé

Tout en haut du mont Tonnerre, dans un drôle de village peuplé de femmes, l’une d’entre elles, la mano triste, attend patiemment dans sa maison à courants d'air. Elle attend les hommes qui remontent du fleuve à chaque saison douce, et surtout Jo géant, avec son cœur tout miel… Un voyage aux airs de conte, doux et inquiétant. Source Le Cercle Points
Petit préambule quant à l'obtention de ce livre ! C'est en participant à un jeu de cadavre exquis que je l'ai gagné. Le texte était initié par Véronique Ovaldé et les joueurs ( sur fesse de bouc avec le profil de mon homme :O car je ne suis toujours pas là bas... ) devaient inventer la suite et l'auteur choisissait qui avait fait la "meilleure" phrase parmi les participants. C'est mon amie Wal qui m'a dit " Vas -y essaye !" (peu de temps avant sa phrase avait été sélectionné !). J'ai été très contente que ma phrase ait plu à cette auteure que j'aime beaucoup. L'histoire concoctée est sympa ce jeu du cadavre exquis déterre des jolis mots !




La première phrase de Véronique Ovaldé :
"Cela devait faire trois ans que Samuel Gadowski n'était pas sorti de chez lui quand, ce soir d'octobre 1959, la sonnerie de la porte d'entrée le tira de sa torpeur."

La suite écrite par les lecteurs de Points :


  Il sut à cette seconde précise que sonnait là la fin de sa tranquillité, et le début des ennuis. La porte s’ouvrit dans un long grincement et ce que vit alors Samuel le laissa sans voix. Une vieille femme qu'on aurait dit sortie d'un conte, telle une fée déguisée en pauvresse, se tenait sur le paillasson, ses yeux pairs dardés sur Samuel d'un air interrogateur. Elle leva un doigt noueux contre la poitrine d'un Samuel bouche bée, et lui dit : « Tu sais pourquoi je suis là. Tu as toujours su que je viendrais. Ou aurais-tu oublié la petite enveloppe bleue que tu conserves précieusement depuis tant d'années dans le tiroir secret de ta table de nuit ? »

Non, Samuel n'avait pas oublié cette enveloppe. Il l'avait conservée précieusement. Mais à présent la visite de cette vieille dame l'obligeait à ne plus cacher ce qu'elle lui avait révélé : on lui avait transmis un don extraordinaire, précieux, inestimable,( ma phrase !) le don de l'imagination, qui lui permettait, d'un battement de cils, de s'évader dans des contrées et des paysages enchanteurs, des lieux connus et qu'il avait aimé ou des lieux inconnus qu'il découvrait, fasciné. Voilà pourquoi il ne sortait plus de chez lui depuis des années ! Le don avait rendu Samuel solitaire aux yeux des habitants du village. Mais Samuel n'était jamais seul, ils étaient nombreux, ses amis, au pays de son imagination. Mais comment avait-elle pu devenir réelle ? La jolie et mystérieuse Tania était-elle aussi devenue une réalité ?
Il l’avait désirée à un point tel qu’il se voyait se promener avec elle, bras dessus, bras dessous dans les ruelles, palabrant sur une terrasse bondée un jour d’été, d’automne ou d’hiver. Il se prêtait si bien au jeu qu’à plusieurs reprises il put remarquer des regards condescendants et moqueurs qui le déshabillaient. Probablement l’avait-on vu sourire, voire même émettre l’une ou l’autre phrase à une personne invisible ? Aujourd’hui, si la vieille bique était là, sans aucun doute, Tania serait là aussi. Son trouble psychotique profond ne put le contredire.

Il ne pouvait se résigner à laisser entrer ce laideron. Samuel était un autre homme depuis qu’il possédait cette enveloppe, il était hors de question de s’en séparer, hors de question de redevenir l’homme qu’il était naguère. La vie ne lui avait pas fait beaucoup de cadeaux et ce petit bout de papier bleu était la seule richesse valable à ses yeux, la seule chose qui vaille la peine de se battre. Ces petits centimètres carrés de papier, c’était son ciel bleu à lui, à elle Tania. Non, cette vieille chouette ne l’aurait pas !
 
Merci à Mathilde, Chantal, Constance, Laetitia (mon amie Wal), Marie-Line, Raphaël (mon homme donc moi hihihihi), Françoise, Mathilde, Chris et Lydie pour avoir prêté leur plume à ce jeu d'écriture ! Source Le cercle Le Points

J'étais si contente d'avoir gagner et j'ai demandé une "didicace". Comme je ne suis toujours pas arrivé à la faire faire en direct :O) je suis trop happy !!!!!

