samedi 3 mars 2012

Fakirs d'Antonin Varenne



"Du côté de Guérin et Lambert, l’ambiance est ainsi campée, lourde, franchouillarde. Inscrite dans une certaine normalité en dépit des fêlures des deux principaux protagonistes. Le lieutenant Guérin, exilé du 36 Quai des Orfèvres — après une sombre histoire mal élucidée — est installé aux Suicides, la corvée redoutée de la Judiciaire, flanqué d’un stagiaire, Lambert, qui passe pour un débile patenté auprès de tous ses collègues, qui ne lui font grâce d’aucune humiliation.

Le duo fonctionne contre vents et marées, une curieuse affection liant les deux hommes, l’admiration du plus jeune pour l’intelligence et l’intuition de son Patron servant de révélateur et de moteur.

De l’autre côté, un espace vaste et plutôt flou, faisant le grand écart entre la France et les États-Unis. Là, on trouve John Nichols, un Franco-Américain installé dans un tipi planté sur les bords d’une rivière du centre de la France. La maréchaussée débarque un jour dans son campement pour l’emmener à Saint-Céré où on lui apprend la mort de son ami américain, Alan Mustgrave. Elle est intervenue tandis qu’il s’écorchait en direct, sur la scène d’une boîte branchée du Paris underground, très cotée pour ses spectacles sado-maso.

Arrivé dans la capitale, l’agression dont est victime Nichols le convainc que la mort de son ami n’est peut-être pas le résultat d’un accident, comme beaucoup — notamment à l’ambassade américaine — voudraient le croire et le faire croire. D’autant qu’il détient des documents qui mettent en lumière le passé d’Alan, qui, en tant qu’ex-Marine, a participé aux guerres du Golfe et d’Irak.

Alan a-t-il véritablement été victime d’un accident ? S’est-il suicidé ? A-t-il été assassiné ?

Lors de ses recherches, John va croiser des individus des plus bigarrés, le très BCBG Frank Hirsh, amoureux transi d’Alan, Ariel, la patronne du Caveau de la bolée, Paty, l’amie peintre d’Alan au tempérament bien trempé, et puis Bunker et son chien Mesrine, gardien de parc et ex-taulard… Et bien sûr Guérin et son comparse Lambert…

On progresse dans une intrigue complexe, souterraine, mettant au jour les aspects les plus sombres de l’humain, qui nous pousse à une réflexion sur le suicide, la torture, le pouvoir. Et pourtant, malgré sa noirceur, son côté glauque, Fakirs nous tient en haleine d’un bout à l’autre, on rit, jaune ou noir cela dépend, et les portraits comme les descriptions que nous donne en prime Antonin Varenne finissent de nous convaincre qu’on se trouve là en présence d’un écrivain. " SOURCE éditions Viviane Hamy

Antonin Varenne me dédicaçant Fakirs QDP 2011
Ma Didicace !
 Mon avis :

Ce livre m'attendait depuis presque un an (Quais du polar version 2011) et ainsi à l'approche du nouveau Quai des polars 2012, dans à peine un mois, cette lecture s'imposait, et oui je dois épurer ma PAL "noire" pour pouvoir en rajouter, car regarder cette liste d'invités pour 2012, c'est complètement ouf : ICI


Antonin Varenne dresse dans Fakirs, je trouve des portraits de différents personnages. Nous avons alors dans ce livre une galerie de portraits comme une grande galerie des glaces où les âmes des protagonistes se forment et se déforment.

Le duo des enquêteurs : Lambert et Guérin est très décalé, ils sont des marginaux, des laissés pour compte au sein même du 36 quai des Orfèvres, comme les dossiers des suicidés qu'ils traitent tant bien que mal. Le but étant de tiré un fil invisible entre toutes ces histoires de fins.

Guérin est un être torturé, mis au placard pour des raisons d'histoires très glauques  découvertes au sein de sa hiérarchie... Son perroquet est son seul compagnon à la maison, c'est dire sa condition.

Les suicides relient les histoires, les meurtres aussi, c'est la théorie à laquelle Guérin se rattache sans pouvoir toutefois arriver à tout relier...

Si j'ai aimé cette galerie de personnages, j'ai trouvé que l'intrigue manquait de clarté, mais c'est peut être moi qui ai eu du mal à faire les connexions nécessaires. Mais du coup j'ai été un peu frustrée de ne pas saisir le comment du pourquoi ...

Dans les portraits je me suis prise d'affections et d'intérêt  pour le personnage de Bunker. A lui seul, il aurait pu porter une sacrée histoire... Ahh ce Bunker m'a plu. J'ai aimé le suivre (extrait Bunker dans le train de nuit) !

"La vitre ne reflétait plus que son visage, sur un fond noir strié par les lumières de la banlieue. Il avait vu passer, toujours plus vite, les bâtiments modernes et éclairé du nouveau Paris, des immeubles aux éclairages moins somptueux, puis des rues désertes de villes dortoirs aux pavillons endormis. Ensuite passé Ulis, les grandes plaines noires. la campagne se devinait derrière le verre Securit, à un silence plus profond qui avait pénétré les voyageurs. Un silence proche de l'envie de dormir. Son visage était devenu plus net, plaqué sur ce décor invisible. Un voyage où l'on ne contemple que soi, en mouvement dans des paysages interprétés. Si la trouille ne les collait pas au sol, les vieux taulards feraient de bons voyageurs. Train de nuit."

