mercredi 27 décembre 2017

Le Garçon Marcus Malte



Il n’a pas de nom. Il ne parle pas. Le garçon est un être quasi sauvage, né dans une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908 quand il se met en chemin – d’instinct.
Alors commence la rencontre avec les hommes : les habitants d’un hameau perdu, Brabek l’ogre des Carpates, philosophe et lutteur de foire, l’amour combien charnel avec Emma, mélomane lumineuse, à la fois sœur, amante, mère. « C’est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l’existence : nombre de ravages et quelques ravissements. » Puis la guerre, l’effroyable carnage, paroxysme de la folie des hommes et de ce que l’on nomme la civilisation.
Itinéraire d’une âme neuve qui s’éveille à la conscience au gré du hasard et de quelques nécessités, ponctué des petits et grands soubresauts de l’Histoire, le Garçon est à sa façon singulière, radicale, drôle, grave, l’immense roman de l’épreuve du monde. Source Éditions Zulma

Mon avis : 

Ce livre je me le suis offert au QDP 2017 ! D'ailleurs c'est un des premiers auteurs que j'avais vu à mon tout premier quai du polar en 2008 !

@Didi QDP 2017

@Didi 2008 QDP Didicace "Garden of love"

J'aime l'écriture de cet écrivain et "Le garçon"  est mon troisième livre et ne sera pas le dernier.

Le premier c'était : "Garden of love"


C'est l'histoire d'un garçon, d'un homme aussi.

On le suit dans sa découverte du monde et des hommes, les autres.

Ce garçon ne parle pas mais c'est Marcus Malte qui lui prête la parole à travers un narrateur.

Ce livre est un plongée dans l'Histoire avec un grand H mais aussi un roman d'apprentissage. 

Le garçon va s'éveiller doucement au monde et aux autres pour le meilleur comme pour le pire. 

C'est une réelle force de la nature qui va traverser la France et l'Histoire. 

Il va apprendre que la vie est faite de rencontre, lui qui sa mère avait retirer du monde des hommes, sa disparition va entraîner le garçon à la découverte des autres. 

D'ailleurs ce sont ces rencontres qui vont jalonner et façonner sa vie. 

Il va se laisser porter par elles, elles vont le faire grandir ou au contraire le meurtrir....

Ce livre est magnifique, il se lit avec une fluidité intense et comme à chaque fois qu'un livre me plaît je ne me sens pas à la hauteur pour vous en parler ...

Ce livre est très sensoriel,comme si les mots non prononcés par le garçon se formaient dans les sensations et les sentiments.

La découverte de l'autre, le besoin de l'autre, l'envie de l'autre, la peur de l'autre. 

Oui, ce sont réellement les rencontres qui construisent le garçon, le touchent, l'émeuvent. 

Au tout début il y aura cette énigmatique mère vivant éloignée de tout et qui le laisse bien seul à sa mort... 

" Tout homme laisse un jour derrière lui son enfance. Il ne la retrouvera pas. Seuls quelques très vieux ou très fous bénéficient parfois de cette seconde chance. Les autres quand ils quittent ce monde qu'ont -ils de si précieux à emporter ? 
Le garçon part au soir de la sixième journée de deuil. Il ne l'a pas décidé, c'est ainsi. C'est une évidence et c'est une nécessité."

Et puis il y aura Joseph et son fils Le Gazou, une nouvelle famille pour le Garçon mais il devra la quitter accuser d'avoir jeter le mauvais œil dans la communauté où ils vivent suite à un terrible tremblement de terre.

"Seul le Gazou s'est affranchi de nombres de conventions. Il n'est pas tout à fait libre sans doute mais sa cage est d'une autre ampleur. Le dimanche comme n'importe quel jour il va à l'encontre du garçon. L'affection qu'il lui porte n'a pas diminué. Elle est aveugle et sans bornes, sans attentes , sans même idée de réciprocité. C'est un don. L'enfant torrent à la corps d'un homme et l'âme d'autre chose. D'un elfe peut-être. D'un sylphe. Il accompagne le garçon partout non comme une ombre rigide mais comme un jeune chien sans laisse gravitant autour de son maître et flairant quelques odeurs, explorant chaque piste, curieux de découvrir le monde..."
Il y aura Brabek l'ogre des Carpates, son hongre et sa roulotte. Sa poésie et sa fantaisie. Il sera comme un père. Un raconteur de belles histoires, un saltimbanque, un lutteur. 
Un Quasimodo au grand cœur. Une belle âme que la garçon aimait par dessus tout écouter.

