mercredi 22 février 2023

Apaise le temps de Michel Quint


Une libraire, ça crée des dettes. D’argent parfois bien sûr, mais surtout de cœur. Lorsque Yvonne meurt, les souvenirs affluent pour Abdel, un jeune professeur de Roubaix. Il se revoit enfant entre les murailles de bouquins, prêt à avaler tout Balzac sans rien y comprendre. De là à accepter la succession, il y a un pas… que l’inconscient fait à l’aveuglette. Le voici bientôt en butte aux problématiques économiques du métier. Mais aussi aux dangereuses archives photographiques de son aînée. En fouillant les cartons, c’est tout un pan de la guerre d’Algérie qui renaît, entre partisans du FLN, harkis et OAS. En quoi ce passé concerne-t-il les habitués de la librairie ? Sans trop se garder de l’amour, Abdel mène l’enquête.

Généreux avec ses personnages comme avec le lecteur, Michel Quint nous offre un roman sur les racines d’une France multiculturelle, portée par la culture et l’entraide.



"Apaise le temps " quel beau titre ! 

Cette lecture m'a été offerte par Babelio et les éditions Libretto et je les en remercie très sincèrement !

J'ai lu ce livre rapidement tout d'abord parce qu'il est court côté nombre de page et parce qu'en peu de pages néanmoins Michel Quint nous brosse les portraits de différents personnages qui transitent ou ont transité dans cette librairie du centre de la ville de Roubaix.

Si au départ j'ai été un peu décontenancée par certaines tournures de phrases (je n'arrive pas à déterminer ce qui m'a parfois gênée, comme si je n'arrivais pas à comprendre la structure de la phrase et que ça heurtait parfois mon rythme de lecture …) , ce livre a réussi à me plonger dans cette ville tout en faisant connaissance avec certains de ses habitants.

Il y a cette librairie qui a vu tant de personnes et d'histoires. Elle est un héritage, que cette dame, Yvonne, va léguer  à Abdel, fils d'une Oranaise et d'un roubaisien.

Ce jeune professeur l'est devenu un peu et même peut être beaucoup grâce à Yvonne et sa librairie. 

La libraire est là, un testament du passé de ses propriétaires car il y a non seulement les livres mais aussi des photos, des négatifs et des articles de presse, témoins du passé troublé des propriétaires …

Michel Quint va dans ce petit livre nous parler de beaucoup de choses. De la guerre d'Algérie, de toutes les répercutions sur les habitants de Roubaix. 

Il y a le passé et ses dommages collatéraux qui résonnent encore à travers les personnages actuels du livre et il y a aussi le présent avec une belle réflexion sur comment avancer sans les stigmates du passé.

De plus, Michel Quint en profite pour distiller un message à destination des lecteurs quant à l'utilisation des plateformes d'internet ou/ et grosses structures culturelles qui mettent à mal les belles choses d'un bon commerce de proximité, d'une belle librairie où l'humain est l'essentiel par les échanges et la richesse humaine qu'ils peuvent générer.

On a même les sentiments qui s'invitent au cœur de ce livre, avec la tempétueuse Rosa, l'assistante sociale qui travaille dans le même établissement qu'Abdel et qui elle aussi à des liens avec cette librairie et également Zita.

Une lecture que j'ai appréciée avec le seul bémol de certaines tournures de phrases qui m'ont un peu désorientées.

Sinon, poussez la porte de cette librairie, je suis bien sûre que vous apprécierez  de découvrir tous les gens qu'elle réunit pour enfin apaiser le temps !

" Les livres c'est comme les chats, on habite chez eux, pas l'inverse. "



tous les livres sur Babelio.com

dimanche 5 février 2023

Le roi et l'horloger Arnaldur Indridason


Arnaldur Indridason met tous ses talents d’auteur de roman noir mondialement reconnu, sa maîtrise de l’intrigue, du découpage, du rythme de l’action ainsi que du suspense, au service d’un grand roman historique et d’une œuvre littéraire magnifique sur la paternité et sur les relations des hommes qui ne savent pas se parler. 

Au XVIIIe siècle, l’Islande est une colonie danoise, gérée par les représentants de la Couronne qui souvent usent de leur autorité pour s’approprier des biens, en profitant en particulier des lois qui condamnent les adultères à la peine de mort. Le roi Christian VII, considéré comme fou et écarté du pouvoir, traîne sa mélancolie à travers son palais jusqu’au jour où il rencontre un horloger islandais auquel a été confié un travail délicat. Une amitié insolite va naître entre les deux hommes. À travers la terrible histoire du père de l’horloger, le souverain va découvrir la réalité islandaise et se sentir remis en cause par la cruauté qui s’exerce en son nom.

Des ateliers du palais aux intrigues de la cour et aux bas-fonds des bordels de Copenhague, nous accompagnons ces héros dans leur recherche tragique et vitale.

