dimanche 8 janvier 2017

Miel et Vin Myriam Chirousse


Au château, l’enfant « maudit » cause incendies, maladies et accidents mortels autour de lui. Rien ni personne ne lui résiste. Ce bâtard finira pourtant par devenir Charles de l’Eperai, l’héritier en titre, dont le caractère sombre n’est pas sans évoquer le personnage de Heathcliff créé par Emily Brontë dans Les Hauts de Hurlevent.

Non loin de là, une enfant est abandonnée dans la forêt. Recueillie par une famille noble, elle grandit sous le nom de Judith de Monterlant. Les destinées de ces deux êtres se croisent : ils s’attirent irrésistiblement et s’égarent dans les méandres d’une passion dévorante. Judith se marie pourtant avec un autre, et Charles, malgré son rang, prend le parti de la Révolution et du peuple.

1789 est là, le monde bascule et les nobles sont aux abois. Qu’adviendra-t-il de Charles et de Judith ?

Mon avis : 

Une histoire sombre et néanmoins magnifique sous le fond historique de La Révolution Française.

Il y a deux personnages principaux dans cette histoire, un homme et une femme.

Elle, c'est Judith, une enfant trouvée dans les bois et recueillie par une famille noble du Périgord. Lui, c'est Charles il a grandi dans une famille Noble les De l'Eperai.

Leurs destins vont se mêler à tous les deux pour le meilleur et le pire et surtout le pire ....

Non, ils ne se marieront pas mais ils vont se séduire, se désirer, se haïr, se séparer et peut être enfin s'aimer...

Ma lecture a fait la jonction entre 2016 et 2017. Je pense qu'elle résonnera en moi longtemps.

Je me rends compte que ce que j'aime à chaque fois dans les livres c'est quand des histoires individuelles s'inscrivent dans la grande Histoire. La fiction mêlée à de la documentation ! 

Ici la Révolution Française est la toile de fond de l'histoire de ces deux personnages et leurs familles. Nous sommes ici au cœur de l'histoire de France , au cœur de sa grande Révolution. 

Aussi bien à Paris en direct de La Bastille mais aussi en province dans le Périgord plus précisément. 

Myriam Chirousse nous donne là une belle leçon d'histoire et nous place au centre des évènements de la Révolution, grâce à Charles et Judith qui évoluent dans ces évènements. 

L'histoire des personnages est rocambolesque à souhait ... Cet amour contrarié par bien des obstacles (dont un m'a il est vrai un peu contrarié...) va faire lui aussi sa révolution...

Cette attirance inexorable nous tient en haleine, j'avoue que le beau brun ténébreux qu'est Charles m'a attiré ... diablement. 

Les scènes d'amour sont délicieusement décrites.  D'une sensualité brute et sauvage....

" Il y eu un désordre , une sorte de lutte dans laquelle il lutta seul. Le silence l'étourdit et la poussière du plancher lui piqua les yeux. Il s' agrippa aux hanches qui l'accueillaient et ne fut plus que moitié conscient du ravage qu'il accomplit. Il fut sans doute brutal et se reprocherait souvent par la suite la fureur excessive de cette première fois, même si Judith, elle, ne s'en souviendrait pas de cette façon - peut-être parce que cette violence-là lui prodigua alors, sur ce plancher délabré et poudreux, une exaltation nouvelle, une jouissance aussi barbare qu'enchanteresse - lui qui n'avait connu jusque-là que des voluptés distantes, des ébats morcelés, des caresses rapides où les peaux se frôlent à peine, où les bouches ne se goûtent pas, des créatures trop maquillées, des sourires singés, des rires outranciers, la vulgarité pour feindre l'intimité, l'intérêt pour feindre la tendresse, des gouttes d'huile parfumée pour remplacer le désir, quelques pièces d'or pour faire oublier la douleur de respirer seul dans le noir, lui qui n'avait eu droit qu'à des ongles, toujours à la limite de le griffer, des mains prêtes à le voler, des accointances ennemies, des ivresses frelatées comme l'alcool des contrebandiers, et pas de nudité - jamais -, lui qui n'enlevait jamais sa chemise, lui qui ne défaisait que le haut de son pantalon, qui ne voulait pas exposer sa peau nue, qui ne voulait pas se sentir à vif - à nu - et qui , ce jour là encore, dans la maison su pendu, était resté presque tout habillé sur son corps nu à elle, comme si la fine étoffe d'une chemise pouvait le protéger comme une armure, lui qui mourait de faim, qui voulait l'enfer parce que l'enfer était en lui, il goûta soudain au délice d'un corps fait pour lui, à lui tout offert, à lui entièrement donné, terre où devenir roi - régner en Judith ! - où les malédictions se muaient en extases, il avait le sang en feu et ses reins n'en pouvaient plus. Il avait trouvé la porte du paradis. " P126 - 127

Les personnages secondaires sont tous intéressants, je mets des mentions spéciales pour :

- Philippe de Marbourg le mari-ami de Judith

- Guillaume de Salerac, l'oncle de Judith celui qui l'a trouvé dans la forêt, un homme scientifique un peu fou.

