mardi 28 décembre 2021

Artifices Claire Berest



#Artifices #NetGalleyFrance

Abel Bac, flic solitaire et bourru, évolue dans une atmosphère étrange depuis qu’il a été suspendu. Son identité déjà incertaine semble se dissoudre entre cauchemars et déambulations nocturnes dans Paris. Reclus dans son appartement, il n’a plus qu’une préoccupation : sa collection d’orchidées, dont il prend soin chaque jour. 
C’est cette errance que vient interrompre Elsa, sa voisine, lorsqu’elle atterrit ivre morte un soir devant sa porte. 
C’est cette bulle que vient percer Camille Pierrat, sa collègue, inquiète de son absence inexpliquée. 
C’est son fragile équilibre que viennent mettre en péril des événements étranges qui se produisent dans les musées parisiens et qui semblent tous avoir un lien avec Abel. 
Pourquoi Abel a-t-il été mis à pied ? 
Qui a fait rentrer par effraction un cheval à Beaubourg ? 
Qui dépose des exemplaires du Parisien où figure ce même cheval sur le palier d’Abel ? 
À  quel passé tragique ces étranges coïncidences le renvoient-elles ? 
Cette série de perturbations va le mener inexorablement vers Mila. Artiste internationale mystérieuse et anonyme qui enflamme les foules et le milieu de l’art contemporain à coups de performances choc. 
Pris dans l’œil du cyclone, le policier déchu mène l’enquête à tâtons, aidé, qu’il le veuille ou non de Camille et d’Elsa. 

Le nouveau roman de Claire Berest est une danse éperdue, où les personnages se croisent, se perdent et se retrouvent, dans une enquête haletante qui voit sa résolution comme une gifle.

Mon avis : 

Lecture sur ma liseuse qui a maintenant un an (cadeau de Noël de mon mari) et qui commence à se remplir en livres numériques.

Cette lecture est un cadeau de NetGalley, qui m'a offert tout au long de cette année 2021 de sympathiques lectures.

Merci à eux et aux Editions Stock Roman.

Une belle couverture, de celle où je regrette la version papier… 

De beaux phalaenopsis traités de façon graphique.



Je me suis plongée avec un réel plaisir dans ce roman que j'ai trouvé original dans les thèmes présents et dans la structure du livre qui alterne entre les différents personnages, Abel, Camille et Elsa et qui déroule une fable dans les titres.

L'art contemporain, avec cette artiste Mila, est au centre de ce livre et j'ai vraiment apprécié cette mise en avant au sein de cette enquête peu ordinaire.

Les personnages sont tous intéressants et le duo de flics fonctionne bien, même si très vite bancal car Abel Bac est mis à pieds dès le début du livre.

Abel Bac, le personnage central, est tentouré d'un immense aura de mystère, à en devenir terriblement magnétique et profondément attirant…

Sa nouvelle voisine, Elsa, va s'immiscer dans sa vie très réglée (ou dérèglée... ). 

Fantasque, étonnante, intrigante,  elle va s'imposer dans l'univers intime de Bac.

L'équipière, Camille, quant à elle, sans son équipier, va œuvrer pour découvrir la vérité, les vérités , celle d'Abel et celle des performances artistiques intrigantes.

Mais voilà, je vais m'arrêter ici car sinon je vais "divulgâcher" cette histoire. Ah Ah !

Une très bonne lecture que j'ai dégustée avec un plaisir certain. 

Une écriture agréable, une originalité séduisante 

dans le monde de l'art contemporain. 

Une noirceur que les artifices peuvent parfois cachés !

Un livre noir mais au final lumineux.

L'art peut nous aider à rendre le noir plus beau.

N'est-ce pas là l'essentiel, quand on traverse les ténèbres 

de voir une petite loupiotte tremblante ? 

On nomme ça l'espoir ♥

J'espère chers amis, que vous avez passé une douce fête de Noël 

et qu'au pied du sapin il y avait entre autre des livres et de l'amour.


Je profite d'ailleurs avec un peu en retard pour vous remercier, 

chers lecteurs et lectrices de mon modeste blog 

et vous, mes pères Noël de livres

 NetGalley mais également Babelio !

Merci infiniment ♥




tous les livres sur Babelio.com

mardi 21 décembre 2021

Le cauchemar du Thylacine Davide Cali et Claudio Palmarucci

 



Un véritable manuel pour vaincre les mauvais rêves, une plongée dans la faune australienne portée par un graphisme époustouflant.