Impossible de mettre cette photo dans le bon sens grrrrr !

J'ai lu Le sommeil des poissons dans le tram pour l'essentiel et un peu avant de m'endormir aussi car lire ce livre c'est accepter de rentrer dans un univers fantaisiste, c'est se laisser bercer au rythme des mots de cette auteure. 

Ce livre est son premier roman et on trouve dans celui ci ce que j'aime dans l'écriture de cette femme ; tout un univers poétique et onirique et une place particulière pour les personnages féminins. Bien sur les hommes sont présents aussi car souvent l'amour est aussi un des thèmes de prédilection de Véronique Ovaldé. Ici les deux figures masculines sont représentées par le grand Jo et le petit Bikiti ( et pas Bikini c'est juste pour voir si vous lisez bien tout lol).

Ces deux là forment un duo particulièrement particulier ! Et j'ai aimé suivre leur périple comme pour des représentations de cirque. Avec ce grand Jo pas très futé mais fort et beau et ce Bikiti malin qui compte sur le grand pour s'enrichir. 

 " Sous l'eau, le Jo découvre un plaisir idéal. Il attend pour remonter de sentir ses poumons prêts à exploser, son cœur cogner comme un furieux. Jo, entouré de cette verdeur, de ces algues, de ces bris de soleil qui se déposent en éclats sur le dos des poissons, à la surface intime de l'eau - le monde vu à travers cette loupe...- Jo a l'impression d'échapper à sa pesanteur et voudrait toujours glisser, il sourit, l'animal, puis la pression devient trop forte, le corps s'embrume, les bras fourmillent, une inquiétude mauvaise attrape ses temps, il faut ressortir, crever le miroir et avaler tout l'air possible d'un coup, ah, cette joir de s sentir glacé, écharpé par le soleil et le vent qui brûle la peau et les yeux. "

Les femmes elles n'ont besoin des hommes que pour concevoir leurs marmailles. La Mano triste est comme une espèce de prêtresse de la nature féminine. Elle attends l'homme qui la fécondera. Et cette homme sera le grand Jo ... Pauvre de lui.... Mais voilà... je ne peux vous en dire plus... 

" Elle lui dit :
- Je suis toute petite et mouillée. "
Sa phrase grinça ; il regarda les seaux dans lesquels plicploquaient les gouttes qui traversaient le toit. Il vit le lit lus loin et la baignoire, toutes les petites choses parfumées posées sur le bord, il vit les murs suants et les foulards qui pendaient sans bouger aux dix coins de la pièce. Évidemment quand il la regarda au milieu de ce naufrage, il fut touché-charmé-ensorcelé.
Elle était toute petite et mouillée. 
Alors il avança et c'en fut fait de lui."

J'ai aimé ce premier roman de Véronique Ovaldé, comme j'ai aimé les deux autres que j'ai déjà lu :



Lire ces romans c'est accepter une part de non réalisme, c'est se rendre sur une terre onirique où il n'y a pas forcément de règle et pour ma part je m'y rends toujours avec plaisir.  

L'écriture de cette auteure est pour moi un enchantement, une façon différente de raconter des histoires qui nous emmènent loin à un rythme particulier qui me convient tout à fait.
 
Merci, merci à vous, Véronique Ovaldé 
pour ces très bons moments de lecture !

Merci aux Cercle le Points pour ce jeu qui m'a permis de gagner ce livre 
et d'avoir une sympathique Didicace ! 


Découvrir cet auteur sur Babelio.com
 

jeudi 20 mars 2014

Le printemps , la nature, la musique et l'amour : Werther






Werther
         (au paysan)
         Alors, c’est bien ici la maison du Bailli ?
         (congédiant son guide)
         Merci.
         (seul, Werther pénètre plus avant dans la cour et s’arrête devant la fontaine.)
         Je ne sais si je veille ou si je rêve encore !
         Tout ce qui m’environne a l’air d’un paradis ;
         le bois soupire ainsi qu’une harpe sonore,
         Un monde se révèle à mes yeux éblouis !
         O nature, pleine de grâce,
         Reine du temps et de l’espace
         Daigne accueillir celui qui passe et te salue,
         Humble mortel !
         Mystérieux silence !
         O calme solennel !
         Tout m’attire et me plaît !
         Ce mur, et ce coin sombre...
         Cette source limpide et la fraîcheur de l’ombre ;
         il n’est pas une haie, il n’est pas un buisson où
         n’éclose une fleur,
         où ne passe un frisson !
         O nature! enivre-moi de parfums,
         Mère éternellement jeune, adorable et pure !
         O nature !
         Et toi, soleil, viens m’inonder de tes rayons !  