"Mon arrière-grand-père luttait dit-il. Mon grand-père luttait. Mon père luttait. Je lutte. A croire que ça coule dans nos veines , cette histoire. Qu'est-ce qu'on peut y faire ? Des fois je me dis que la seule chose contre laquelle aucun d'entre nous n'a essayer de lutter, c'est son propre destin. A bien y réfléchir c'est peut être seulement ça... mais d'un autre côté pourquoi l'aurait-on fait ? Trouve moi une raison valable . Tu connais un homme qui n'aurait pas à se battre d'une manière ou d'une autre ? Est-ce que tu pourrais m'en citer un seul ? Non. prce qu'il n'y en a pas. Pas dans ce monde. Alors quitte à lutter, autant le faire dans les règles de l'art. de cette façon, tu vois on peut dire qu'on est gâtés."
Il y aura la belle Emma et son père Gustave. Emma, sa sauveuse et sa sœur mais aussi bien plus que cela. 
La fille, la femme, son amour, sa maîtresse. Quelle sensualité, quelle sexualité dans ces pages ... Des pages très "sexes". A rougir dans le train quand je le lisais, à prendre chaud d'un seul coup... Je déclamerais bien un "sexique" à cette relation tout en effusions et fantasmes... Des pages où le garçon aura un prénom : Félix.

" Debout devant l'évier. 
Est-ce un songe toujours ?
Le garçon ne bouge pas. Leurs regards restent rivés l'un à l'autre. Leurs lèvres sont serrés. Un son rauque sourd de la gorge d'Emma. une sorte de grondement. Elle respire fort. l'air siffle, chuinte à travers ses narines comme un trop plein de vapeur. Sa poitrine se soulève et avec elle le couvercle du ciel. Fermé, ouvert. ténèbres, lumière. repart, revient. Repart... Et puis soudain une poussée franche des hanches . Le pubis en saillie. Elle se plaque, elle s'écrase contre lui. Il la tient. Ca y est. Dans sa paume. Il l'enveloppe. Si ténue est la soie qu'elle ne compte pour rien. Il la sens sous ss doigts, sous la pulpe de ses doigts, tout entière, le mont et la mousse, et la source et le sillon et l'autre sillon, l'autre cicatrice, autrement plus profonde et plus tendre..."

Le corps du garçon devenant homme est au centre de cette histoire, ce corps qui aime, ce corps qui résiste, ce corps qui grandit et qui vieillit...

Marcus Malte fait passer énormément de messages dans ce livre, de l'importance de l'amour à l'inutilité de la guerre. A la vacuité de l’existence, à ce qui rends la vie plus douce : musique art, littérature.
" Je vais jouer la journée entière et peut-être la nuit qui suivra, et un an et dix ans, cent ans de plus s'il le faut. Voilà ce que je vais faire.
Parce que je t'aime.
Parce que l'amour est ma patrie et l'art mon seul royaume.
Parce que je veux croire encore qu'ils en sortiront vainqueurs. " Lettre d'Emma pour le garçon qui est parti à la guerre
 Hélas la vie n'épargnera rien au Garçon qui même sans parler se laissera emporter par les évènements. La guerre l'épargnera certes,mais lui laissera des séquelles immenses...

Les pages sur la guerre sont terribles les corps sont meurtris, les morts sont partout, Marcus Malte inscrits des noms et noms sur 7 pages ...  Édifiant !!!

Un livre sensoriel où la voix du garçon qui, si elle ne se fait pas entendre oralement, résonne très fortement dans cette histoire. 

Un livre qui m'a emporté loin et haut ! 

@Ma Didicace ♥

Un plaisir de lecture 5 étoiles ! 
Merci à vous Marcus Malte ♥
Prix Femina 2016 amplement mérité !

Ce Garçon a beaucoup de chose à vous dire
n'hésitez pas à venir à sa rencontre 
et faire un bout de chemin avec lui ! 




14 commentaires:

  1. Un livre qui a eu beaucoup de critiques élogieuses...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Coucou Manu,
      un livre qui les mérite amplement ! Une belle lecture
      Bises

      Supprimer
  2. quelle chance d'avoir rencontré l'auteur! Je n'ai toujours lu que quelques-unes de ses nouvelles. J'ai hâte de découvrir ce roman!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hello Violette,
      si je recroise Marcus Malte je lui dirais tout mon plaisir à le lire. Sans trop m'avancer ce livre ne peut que te plaire.
      Bises

      Supprimer
  3. Un roman formidable, avec une qualité d'écriture.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Coucou Alex,
      oui une écriture riche et à la fois fluide. Un régal ♥
      Bisous

      Supprimer
  4. Mon plus gros coup de coeur de l'an dernier ! Un roman vraiment magistral.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Coucou,
      je suis souvent en décalé pour la découverte de vrai bijou !
      Bisous de fin d'année

      Supprimer
  5. J'avais aussi lu The garden of love, puis plus rien de lui. Je découvrirais peut-être celui-ci à sa sortie en poche.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Coucou Valérie,
      Le garçon est mon préféré The garden of love est plus étrange et insaisissable ...
      Je te conseille vivement Le garçon en poche !
      Bises

      Supprimer
  6. Bonsoir Didi, ce roman fait partie de mon top de l'année 2017 même s'il est paru en 2016. J'ai été emballée. Bonne soirée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Dasola,
      comme toi dans mes tops de l'année 2017 il y aura des livres édités les années avant.
      Celui-ci fait parti des meilleurs ♥
      J'ai lu ton top mais n'ai pas encore fait de commentaire ;-)
      Bisous

      Supprimer