« Fascinée, je contemple de nouveau le semi-automatique. L’idée me traverse l’esprit de le retourner contre moi mais, encore une fois, Vincent n’est le problème. Il le sait, je le sais. Le problème, ce sont ces fichues règles de travail qui changent toutes les semaines. La tension permanente suscitée par l’affichage des résultats de chaque salarié, les coups d’œil en biais, les suspicions, le doute permanent. La valse silencieuse des responsables d’équipes, toujours plus jeunes et plus inflexibles. L’infantilisation, les sucettes comme récompense, les avertissements comme punition, les objectifs inatteignables. Les larmes qui coulent pendant des heures, une fois seul, mêlées à une colère froide qui rend insensible à tout le reste. Les injonctions paradoxales, la folie des chiffres, les caméras de surveillance, la double écoute, le flicage, la confiance perdue. La peur et l’absence de mots pour la dire. Le problème, c’est l’organisation du travail et ses extensions. Personne ne le sait mieux que moi. Vincent Fournier, 13 mars 2009, mort par balle après ingestion de sécobarbital, m’a tout raconté. C’est mon métier, je suis médecin du travail. Écouter, ausculter, vacciner, notifier, produire des statistiques. Mais aussi : soulager, rassurer. Et soigner. Avec le traitement adéquat. »Un roman noir à offrir de toute urgence à votre DRH.
Marin Ledun a déjà publié sept romans (dont La Guerre des vanités, « Série noire », Gallimard, 2010 et Zone Est, Fleuve noir, 2011) et des essais dont Pendant qu’ils comptent les morts (La Tengo, 2010)…
Mon avis :
Alors que s'enchaine en cette sinistre actualité les morts avec violence dans le cadre du travail (une professeur d'anglais s'immole par le feu et décède, un professeur de SVT devient fou et tue une jeune policière avec un sabre...) je lisais "tranquillement" le livre de Marin Ledun "Les visages écrasés", opus acheté au dernier Quai des polars 2011 en mars dernier !
Marin Ledun me dédicace les visages écrasés QDP mars 2011 |
Le monde du travail et la société sont en passe de m'inquiéter et je trouve la fiction de Marin Ledun presque trop proche de la réalité ... Gloups...
On commence l'histoire avec peu d'espoir et on finit dans le vide ... Vous aimez les " happy end " passez votre chemin, sans vous arrêter, bref fuyez !!!
Noir noir très très noir cette lecture ! Je la déconseille aux âmes sensibles et aux désespérés ...
Vous ne trouverez pas là de quoi vous relever c'est sur, on tombe, on tombe et on s'écrase ne pensez pas vous envolez... (une des scènes du livre m'a fait penser à "Thelma et Louise")
Vous ne trouverez pas là de quoi vous relever c'est sur, on tombe, on tombe et on s'écrase ne pensez pas vous envolez... (une des scènes du livre m'a fait penser à "Thelma et Louise")
L'écriture est très clinique, on investit l'esprit tourmenté du médecin psychologue d'une plateforme d'appel : Le Docteur Carole Matthieu. Et là encore, l'actualité et ces suicides nous reviennent à la face ! Le monde du travail apparaît ici bien dur et sans appel, hélas ne nous voilons pas la face le monde du travail n'est pas souvent idyllique...
Le profit, la rentabilité, les chiffres rien que les chiffres et rien d'autres la part humaine s'amenuise pour devenir peau de chagrin ...
Le profit, la rentabilité, les chiffres rien que les chiffres et rien d'autres la part humaine s'amenuise pour devenir peau de chagrin ...
La force de ce livre est de prendre le parti de la spirale descendante et de ne plus en sortir ... Comme une obsession, Marin Ledun enfonce le clou comme pour mieux alerter !
La part humaine ici est décortiquée comme lors d'une autopsie aseptisée ... Très peu de place aux relation humaines dans ce qu'elles apportent de positifs.
Le personnage de Carole Matthieu est un personnage aussi noir que les patients qu'elle soigne, un personnage que Marin Ledun n'épargne pas, qui s'imprègne des problèmes des autres au point de ne plus voir les siens ou/et de les faire siens... Tout est imbriqué la souffrance du docteur qui soigne des souffrants ... Désespérance.