Un grand roman captivant et violent qui émeut le lecteur et le trouble en un crescendo qui va le laisser ébloui et inquiet devant la complexité du monde des sentiments que nous révèle Arnaldur Indridason. 


Un chef d’œuvre créé à la Renaissance repose en pièces détachées dans les sous sol du palais du Roi à Copenhague, on décide de confier la reconstruction de l’extraordinaire horloge astronomique à un horloger islandais taciturne et parait-il habile. Le Roi Christian VII s’ennuie et va voir la progression du travail, il questionne cet homme sur sa vie en Islande, il entend une histoire terrible dans laquelle ses représentants appliquent des lois qui pourraient le remettre lui-même en question. Une sorte d’amitié commence à se nouer entre ces hommes qui n’avaient aucune chance de se rencontrer.

Des ateliers du palais à la Cour et aux bas fonds des bordels de Copenhague nous accompagnons ces héros dérisoires et fragiles dans leur recherche tragique et vitale. 


 #LeRoietlhorloger #NetGalleyFrance

Mon avis : 

J'ai déjà lu cet auteur dans la catégorie polars avec La femme en vert lu en 2010, une lecture qui me reste en mémoire et que j'avais énormément appréciée ma première lecture d'Indridason (waou 12 ans ...) et également "La voix" en 2016, Didicacé au QDP à Lyon la même année.

Je voulais le lire plus souvent et bien voilà presque 7 ans pour un nouvel opus de cet auteur.

Si le livre de l'auteur n'est pas un polar cette fois et si le célèbre Erlendur ne se trouve pas entre les pages, on sent néanmoins la touche Indridason dans le sens ou encore là l'histoire navigue entre le passé et le présent, et où deux histoires sont enchâssées l'une dans l'autre.

J'ai été happée par le récit. Il faut dire que nous avons une histoire dans l'histoire en quelque sorte.

C'est Jon Sivertsen l'horloger islandais qui va nous embarquer dans le récit de son histoire et particulièrement celle de ses parents.

Jon s'est lancé dans la restauration d'une très ancienne horloge très endommagée, trouvée dans les réserves du palais royal de Christiansborg. 

C'est ainsi que dans la salle où il œuvre à restaurer cette magnifique horloge qu'il va croiser le Roi.

Le Roi curieux de cette restauration va très vite interroger Jon sur plus que cette restauration mais sur sa vie. On sent le Roi très isolé et Jon va occuper son ennui et se confier en racontant son histoire.

Jon va alors nous raconter ce qui l'a poussé à devenir horloger puis va dérouler l'histoire de sa vie et plus particulièrement le destin tragique de ses parents. 

On va partir sur ces terres islandaises et découvrir la vie rude des ses habitants et également de la domination danoise qui ne fait pas dans la dentelle dans l'application de loi pour le moins extrêmes.

Ainsi le Roi va-t-il être fort bousculé par cette histoire qui résonne terriblement en lui, car il se rend compte de la cruauté des lois que son père faisait appliquées sur les terres d'Islande. 

Si je me suis attachée à la restauration de cette horloge, j'ai particulièrement apprécié le récit de toute l'histoire des parents de Jon : Gudrun et Sigurdur. De leur rencontre à leur fin de vie terrible.

J'ai lu ce livre en tournant les pages à la vitesse d'une trotteuse, voulant connaitre le déroulé de ces destins tragiques, même si nous savons dès le départ que ses deux parents sont morts…C'est d'ailleurs extrêmement bien fait dans ce sens. 

Je me suis aussi intéressée à la restauration de l'horloge qui entraine Jon dans bien des rencontres et découvertes.

J'ai un peu moins accroché aux répercussions dans la vie du Roi qui m'a un peu agacé dans ses réactions toutes royales … 

A un moment, j'ai eu un peu de mal avec les différentes filiations mais ça n'a pas entaché ma lecture.

Une lecture qui m'a beaucoup plu, qui m'a beaucoup touchée et émue, bousculée aussi... 

Une lecture que je vous conseille vivement ! 

Merci à NetGalley et aux Editons Métailié pour cette lecture 

qui encore une fois place Arnaldur Indradison 

dans les auteurs que j'apprécie beaucoup

J'espère le relire prochainement, quand, ça c'est une autre histoire ...



"Qu'est-ce donc que le temps. Ce serait mentir que d'affirmer que Jon ne s'était pas penché sur la question, tant il avait passé d'heures de sa vie à explorer les mécanismes destinés à la mesure du temps. il en avait mis certaines en route pour la première fois, il en avait réparé d'autres pour les faire repartir lorsqu'ils s'étaient arrêtés, il en avait réglé d'autres encore qui avançaient ou retardaient, et il en avait démonté certains entièrement avant de les remonter comme il le faisait maintenant avec l'horloge d'Habrecht. Mais c'était une autre affaire , beaucoup plus complexe, de répondre aux interrogations sur la nature même du phénomène, et il était dans l'embarras face à la question que le souverain avait posée comme incidemment, en passant."