 


Werther
         (d’une voix entrecoupée sans presque regarder Charlotte; douloureusement)
         Oui ! c’est moi ! je reviens ! et pourtant...
         loin de vous... je n’ai pas laissé passer une heure...
         un instant... sans dire:
         que je meure plutôt que la revoir !
         Puis... lorsque vint le jour que vous aviez fixé...
         pour le retour... je suis parti !
         Sur le seuil de la porte... je résistais encor... je voulais fuir !
         (sans accent)
         Qu’importe d’ailleurs tout cela !
         (accablé)
         Me voici!
        
         Charlotte
         (très émue, cherchant à se contenir et à paraître indifférente)
         Pourquoi cette parole amère? Pourquoi ne plus revenir ?
         Quant ici chacun vous attendait... mon père... les enfants !
        
         Werther
         (s’approchant avec une curiosité expressive)
         Et vous ? Vous aussi ?
        
         Charlotte
         (coupant court aux mots qu’elle sent sur les lèvres de Werther et sans lui répondre)
         Voyez! la maison est restée telle que vous l’aviez quittée !
         A la revoir ainsi
         (tendrement)
         ne vous semble-t-il pas qu’elle s’est souvenue ?
        
         Werther
         (jetant un regard autour de lui)
         Oui, je vois... ici rien n’a changé...
         (tristement)
         que les cœurs! Toute chose est encore à la place connue !
        
         Charlotte
         (tendrement et simplement)
         Toute chose est encore à la place connue !
        
         Werther
         (va par la chambre)
         Voici le clavecin qui chantait mes bonheurs
         Ou qui tressaillait de ma peine.
         Alors que votre voix accompagnait la mienne !
        
         Werther
         (venant près de la table)
         Ces livres ! sur qui tant de fois
         nous avons incliné nos têtes rapprochées!
         (Allant au secrétaire sur leque est placée la boîte aux pistolets)
         Et ces armes... Un jour ma main les a touchées...
         (d’une voix sourde)
         déjà j’étais impatient du long repos auquel j’aspire!
        
         Charlotte
         (sans voir ce dernier mouvement, est remontée vers le clavecin sur lequel elle a pris  un manuscrit; puis elle redescend vers Werther)
         Et voici ces vers d’Ossian que vous aviez commencé de traduire...
        
         Werther
         (prenant le manuscrit)
         Traduire ! Ah ! bien souvent mon rêve s’envola sur l’aile
         de ces vers, et c’est toi, cher poète,
         qui bien plutôt était mon interprète !
         (avec une tristesse inspirée)
         Toute mon âme est là !
         Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps,
         pourquoi me réveiller ?
         Sur mon front je sens tes caresses,
         Et pourtant bien proche est le temps
         Des orages et des tristesses !
         (avec désespérance)
         Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps ?
         Demain dans le vallon viendra le voyageur
         Se souvenant de ma gloire première...
         Et ses yeux vainement chercheront ma splendeur,
         Ils ne trouveront plus que deuil et que misère !
         Hélas!
         (avec désespérance)
         Pourquoi me réveiller ô souffle du printemps !
        
         Charlotte
         (dans le plus grand trouble)
         N’achevez pas ! Hélas ! ce désespoir...
         ce deuil... on dirait... il me semble...
        
         Werther
         Ciel ! Ai-je compris ?
         (plus accentué)
         Ai-je compris ?
         (palpitant)
         Dans cette voix qui tremble, dans ces doux yeux remplis
         de larmes n’est-ce pas un aveu que je lis ?
        
         Charlotte
         (frémissante)
         Ah! taisez-vous !
        
         Werther
         (en s’exaltant de plus en plus)
         A quoi bon essayer de nous tromper encore...
        
         Charlotte
         (suppliant)
         Je vous implore !
        
         Werther
         (avec ardeur)
         Va! nous mentions tous deux en nous disant vainqueurs
         de l’immortel amour qui tressaille en nos cœurs !
        
         Charlotte
         Werther !
        