Ce type de personnage, Marin Ledun sait très bien nous les décrire. J'ai néanmoins trouvé que le côté féminin du personnage n'était pas forcément bien vu, par moment je sentais bien l'écriture d'un auteur masculin... !
Marin Ledun construit des personnages amochés, écrasés, dans "Modus operandi", il n'épargne pas Eric Darrieux non plus.
Ce sont des personnages drogués aux médicaments ou à l’alcool, ce sont des personnages durs à cerner pour le lecteur qui parfois subit les effets indésirables du manque, ces personnages sont profondément noirs ...
Marin Ledun construit des personnages amochés, écrasés, dans "Modus operandi", il n'épargne pas Eric Darrieux non plus.
Ce sont des personnages drogués aux médicaments ou à l’alcool, ce sont des personnages durs à cerner pour le lecteur qui parfois subit les effets indésirables du manque, ces personnages sont profondément noirs ...
Mais alors Monsieur Ledun, votre belle dédicace sur ce livre,vous y croyez ??? !...
Moi, je veux y croire, sinon c'est définitivement et implacablement bien trop noir ...
Moi, je veux y croire, sinon c'est définitivement et implacablement bien trop noir ...
"Pariez sur les hommes et les femmes. Pariez sur la vie toujours."
Amicalement.
Marin Ledun
Bonne lecture à ceux qui gardent espoir en l'humain !
Le monde du travail et particulièrement celui des enseignants devient de plus en plus dur ! Les jeunes sont souvent cyniques, blasés et ils ne croient plus vraiment dans les adultes ! Quel gâchis ! Je retiens la phrase de ta dédicace :"Pariez sur les hommes et les femmes. Pariez sur la vie toujours." Bonne journée en attendant un peu de repos ...
RépondreSupprimer@ Lily : oui espérer en l'homme c'est quand même important et essentiel !
RépondreSupprimerBisous et oui les vacances arrivent ;-)
Les morts s'enchainent en effet, ça fait froid dans le dos parfois... du coup je privilégie la jeunesse en ce moment, souvent plus légère :) Bien que j'ai commencé aussi le nouveau Murakami, pas si léger...
RépondreSupprimer@ Hérisson : oui les morts s'enchainent et c'est un puits sans fond... Gloups
RépondreSupprimerOui un peu de plus léger même si Murakami ne l'est pas vraiment mais son écriture poétique rends les choses plus douces...
Je suis très curieuse du dernier livre de Mourlevat qui ravit les lecteurs Terrienne !
Bises en espérant se croiser à Sainté prochainement !
Il faut y croire. Il faut espérer. Il faut parier sur des héros positifs même dans les conditions les plus dramatiques qui soit. Il faut être un peu visionnaire - comme Hugo par exemple - pourquoi pas? Tu as raison, un roman aussi noir sans solution et c'est toute ma journée qui est plombée!
RépondreSupprimer@ Mango : oui il faut y croire et se donner les moyens ! Marin Ledun m'a fait une réponse par mail je vais lui demander si je peux vous la faire partager.
RépondreSupprimerBisous Mango !
Moi j'aime bien les livres noirs !
RépondreSupprimer@ Wal : Madame est servie ;-) si tu veux me l'emprunter c'est quand tu veux !
RépondreSupprimerBises
Alors, peut-être un peu trop dur pour moi en ce moment qui ne suis pas encore remise du film Polisse... Quant au sujet du travail... Quel est la solution pour retrouver de l'humanité, qui est pourtant la seule chose qui pourrait nous sauver. Humanité = bien être = productivité
RépondreSupprimerHumanité = moins de stress , moins d'arrêt de travail, moins d'antidépresseur, moins de trou pour la sécu...
@ Géraldine : oui je pense que ce livre est très dur et noir de chez noir. Oui il faut croire en l'homme et le remettre au centre des valeurs même dans le travail où hélas on ne le voit plus en tant qu'homme (au sens large ;-)
RépondreSupprimerVaste programme que la fameuse crise fait passer de côté encore...
Bises Géraldine !