Roman traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson
Le jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens. Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s'en rendre compte les dernières paroles d'une mère adorée. Un lien les unissait : le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C'est là qu'Arnljótur aura aimé Anna, une amie d'un ami, un petit bout de nuit, et l'aura mise innocemment enceinte. En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida, Arnljótur part sans le savoir à la rencontre d'Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden, oublié du monde et gardé par un moine cinéphile.
Mon avis :
Lecture d'un roman que j'ai eu la chance d'acquérir à une bourse aux livres réalisée en faveur du Téléthon. Livre des Éditions Zulma avec les couvertures bien psychédéliques qui ne me plaisent pas beaucoup, mais c'est un style particulier et encore une fois les apparences sont parfois trompeuses.
Une lecture d'une douceur et d'une délicatesse incroyable.
J'en ai aimé le style et le rythme, trouvant décidément que j'ai des affinités particulières avec l'écriture des auteurs de la littérature scandinave. Voir mes billets des livres "Les chaussures italiennes" de Henning Mankell et de "La femme en vert" de Arnaldur Indriðason deux livres que j'ai beaucoup aimé. (n'hésitez pas à cliquer sur les liens pour ces deux titres).
Oui un style qui coule comme une rivière tranquille et j'ai aimé particulièrement que l'auteur qui est une femme se mette à ce point dans la peau d'un jeune homme.
Oui l'auteur aurait pu parler de maternité du point de vue d'une mère, mais ce qui est intéressant c'est qu'ici elle en parle, mais à travers le thème de la paternité. Je trouve cet angle "d'attaque" fort intéressant et riche d'enseignements.
Rosa Candida est le périple intérieur de ce jeune homme (dont l'auteur nous enlève l'épine de lire son nom en en faisant le narrateur). Périple intérieur dans sa vie sentimentale, dans sa vie de famille, celle qu'il quitte mais aussi celle qu'il va construire.
Le long ou court chemin qui fait que l'on se découvre père à un moment donné.
Il est passionné de botanique tout comme sa mère l'était et il va perpétuer cela en en faisant son métier et sa principale occupation.
La vie du jeune homme se construit et se complète au fur et à mesure que le jardin prendra forme dans ce cloître. J'ai aimé ce parallèle.
Et puis les femmes de ce livre sont toutes touchantes et/ou rayonnantes et sont celles qui comme les roses peuvent blesser ou envouter et apportent à Arnliotur l'essentiel.
Flora Sol la petite fille lumineuse vu par son père :
"Elle a les mêmes oreilles que toi dit la future généticienne en me suivant du regard. Elle a raison, les oreilles ont la même forme, comme sorties du même moule, avec le même ourlet, le même type de lobe. je compare furtivement l'enfant à sa mère aux yeux d'aigue-marine, sans voir de ressemblance frappante, hormis le dessin de la bouche qui est identique : deux exemplaires de bouches en cerise. En dehors des oreilles et de la bouche en cerise, notre fille ressemble qu'à elle-même, comme si elle venait d'ailleurs. je trouve pourtant, de manière confuse, qu'elle a quelque chose de maman, sans pouvoir identifier quoi, si ce n'est les fossettes peut-être, mais je n'irais pas jusqu'à faire plaisir à papa en mentionnant la chose. Et puis il y avait toujours du soleil là où était maman, quel que fût le temps au-dehors. Elle était pour ainsi dire radieuse. Sur les photos c'est comme si un projecteur l'éclaire ; à où plusieurs personnes sont sur le cliché, elle est la seule dont la joue resplendit, sinon on pourrait croire que la photo est surexposée. Il y avait de la lumière dans les cheveux de maman, comme dans ceux de l'enfant, comme si on les avait saupoudrés de paillettes scintillantes, et il y avait de la lumière dans son sourire. - J'avoue de bonne grâce ma sentimentalité à l'égard de maman, je l'éprouvais de son vivant et je l'éprouve toujours."
Et j'ai aimé aussi que l'essentiel de l'histoire se passe dans ce petit village avec ce monastère et j'ai fortement apprécié les conseils et l'écoute du moine cinéphile ! Un sage homme ce frère Thomas!
"Les choses empirent généralement jusqu'à un certain point avant de commencer à s'améliorer"
"Quand tout est fini, il reste toujours quelque chose ; c'est comme avec les préparatifs de Noël" dit-il en passant en revue sa collection de cassettes vidéo sur les étagères. "Comme tu peux t'en douter, les choix des films sur les voies imprévisibles de l'amour est si grand que ce serait à devenir fou de sortir tout ça des étagères."
Une belle et douce lecture à conseiller !
Quant à moi je relirais cette auteur
avec son dernier né, "L'embellie " !
@Didi mai 2011 Abbaye de Fontfroide |
Je vous laisse en compagnie d'anciennes roses parmi lesquelles se cache peut être la Rosa Candida !
@Didi la roseraie de l'abbaye |