mercredi 1 décembre 2021

Poussière dans le vent Leonardo Padura


 #Poussièredanslevent #NetGalleyFrance

Ils ont vingt ans. Elle arrive de New York, il vient de Cuba, ils s’aiment. Il lui montre une photo de groupe prise en 1990 dans le jardin de sa mère. Intriguée, elle va chercher à en savoir plus sur ces jeunes gens.

Ils étaient huit amis soudés depuis la fin du lycée. Les transformations du monde et leurs conséquences sur la vie à Cuba vont les affecter. Des grandes espérances jusqu’aux pénuries de la « Période spéciale » des années 90, après la chute du bloc soviétique, et à la dispersion dans l’exil à travers le monde. Certains vont disparaître, certains vont rester, certains vont partir.

Des personnages magnifiques, subtils et attachants, soumis au suspense permanent qu’est la vie à Cuba et aux péripéties universelles des amitiés, des amours et des trahisons.

Depuis son île, Leonardo Padura nous donne à voir le monde entier dans un roman universel. Son inventivité, sa maîtrise de l’intrigue et son sens aigu du suspense nous tiennent en haleine jusqu’au dernier chapitre.

Ce très grand roman sur l’exil et la perte, qui place son auteur au rang des plus grands écrivains actuels, est aussi une affirmation de la force de l’amitié, de l’instinct de survie et des loyautés profondes.

Mon avis :

Voilà un pavé (plus de 600 pages) que j'ai lu, avec des hauts et des bas et dont je ne sais finalement comment vous en parler… C'est bête pour un partenariat … 

Alors, je dirais que c'est un livre qui questionne beaucoup l'esprit identitaire des cubains. 

Qui nous parle des cubains, plus que de Cuba, même si finalement une nation est avant tout faites de ses hommes et de ses femmes. 

Si vous cherchez comme moi, la mise en avant des paysages magnifiques de Cuba (découverts pour ma part en 2003 dans un cadre uniquement touristique enchanteur et privilégié) mais aussi de l'esprit cubain qui anime les gens de là bas (des gens d'une gentillesse incroyable, d'une énergie captivante et d'un esprit positif délicieux), alors vous serez comme moi un peu déçue… 

Mais, c'est sur, nous ne sommes pas dans la carte postale, mais bien dans la vie compliquée des cubains à cause d'une régime politique de dictature

Non pas que je mette de côté les difficultés du peuple cubain. Non, non, ce peuple est admirable tant il a dû et su s'adapter à ce régime restrictif.

Padura dissèque dans son livre, le dilemme douloureux et amoureux auxquels les cubains par la force des choses ont dû se livrer envers leur patrie. 

Rester ou partir aurait pu être le titre de ce livre. Même si "Poussière dans le vent" est si poétique et m'a mis dans les oreilles la belle chanson de Kansas 

Dust in the wind Kansas

Mais j'avoue ma lecture a été surtout dans la première partie un peu laborieuse, car on se place dans la tête de chacun des personnages qui sont très torturés.

J'ai eu aussi du mal à bien les identifier au départ et bien du mal aussi à comprendre les multiples fils conducteurs entre les uns et les autres… Oups

J'ai préféré quand le récit s'arrachait un peu des pensées de chacun pour faire vivre le relationnel dans la distance des exils voulus ou imposés de la plupart. 

De la même manière que Felipe Martinez et pour des raisons très semblables, Horacio fut condamné au déracinement. Les deux hommes, qui avaient lutter pour quitter Cuba, qui avaient renié l’environnement cubain et risqué leur vie dans la traversée téméraire du détroit de Floride, étaient deux êtres au cœur à jamais brisé : condamnés à être sans pouvoir être ce qu’ils étaient, à vivre une existence en suspension, avec les racines apparentes (déracinés), avec une tendance trop marquée à idéaliser un passé glorieux (presque toujours exagéré) de nuits de bringue, d’ivresse, pleines de musique et de jolies femmes, ce temps de l’apprentissage où ils avaient grandi. Plus que des exilés, tous deux avaient la complicité des réfugiés perpétuels, nourris de la mémoire affective et de la douce illusion d’un rêve de retour. Vivants ou morts.

Le fil conducteur de la disparition d'Elisa et de ses causes m'a un peu lassé à un moment mais j'ai apprécié découvrir sa fuite et le chemin qu'elle a essayé de prendre…


"Elle m'a seulement dit qu'elle venait de de Cuba et qu'elle préférait ne pas parler de son pays. Que cela lui faisait mal et qu'elle l'avait enterré … Le Pays je veux dire… et avec lui, son passé. Ce qui peut être une sage décision. Le grand enseignement de Bouddha, c'est que la seule façon de se libérer complètement de la souffrance est de se libérer radicalement du désir ; et le moyen d'y parvenir, c'est d'exercer  son esprit pour vivre la réalité telle qu'elle se présente. Je sais que ce n'est pas facile… L'un des dépassements les plus importants que nous indique Bouddha est justement celui du passé, parce qu'il a été déjà vécu, bien ou mal, il est écoulé et il n'est pas réparable. Et , en même temps, ne pas essayer de prévoir l'avenir… puisqu'il n'a pas encore eu lieu , et que vouloir le prédire est une source d'anxiété, et que l'anxiété génère de la souffrance."