Cet album nous entraine de pièges en pièges tendus par le docteur Wallaby et son fidèle Dingo. Ils attrapent, pour guérir leurs patients, les cauchemars qui rampent, hurlent, écrasent, craquent, sifflent… Trous profonds pour les géants, cages pour les hurlants, pieux collants pour les rampants : à chaque cauchemar sa méthode ad hoc. Jusqu’au jour où arrive un étrange patient, le tigre de Tasmanie : son cauchemar est inédit. Vide, sourd, profond et immobile, il ne correspond en rien à ce que soigne habituellement le docteur. Au fil d’une longue quête, Wallaby comprendra qu’il s’agit d’un non-rêve, comme en font les espèces éteintes…

Sur les pages de gardes, un compendium de 60 espèces menacées ouvre le livre qui se ferme sur autant d’espèces disparues.

Editions La partie

Mon avis :

Un bel album de belle facture avec beaucoup de références d'œuvres artistiques que je me suis empressée de découvrir plus en avant pour mon grand plaisir culturel.

Par contre, je ne pense pas que cet album soit pour des enfants ... Mince c'est dommage pour les sensibiliser à la disparition des animaux. 

Le propos est bien sombre et sans doute loin de la portée des jeunes enfants... 

Un peu effrayant...  Cauchemardesque c'est bien ça !

Peut être pour des enfants plus grands (plus de 10 ans, public collégien ...) avec une approche sur tous les thèmes artistiques que cet album déroule quant on veut bien s'y pencher. 

Cette lecture en fait je l'imagine "accompagnée" "guidée" par un adulte sur le thème des représentations des cauchemars.

Mais peut être ai-je tord et que les enfants auront assez d'imagination et de questions en découvrant cet album.

Pour ma part cet album m'a embarquée à la recherche de toutes les références artistiques indiquées en fin de livre et je me suis régalée.

Cet album s'inspire de toutes les œuvres suivantes 

L'île des morts d'Arnold Böcklin


L'arche de Noé Edward Hicks 1846


Wilder Mann Charles Fréger 2012


La tentation de Saint Antoine Jérôme Bosch 1501 (cliquer ici génial explications de ce tableau)


La divine comédie, L'enfer de Dante, illustrée par Gustave Doré 1861


Nürnberger Schembart-Buch XVI et XVIIème siècles



(A admirer sur Gallica en cliquant juste avant)




La chasse de nuit de Paolo Uccello vers 1470



Livre des propriétés des choses de Bartholoméus Angelicus XIIIème siècle



Le cauchemar de Johan Heinrich Füssli 1781 


Miniatures indiennes


Avec la disparition du Thylacine (qui soit dit en passant est le diable de Tasmanie, là aussi je suis partie en recherche de ce disparu...), le propos du livre est la mise en avant des espèces en voie de disparition, mais pour moi, là aussi, l'album ne semble pas vraiment s'en intéresser...  

A noter que les illustrations sont très diverses et intéressantes mais que le texte lui est très succinct.

Un album dont le public n'est sans doute pas celui de la jeunesse. 



Merci aux Editions La partie et à mon cher BABELIO 

qui m'en a fait l'offrande lors d'une masse critique jeunesse.

Si vous voulez partir dans l'univers cauchemardesque du Thylacine 

et bien élancez vous sur ce parcours artistique !

Jeune ou moins jeune, à vous de voir !



"De tous les animaux, l'homme est celui qui est le plus menacé de disparition.

Car alors que nous nous soucions de protéger les pandas et les phoques, 

les pandas et les phoques, eux, ne se soucient pas de nous protéger, nous ; 

au contraire, ils espèrent que nous disparaîtrons,

avec nos bombes atomiques, pesticides, défoliants,

pétroliers et villages de vacances."

 




mercredi 1 décembre 2021

Poussière dans le vent Leonardo Padura


 #Poussièredanslevent #NetGalleyFrance

Ils ont vingt ans. Elle arrive de New York, il vient de Cuba, ils s’aiment. Il lui montre une photo de groupe prise en 1990 dans le jardin de sa mère. Intriguée, elle va chercher à en savoir plus sur ces jeunes gens.

