Chaque nuit, Pecola priait pour avoir des yeux bleus. Elle avait onze ans et personne ne l'avait jamais remarquée. Mais elle se disait qu'avec des yeux bleus tout serait différent. Elle serait si jolie que ses parents arrêteraient de se battre, que son père ne boirait plus, que son frère ne ferait plus de fugues. Si seulement elle était belle, si seulement les gens la regardaient.
Quand quelqu'un entra, la regarda enfin, c'était son père et il était ivre. Elle faisait la vaisselle et il la viola sur le sol de la cuisine, partagé entre la haine et la tendresse....
"Premier roman de l'auteur de Beloved et de Jazz, le livre contient déjà tous les thèmes de l’œuvre, le monde noir, l'enfance, la servitude des femmes, portés à un rare degré de perfection ... atmosphère poignante de ce récit marqué par le désamour. L'écrivain y trouve d'emblée sa langue incandescente, épurée au creuset de William Faulkner et rythmée par la cadence lancinante du bleus." --Anne Pons, L'Express
Mon avis :
Lecture d'un livre acheté en occasion (1 euro !) lors de la vente de livres d'occasion de la médiathèque de ma ville.
Ma moisson ! @Didi |
Cette lecture fût un peu déconcertante dans sa composition. On passe de personnage en personnage de façon pas très linéaire ... Le fils conducteur reste cette jeune enfant Pecola. Cette enfant qui n'a rien pour elle, la pauvre, et qui pense qu'avoir les yeux bleus changerait sa vie.
" - Que puis-je faire pour toi mon enfant ?- Je ne peux plus aller à l'école. Et je me suis dit que tu pourrais peut-être m'aider.- T'aider, comment ? Dis-moi. N'aie pas peur.- Mes yeux ?- Et bien quoi tes yeux ?- Je veux qu'ils soient bleus. "Soaphead a fait la moue et sa langue a caressé une de ses dents en or. Il a pensé que c'était la demande la plus fantastique et la plus logique qu'on lui ait adressée. Voici une petite fille très laide qui demandait la beauté. Il a été submergé par un élan d'amour et de compréhension, vite remplacé par la colère. La colère devant sa propre impuissance à l'aider. De tous les souhaits que les gens lui avaient adressés - argent, amour, vengeance - celui-ci lui paraissait le plus poignant et lui semblait mérité le plus d'être exausé. Une petite fille noire qui voulait sortir de la fosse de sa négritude pour voir le monde avec les yeux bleus.
J'ai retrouvé l'écriture âpre de Toni Morisson, cette écriture qui colle si bien à la dure réalité de bien des hommes et des femmes de ce roman.
J'ai lu en novembre 2012 Home (dans le cadre des matchs littéraires de P. M auxquels je vais participer encore cette année !). Vous pouvez cliquer sur le lien du titre :-)
Le malaise est bien là, le malaise de ces vies malmenées par cette misère poisseuse et obsédante.
Et l'écriture de Toni Morisson sur la vie la mort, si juste !
" Le repas a été joyeux après la beauté grandiose de l'enterrement . C'était comme une tragédie de la rue, avec la spontanéité cachée dans les coins d'une histoire tout à fait formelle. La défunte était l'héroïne tragique, les survivants les victimes innocentes ; il y avait l'omniprésence de la déité, les strophes et les antistrophes du chœur des pleureuses conduites pas le pasteur. Il y avait la douleur à propos de la perte de cette vie, de l'étonnement devant les voies insondables de Dieu, et, au cimetière, la restauration de l'ordre et de la nature.Aussi le repas d'enterrement a été l'exultation, l'harmonie, l'acceptation de la fragilité de la vie, la joie de voir s'achever une souffrance. Le rire, le soulagement, et une grande faim."
Et ce drame, cet inceste si dérangeant, mis en mots de façon exceptionnelle. On est là, on assiste impuissant à l'ignominie...
Dérangeant, heurtant,
un livre choc qui cogne là où sa fait mal !
Une lecture coup de poing !
A lire avec des yeux bleus, gris, verts, marrons !
A découvrir ! Merci !
RépondreSupprimerBonjour Jerry,
Supprimeroui une écriture qui nous secoue.
Merci pour cette découverte. Une grande auteure.
RépondreSupprimerCoucou Alex,
Supprimeroui une grande auteure j'ai encore des titres à découvrir dont certains dans ma PAL.
Bises et bon credi !
Pas son meilleur roman mais en même temps c'était le premier. Morrison est incontournable, une icône de la littérature américaine !
RépondreSupprimerCoucou Jérôme,
Supprimeroui un premier roman avec ses défauts sans doute.
Sur les deux romans que j'ai lu d'elle j'ai trouvé le point commun d'histoire non linéaire que ce soit dans Home ou celui-ci on saute d'une époque à l'autre et d'un narrateur à un autre. Marque de fabrique peut-être.
Bises
Je ne connais que Home découvert en livre audio et je n'avais pas accroché (c'était dû au support, je pense). Tu me rappelles surtout que je ne dois pas perdre cet auteur de vue, merci!
RépondreSupprimerCoucou
SupprimerMoi je n'accroche pas du tout aux livres audios quel qu’ils soient :-( j'ai tenté tenté mais rien n'y fait ça ne s'imprime pas dans ma tête :-O
Bises