J'ai donc découvert la plume de Leonardo Padura, écrivain cubain qui sait transcrire tous les sentiments de son peuple. 

Ce livre est presque un essai sur l'identité cubaine, car si il y a de la fiction elle ne représente pas l'essentiel du livre.

L’enfermement physique et mental auquel ils étaient soumis, sans en avoir vraiment conscience (sauf Elisa, la British), leur faisait voir le monde extérieur comme une carte divisée entre deux couleurs antagoniques : les pays socialistes (les gentils) et les pays capitalistes (les méchants). Dans les pays socialistes (ou il était en plus possible de se rendre) on construisait avec ardeur l’avenir radieux (même si pas très joli, disait Irving) d’égalité et de démocratie juste, régie par la dictature du prolétariat confiée à l’avant-garde politique du Parti durant la phase de construction du communiste dont l’avènement constituerait le point culminant de l’Histoire, le bonheur de l’humanité. Dans les Etats capitalistes décadents prédominaient le vol et la discrimination, l’exploitation de l’homme par l’homme, la violence et le racisme, l’hypocrite démocratie bourgeoise, des guerres comme celle du Vietnam y étaient générées, il se produisait des scandales comme celui du Watergate, il s’instaurait des dictatures sanguinaires comme au Chili, même s’ils devaient bien reconnaître que c’était de là que venait la musique qu’ils aimaient écouter, les vêtements qu’ils préféraient porter et même la majorité de ces livres qu’ils adoraient lire (comme le soutenait Bernardo).

J'ai tout de même apprécié le livre surtout dans sa deuxième partie qui nous embrouille moins dans les relations des uns et des autres et qui s'attache à faire les portraits de ceux qui restent et des exilés.

Le livre est un gros pavé et ma lecture en E book en a été un peu compliquée, du mal à me repérer dans mon avancée de lecture ...et le format ne me permettait pas de mettre des marques pages... Ainsi, j'ai perdu des citations.



J'ai trouvé une interview très intéressante de l'auteur que je vous invite à découvrir :

https://www.en-attendant-nadeau.fr/2021/10/02/briser-cuba-padura/

À la question récurrente « Pourquoi êtes-vous resté à Cuba ? 

Leonardo Padura répond à chaque fois sans hésitation aucune : « Je reste ici parce c’est mon pays, je suis arrivé d’abord, avant le régime au pouvoir. Je suis cubain jusqu’à la moelle. Et cette réalité m’est indispensable pour écrire. » Poussière dans le vent, son nouveau roman, explore de manière obsédante ce dilemme douloureux auquel se trouve confronté le peuple cubain depuis plusieurs décennies : rester et s’exposer à la répression, la misère, à un avenir sans perspectives, ou bien partir et risquer de ne pas trouver un ancrage ailleurs, de se perdre dans l’anonymat et la solitude.

Je remercie NetGalley et les Editions Métailié 

pour ce partenariat !

Cette lecture est une invitation pour tenter de mieux comprendre les Cubains !


10 commentaires:

  1. Je suis fan de l'auteur, j'ai (presque) tout lu, il me reste celui ci, emprunté à la bibli, alors j'attends.
    J'espère que tu continueras avec l'auteur, i la une série avec un personnage récurrent, excellente.

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    1. Bonsoir Keisha,
      il a une écriture prenante et il brosse des portraits très intéressants. J'ai moins aimé le fil conducteur... Je continuerai avec cet auteur j'ai " Hérétiques " et "La transparence du temps " mais ce ne doit pas être avec son personnage récurrent ... ?
      Bisous

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  2. Je n'en ai lu qu'un de cet auteur, avec lequel je n'avais pas accroché. ce que tu dis de celui-ci ne me tente pas.

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    1. Bonsoir Alex,
      j'ai deux livres dans ma PAL " Hérétiques " et "La transparence du temps ". Lequel as-tu lu ?
      Bises

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  3. Bonsoir Didi, je ne le note pas car le pavé me frigorifie un peu. En ce moment, j'ai très peu de temps à consacrer à ce genre d'histoire. Pas l'envie surtout. Je bricole, je bois du chocolat et comme les enfants, je lis des albums avec des oursons, des lutins et des petites souris...
    Syl.

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    1. Bonsoir Syl.,
      Je comprends tes envies et tu as bien raison de te concocter des plaisirs post Noël ♥ J'aime découvrir tes créations, tes lectures, tes recettes, je trouve là la magie de mon enfance.
      Bisous

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  4. j'avais adoré Les Brumes du passé du même auteur, je retiens tes bémols mais je veux encore lire cet auteur.

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    1. Bonsoir Violette,
      je le lirai à nouveau car j'ai deux autres livres dans ma bibliothèque.
      Bisous

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  5. Bonsoir Didi, je compte bien le lire un des ces jours quand il paraîtra en poche. Comme Keisha, je suis assez fan de l'écrivain mais j'ai lu des critiques mitigées à propos de ce titre. Toi même, tu n'es pas d'un enthousiasme délirant. Bonne soirée et bon réveillon de fin d'année.

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    1. Bonsoir Dasola,
      je te souhaite une belle lecture. Pour moi un peu mitigée mais loin d'être mauvaise. Je te souhaite une bonne fin d'année 2021. Je t'embrasse et te remercie pour tes visites régulières.

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