- Gaétan Lepailler, le libraire de Sarlat qui deviendra la père de cœur de Judith. Et Mariam sa femme marabout.

- Blanche l'amie de Judith qui sera toujours là.
 " L'amitié est un lien curieux. Il se tisse parfois avec la lenteur des dentelles et parfois surgit comme une étoile filante. Ce soir là, Blanche et Judith reconnurent tout à coup qu'elles étaient des amies d'enfance. Si la providence le voulait elles le resteraient longtemps. "

- Antoine le fils de Judith et de Charles... L'enfant aux beaux yeux noirs.

Chair de sa chair
" Ce fût une autre révolution. Les nuits s'enfuirent à l'envers et le temps cessa de s'écouler. En chemise de nuit, Judith contemplait ce paquet de chair endormi au creux de son grand lit. Elle ne regrettait plus la sauvageonne aux bras égratignés, ni l'aventurière qui se cachait sous des peux de moutons pour s'envoler dans les airs, ni la jeune fille rageuse avide de baisers, ni la promeneuse qui respirait les odeurs de Paris... Elle ne regrettait plus rien de sa vie passée, car le plus beau était là, endormi : Antoine était né. " P 201


Un roman avec de l'histoire, de l'amour, de l'amitié et de folles destinées.  
Un roman où chacun fait sa Révolution.

Un roman que j'ai apprécié énormément 
et que je vous invite à découvrir vous aussi.


tous les livres sur Babelio.com

Bonne lecture au cœur révolutionnaire  !



un autre extrait parce que c'est tellement beau 


" Charles dévora son doigts et dévora ses lèvres. Ils tombèrent sur le lit et se regardèrent dans l'ombre au clair de lune en reprenant leur souffle, incrédules. Ô mon amour, ma folie dévorante... Les tambourins s'arrêtèrent. Les flûtes se turent. L'obscurité se fit lente. Ils se dénudèrent comme on se berce, se caressèrent comme on se console d'un chagrin trop long et s'enlacèrent en frémissant. 
Alors il y eut de nouveau des fruits mûrs sur les branches, du pain sur les tables et des poissons dans les rivières, il y eut des granges pleines et des villages fleuris, des jardins embaumés, des amis réunis autour des tables, des champs moissonnés et du vin plein les carafes, des enfants galopant sous le soleil, des cascades fraîches, des nuits d'été, des feux paisibles dans les cheminées, des regards de miel, la joie de vivre, la paix et des lits profonds pour s'aimer. " P 266
Merci tout particulièrement à deux blogueuses qui m'ont inspirées cette lecture


et 


John William Waterhouse - huile sur toile - 38 x 83 cm

" Doux été "

12 commentaires:

  1. Réponses
    1. Bonsoir,
      oui c'est une belle histoire et j'ai vu que tu avais noté un des mêmes passages que moi ♥
      Je file revoir ton avis je ne devais pas te suivre encore à l'époque.
      Bises

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  2. "Il avait trouvé la porte du paradis"... Tu m'étonnes :)

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    1. Coucou Jérôme,
      et oui la porte du paradis c'est beau !
      Attention nous ne sommes pas dans de la bluette et Myriam Chirousse sait très bien distiller dans son récit de la sensualité tout en poésie.
      Bises

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  3. Que de coups de coeur pour ce roman. Je tenterai bien sa lecture.

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    1. Bonsoir,
      oui j'ai hésité entre 4 et 5 étoiles et j'ai trouvé qu'il méritait bien 5 étoiles. Je pense qu'il me restera en mémoire d'ici mon bilan de fin d'année 2017.
      Bises

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  4. Je n'ai lu aucun de ses romans mais plusieurs de ses traductions.

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    1. Bonsoir Valérie,
      elle est traductrice je crois l'avoir lu quelque part.
      En tout cas elle est auteure également et j'ai aimé son "Miel et vin".
      A découvrir !
      Bises

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  5. Réponses
    1. Coucou,
      de rien ManU, merci pour tes visites ;-)
      Bisous et bon dimanche

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  6. Rho Didi ! C'est vrai qu'il est bien ce roman ! Je l'ai dévoré. Je le relirai avec plaisir plus tard. Quelle histoire !

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    1. Oui moi aussi je l'ai dévoré ce roman avec ses personnages fougueux au cœur de la Révolution.
      A relire oui !
      Bisous

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