Une lecture somme toute agréable, lecture qui aurait gagné selon moi (ou pour moi), à plus de limpidité dans ses intrigues, mais après tout, certaines choses ne peuvent raisonnablement s'expliquer...

Il faudrait que je lise la thèse de John P. Nichols pour m'éclairer sur le syndrome de Saint Sébastien....

" Tout se passe donc comme si le bourreau laissait à la victime le soin de poursuivre on œuvre d'anéantissement. mais le cas de cet homme, ancien tortionnaire, devenu sa propre victime -physique et représentative -, est une illustration frappante de ce que nous avons nommé le Syndrome de Saint Sébastien : l'inversion de l'objet et du sujet de la tortures et ses conséquences comportementales. Ce cas sera l'objet et le sujet de notre recherche sur les traumatismes de guerre du point de vue du tortionnaire. Sera donc abordée la question de savoir s'il existe d'autres formes de torture qu'un torture "institutionnalisée". Nous verrons clairement que non : au sens du suicide, tel qu'il fut choisi comme objet d'étude par les premiers sociologues, la torture est un fait socal. paraphrasant Durkheim et sa célèbre démonstration sur la mort volontaire, nous pourrions ainsi conclure cette introduction (à la thèse donc) : Chaque société est prédisposée à fournir un contingent déterminé de tortionnaires. " John P. Nichols


 
Merci à Antonin Varenne que je relirais avec plaisir en piochant ICI !


14 commentaires:

  1. Fakir ou pas Antonin t'a fait une belle dédicace

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    1. Bonjour Gérard, je ne crois pas qu'Antonin soit fakir mais il est charmant ce qui ne gâche pas la dédicace ;-)
      Bonne soirée !

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  2. J'ai dévoré quantité de polars lorsque j'étais ado, et depuis la palpitante trilogie Millenium, j'avoue n'avoir rien lu dans le genre.
    Merci ma chère Didi pour ce très beau billet, je te souhaite une agréable soirée

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    1. Bonsoir Kenza, pour les polars je fais des périodes mais j'aime bien et le quais du polar est souvent un très bon rendez vous pour ma PAL Noire :-)
      Je n'ai pas encore lu la trilogie Millenium mais je le ferais :-
      Bisous et bonne soirée.

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  3. coucou,
    merci, d'etre passé..
    a dire vrai,
    c'est pas la top forme..
    mais bon....
    c'est la vie..
    j'éspere que pour toi,
    c'est festival..
    de joies,et de bonheurs...
    je l'éspére du fond du ♥.......
    prends bien soin de toi....
    bizzzzzzzzzz claire

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    1. Coucou Claire, ben zut alors c'est pas le top alors ... Je t'envoie pleins de pensées ++++ pour que tu ailles mieux.
      Gros bisous

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  4. Quel roman ! Noir à souhait, brrrr.... Je m'en rappelle encore. En revanche, son "gâteau mexicain" est totalement différent.

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    1. Coucou Alex :-) oui un roman bien noir, il pleut des suicides ... brrr comme tu dis :-)
      Je sais que tu avais lu Fakirs, est-ce que comme moi tu as eu du mal à faire les liens ? Parfois je me dis que je dois vieillir ...oups.
      Le thème du gâteau mexicain à l'air sympa et moins noir.
      Au fait iras tu au quais du polar à Lyon ? Tu me diras.
      Bisous et bon mercredi !

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  5. Coucou ma chère Didi,
    ta présentation très complète de ce roman ne m'attire pourtant pas ... une envie de limpidité m'occupe en ce moment et je délaisse mes chers polars au profit de romans plus "clairs" ou de biographies ... je me laisse guider par mon instinct que veux-tu ?!!!
    Plein de bisous à toi !

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    1. Coucou toi :-)
      Oui en matière de lectures il faut se laisser guider par ses envies du moments, du plaisir et rien d'autre, je veux !
      Bisous bisous
      P.S : je n'ai pas honoré le tag ... pas trop inspirée, j'espère que tu ne m'en voudras pas chère amie.

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  6. Tu as eu le droit à une belle dédicace ou didicace, c'est encore mieux! Je sors de thrillers très noirs aussi et je vais souffler un peu car trop c'est trop dans l'horreur parfois. Bon dimanche, Didi.

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    1. Coucou Mango oui une "Didicace" c'est toujours agréable :-)
      Comme toi je prends des doses de noir et puis je reviens à la littérature plus douce.
      Bon dimanche aussi chère Mango !

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  7. Pas plus tentée que cela. Le pitch ne me paraissait déjà pas très limpide et ton billet confirme cette impression.

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    1. L'écriture est bonne et je l'ai apprécié, mais j'ai en effet pour ma part eu du mal à décoder, le comment du pourquoi, de tous ces morts...et les rouages et imbrications entre les différentes affaires.
      J'ai peut être loupé le coche ...
      A découvrir pour une écriture en galerie de portraits : de Paris et des personnages.

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