« Maman et moi vivions ici depuis un peu plus de trois ans quand nous avons reçu le coup de fil. Au milieu des pins, des chênes et des bouleaux, au bout de ce chemin sans issue que deux autres propriétés jalonnent. C’est elle qui m’avait proposé de nous installer ici. Et je n’étais pas contre. J’avais grandi dans cette forêt. Le lieu m’était familier, et je savais que nous nous y sentirions en sécurité. Qu’il serait le bon endroit pour vivre à notre mesure. »À distance du monde, une fille et sa mère, recluses dans une cabane en forêt, tentent de se relever des drames qui les ont frappées. Aux yeux de ceux qui peuplent la ville voisine, elles sont les perdues du coin. Pourtant, ces deux silencieuses se tiennent debout, explorent leur douleur et luttent, au cœur d’une Nature à la fois nourricière et cruelle et d’un hiver qui est bien plus qu’une saison : un écrin rugueux où vivre reste, au mépris du superflu, la seule chose qui compte.
Dans un rythme tendu et une langue concise et précise qui rend grâce à la Nature jusqu’à son extrémité la plus sauvage, Aurélie Jeannin, dont c’est le premier roman, signe un texte comme une mélancolie blanche, aussi puissant qu’envoûtant.
Dans un rythme tendu et une langue concise et précise qui rend grâce à la Nature jusqu’à son extrémité la plus sauvage, Aurélie Jeannin, dont c’est le premier roman, signe un texte comme une mélancolie blanche, aussi puissant qu’envoûtant.
#PréférerLhiver #NetGalleyFrance
Premier partenariat avec NetGalley pour cette lecture. Je m'excuse d'ailleurs de n'être pas très en avance pour émettre mon avis. Du temps que je comprenne comment ça marchait et que ce partenariat était en numérique... Que j'installe le logiciel pour pouvoir lire sur ma tablette... Bref c'est tout moi ça. Donc pardon, mais surtout merci !
Une lecture aux notes très introspectives. Deux femmes se sont retirées dans la campagne au cœur de la forêt à distance de toute civilisation.
Ces deux femmes sont mère et fille et on comprends qu'elles veulent se mettre au vert, pour oublier et s'oublier.
Les blessures qu'elles portent sont immenses en leurs cœurs.
On ne trouve pas de dialogues dans ce livre, il n'y a que deux personnages et elles sont taiseuses....
C'est pas la narration des pensées de la fille que l'on découvre cette histoire. Celle-ci fait son introspection, elle nous livre ses pensées.
On ressent alors ces deux femmes dans leur silence et dans leurs ressentis.
On ne sait pas grand chose de leur vie d'avant ou si peu. On sait que des deuils les ont mis à terre. La perte d'un enfant est leur point commun de douleur (un fils, un petit fils, un fils, un frère et un père absent).
Ce retrait de la société est comme une pause, une retraite essentielle qu'elles ont souhaitée.
" Je rêvais d'un monde aseptisé, neutre, sans sensations. Ni douceur, ni , ni odeur. Oui ce que je voulais c'était du vide. Que l'absence soit enfin totale. Qu'il ne subsiste rien. J'avais fini par ne plus m'attacher et contre toute attente ce détachement m'a été salutaire. Je n'étais pas tombée folle. Je m'étais installée avec maman un an plus tard. Elle dont les détours intérieurs étaient les mêmes que les miens. J'avais décider d'arrêter de penser. Seule l’extrême et insondable peine pouvait le permettre. La complexité de mes émotions, au moment de l'arrachement suprême avait atteint un tel niveau que tout semblait s'être éteint en moi. Ne plus rien ressentir était une autre façon de mourir. J'étais devenus atone."
L'écriture d'Aurélie Jeannin est très belle et j'ai aimé observer et presque entendre les pensées de ces deux femmes qui sont hors du monde.
J'ai eu le sentiment comme si la mère attendait encore la naissance de sa fille. Il est question en effet de renaissance et de résilience.
Toutes les pensées sur le deuil sont émouvantes et sensibles.
Ce roman à le silence de l'introspection, on ne refait pas l'histoire, on la prends à l'instant T.
Un événement va bousculer un peu cet endormissement, cette hivernation et va heurter les deux femmes qui vont devoir se bouger pour survivre.
Ce livre est parsemé également de belles pensées sur nos amis les livres qui en l’occurrence sont ici les seuls compagnons des deux femmes.
" Certains livres me donnaient le sentiment d'être les premiers que je lis, comme s'il n'y en avait jamais eu d'autre avant. J'oublie les précédentes histoires. D'autres me font beaucoup de bien, et je me sens avec eux le courage de revivre ensuite. Il y en d'autres dont la justesse me pénètre. Des livres qui me font plonger en moi, en m'autorisant à accueillir ce que j'ai de plus noir et de plus solide. Je réalise à quel point je vis le cœur rivé sur mon être intérieur. Coupée du monde."
Cette lecture mettant le silence en exergue, j'ai eu paradoxalement l'envie de la déclamer à haute voix tant les mots avaient une belle résonance. L'écriture de l'auteure s'y prêtait à l'heure où les mots semblaient de trop entre ces deux femmes unies par les liens du sang et de la douleur.
" Notre conscience à des limites et c'est précisément pour cela qu'il y a des peines insurmontables et inimaginables. Des peines dont on ne peut faire aucune œuvre, dont rien ne pourra jamais vous délivrer. On ne peut pas faire de la littérature avec ce genre de deuils. Ils sont ineffables. Ce sont des événements qui raclent, qui grattent les bords, les fonds de vous et de la vie. Ils vous assèchent, vous lyophilisent, vous laissent comme un corps vide. Les peines sont l'infini lui-même. Un puits sans fond. Des tristesses éternelles."
Un roman que j'ai pris plaisir à ressentir.
Un roman d'atmosphère au cœur de l'hiver
où des femmes vivent malgré tout.
Un beau livre qui nous parle de deuil et de renaissance.
Merci aux Editions Harper Collins
Traversée
et à NetGalley !
Merci aux Editions Harper Collins
Traversée
et à NetGalley !
#PréférerLhiver #NetGalleyFrance
"Ce matin j'ai vu un cerf, de l'autre côté de la plaine."
"Par la chute et la repousse de ces os branchus qui croissent avec la rapidité végétale, la nature affirme que sa force intense n'est qu'une perpétuelle résurrection que tout doit mourir en elle et que pourtant rien ne peut cesser."