         Werther
         (extasié et palpitant)
         Ah! ce premier baiser, mon rêve et mon envie !
         Bonheur tant espéré qu’aujourd’hui j’entrevois !
         Il brûle sur ma lèvre encor inassouvie ce baiser...
         ce baiser demandé pour la première fois !
        
         Charlotte
         (défaillante, tombe éperdue sur la canapé)
         Ah! Ma raison s’égare...
        
         Werther
         (se jetant à ses pieds)
         Tu m’aimes ! tu m’aimes ! tu m’aimes !





Choix des textes sur le thème du printemps qui arrive aujourd'hui 20 mars 2014.

Vous trouverez le texte dans sa totalité sur Libretti.

à l'occasion de la répétition générale, Werther sera joué 
demain vendredi 21 mars, dimanche 23 et mardi 25 mars 2014 !


Merci pour la découverte !


dimanche 16 mars 2014

La liberté, ou une nuit à Rome Alphonse de Lamartine

La liberté, ou une nuit à Rome

Comme l'astre adouci de l'antique Élysée,
Sur les murs dentelés du sacré Colisée,
L'astre des nuits, perçant des nuages épars,
Laisse dormir en paix ses longs et doux regards,
Le rayon qui blanchit ses vastes flancs de pierre,
En glissant à travers les pans flottants du lierre,
Dessine dans l'enceinte un lumineux sentier ;
On dirait le tombeau d'un peuple tout entier,
Où la mémoire, errante après des jours sans nombre,
Dans la nuit du passé viendrait chercher une ombre,


Rome - Le Colisée @Didi mars 2014

Ici, de voûte en voûte élevé dans les cieux,
Le monument debout défie encor les yeux ;
Le regard égaré dans ce dédale oblique,
De degrés en degrés, de portique en portique,
Parcourt en serpentant ce lugubre désert,
Fuit, monte, redescend, se retrouve et se perd.
Là, comme un front penché sous le poids des années,
La ruine, abaissant ses voûtes inclinées,
Tout à coup se déchire en immenses lambeaux,
Pend comme un noir rocher sur l'abîme des eaux ;
Ou des vastes hauteurs de son faîte superbe
Descendant par degrés jusqu'au niveau de l'herbe,
Comme un coteau qui meurt sous les fleurs du vallon,
Vient mourir à nos pieds sur des lits de gazon.

@Didi Rome mars 2014

Sur les flancs décharnés de ces sombres collines,
Des forêts dans les airs ont jeté leurs racines :
Là, le lierre jaloux de l'immortalité,
Triomphe en possédant ce que l'homme a quitté ;
Et pareil à l'oubli, sur ces murs qu'il enlace,
Monte de siècle en siècle aux sommets qu'il efface.
Le buis, l'if immobile, et l'arbre des tombeaux,
Dressent en frissonnant leurs funèbres rameaux,
Et l'humble giroflée, aux lambris suspendue,
Attachant ses pieds d'or dans la pierre fendue,
Et balançant dans l'air ses longs rameaux flétris,
Comme un doux souvenir fleurit sur des débris.
Aux sommets escarpés du fronton solitaire,
L'aigle à la frise étroite a suspendu son aire :
Au bruit sourd de mes pas, qui troublent son repos,
Il jette un cri d'effroi, grossi par mille échos,
S'élance dans le ciel, en redescend, s'arrête,
Et d'un vol menaçant plane autour de ma tête.
Du creux des monuments, de l'ombre des arceaux,
Sortent en gémissant de sinistres oiseaux :
Ouvrant en vain dans l'ombre une ardente prunelle,
L'aveugle amant des nuits bat les murs de son aile ;
La colombe, inquiète à mes pas indiscrets,
Descend, vole et s'abat de cyprès en cyprès,
Et sur les bords brisés de quelque urne isolée,
Se pose en soupirant comme une âme exilée.


Rome - Vue depuis le Colisée @Didi mars 2014

 Les vents, en s'engouffrant sous ces vastes débris,
En tirent des soupirs, des hurlements, des cris :
On dirait qu'on entend le torrent des années
Rouler sous ces arceaux ses vagues déchaînées,
Renversant, emportant, minant de jours en jours
Tout ce que les mortels ont bâti sur son cours.
Les nuages flottants dans un ciel clair et sombre,
En passant sur l'enceinte y font courir leur ombre,
Et tantôt, nous cachant le rayon qui nous luit,
Couvrent le monument d'une profonde nuit,
Tantôt, se déchirant sous un souffle rapide,
Laissent sur le gazon tomber un jour livide,
Qui, semblable à l'éclair, montre à l’œil ébloui
Ce fantôme debout du siècle évanoui ;
Dessine en serpentant ses formes mutilées,
Les cintres verdoyants des arches écroulées,
Ses larges fondements sous nos pas entrouverts,
Et l'éternelle croix qui, surmontant le faîte,
Incline comme un mât battu par la tempête.


Rome - Le Colisée @Didi mars 2014

Rome ! te voilà donc ! Ô mère des Césars !
J'aime à fouler aux pieds tes monuments épars ;
J'aime à sentir le temps, plus fort que ta mémoire,
Effacer pas à pas les traces de ta gloire !
L'homme serait-il donc de ses œuvres jaloux ?
Nos monuments sont-ils plus immortels que nous ?
Égaux devant le temps, non, ta ruine immense
Nous console du moins de notre décadence.
J'aime, j'aime à venir rêver sur ce tombeau,
A l'heure où de la nuit le lugubre flambeau
Comme l’œil du passé, flottant sur des ruines,
D'un pâle demi-deuil revêt tes sept collines,
Et, d'un ciel toujours jeune éclaircissant l'azur,
Fait briller les torrents sur les flancs de Tibur.
Ma harpe, qu'en passant l'oiseau des nuits effleure,
Sur tes propres débris te rappelle et te pleure,
Et jette aux flots du Tibre un cri de liberté,
Hélas ! par l'écho même à peine répété.



Rome - Le Colisée @Didi mars 2014

" Liberté ! nom sacré, profané par cet âge,
J'ai toujours dans mon cœur adoré ton image,
Telle qu'aux jours d’Émile et de Léonidas,
T'adorèrent jadis le Tibre et l'Eurotas ;
Quand tes fils se levant contre la tyrannie,
Tu teignais leurs drapeaux du sang de Virginie,
Ou qu'à tes saintes lois glorieux d'obéir,
Tes trois cents immortels s'embrassaient pour mourir ;
Telle enfin que d'Uri prenant ton vol sublime,
Comme un rapide éclair qui court de cime en cime,
Des rives du Léman aux rochers d'Appenzell,
Volant avec la mort sur la flèche de Tell,
Tu rassembles tes fils errants sur les montagnes,
Et, semblable au torrent qui fond sur leurs campagnes
Tu purges à jamais d'un peuple d'oppresseurs
Ces champs où tu fondas ton règne sur les mœurs !
" Alors !... mais aujourd'hui, pardonne à mon silence ;
Quand ton nom, profané par l'infâme licence,


Rome - Le Colisée @Didi mars 2014

Du Tage à l'Éridan épouvantant les rois,
Fait crouler dans le sang les trônes et les Iris ;
Détournant leurs regards de ce culte adultère,
Tes purs adorateurs, étrangers sur la terre,
Voyant dans ces excès ton saint nom se flétrir,
Ne le prononcent plus... de peur de l'avilir.
Il fallait t'invoquer, quand un tyran superbe
Sous ses pieds teints de sang nous fouler comme l'herbe,



Rome - Le Colisée @Didi mars 2014
 
En pressant sur son cœur le poignard de Caton.
Alors il était beau de confesser ton nom :
La palme des martyrs couronnait tes victimes,
Et jusqu'à leurs soupirs, tout leur était des crimes.
L'univers cependant, prosterné devant lui,
Adorait, ou tremblait !... L'univers, aujourd'hui,
Au bruit des fers brisés en sursaut se réveille.
Mais, qu'entends-je ? et quels cris ont frappé mon oreille ?
Esclaves et tyrans, opprimés, oppresseurs,
Quand tes droits ont vaincu, s'offrent pour tes vengeurs ;
Insultant sans péril la tyrannie absente,
Ils poursuivent partout son ombre renaissante ;
Et, de la vérité couvrant la faible voix,
Quand le peuple est tyran, ils insultent aux rois.


Rome - Vue depuis le Colisée @Didi mars 2014

Tu règnes cependant sur un siècle qui t'aime,
Liberté ; tu n'as rien à craindre que toi-même.
Sur la pente rapide où roule en paix ton char,
Je vois mille Brutus... mais où donc est César ? "

Alphonse de Lamartine 
Extrait de Méditations poétiques 



Ma participation au Printemps des Poètes


Rome - Le Colisée @Didi mars 2014