Ils étaient huit amis soudés depuis la fin du lycée. Les transformations du monde et leurs conséquences sur la vie à Cuba vont les affecter. Des grandes espérances jusqu’aux pénuries de la « Période spéciale » des années 90, après la chute du bloc soviétique, et à la dispersion dans l’exil à travers le monde. Certains vont disparaître, certains vont rester, certains vont partir.

Des personnages magnifiques, subtils et attachants, soumis au suspense permanent qu’est la vie à Cuba et aux péripéties universelles des amitiés, des amours et des trahisons.

Depuis son île, Leonardo Padura nous donne à voir le monde entier dans un roman universel. Son inventivité, sa maîtrise de l’intrigue et son sens aigu du suspense nous tiennent en haleine jusqu’au dernier chapitre.

Ce très grand roman sur l’exil et la perte, qui place son auteur au rang des plus grands écrivains actuels, est aussi une affirmation de la force de l’amitié, de l’instinct de survie et des loyautés profondes.

Mon avis :

Voilà un pavé (plus de 600 pages) que j'ai lu, avec des hauts et des bas et dont je ne sais finalement comment vous en parler… C'est bête pour un partenariat … 

Alors, je dirais que c'est un livre qui questionne beaucoup l'esprit identitaire des cubains. 

Qui nous parle des cubains, plus que de Cuba, même si finalement une nation est avant tout faites de ses hommes et de ses femmes. 

Si vous cherchez comme moi, la mise en avant des paysages magnifiques de Cuba (découverts pour ma part en 2003 dans un cadre uniquement touristique enchanteur et privilégié) mais aussi de l'esprit cubain qui anime les gens de là bas (des gens d'une gentillesse incroyable, d'une énergie captivante et d'un esprit positif délicieux), alors vous serez comme moi un peu déçue… 

Mais, c'est sur, nous ne sommes pas dans la carte postale, mais bien dans la vie compliquée des cubains à cause d'une régime politique de dictature

Non pas que je mette de côté les difficultés du peuple cubain. Non, non, ce peuple est admirable tant il a dû et su s'adapter à ce régime restrictif.

Padura dissèque dans son livre, le dilemme douloureux et amoureux auxquels les cubains par la force des choses ont dû se livrer envers leur patrie. 

Rester ou partir aurait pu être le titre de ce livre. Même si "Poussière dans le vent" est si poétique et m'a mis dans les oreilles la belle chanson de Kansas 

Dust in the wind Kansas

Mais j'avoue ma lecture a été surtout dans la première partie un peu laborieuse, car on se place dans la tête de chacun des personnages qui sont très torturés.

J'ai eu aussi du mal à bien les identifier au départ et bien du mal aussi à comprendre les multiples fils conducteurs entre les uns et les autres… Oups

J'ai préféré quand le récit s'arrachait un peu des pensées de chacun pour faire vivre le relationnel dans la distance des exils voulus ou imposés de la plupart. 

De la même manière que Felipe Martinez et pour des raisons très semblables, Horacio fut condamné au déracinement. Les deux hommes, qui avaient lutter pour quitter Cuba, qui avaient renié l’environnement cubain et risqué leur vie dans la traversée téméraire du détroit de Floride, étaient deux êtres au cœur à jamais brisé : condamnés à être sans pouvoir être ce qu’ils étaient, à vivre une existence en suspension, avec les racines apparentes (déracinés), avec une tendance trop marquée à idéaliser un passé glorieux (presque toujours exagéré) de nuits de bringue, d’ivresse, pleines de musique et de jolies femmes, ce temps de l’apprentissage où ils avaient grandi. Plus que des exilés, tous deux avaient la complicité des réfugiés perpétuels, nourris de la mémoire affective et de la douce illusion d’un rêve de retour. Vivants ou morts.

Le fil conducteur de la disparition d'Elisa et de ses causes m'a un peu lassé à un moment mais j'ai apprécié découvrir sa fuite et le chemin qu'elle a essayé de prendre…


"Elle m'a seulement dit qu'elle venait de de Cuba et qu'elle préférait ne pas parler de son pays. Que cela lui faisait mal et qu'elle l'avait enterré … Le Pays je veux dire… et avec lui, son passé. Ce qui peut être une sage décision. Le grand enseignement de Bouddha, c'est que la seule façon de se libérer complètement de la souffrance est de se libérer radicalement du désir ; et le moyen d'y parvenir, c'est d'exercer  son esprit pour vivre la réalité telle qu'elle se présente. Je sais que ce n'est pas facile… L'un des dépassements les plus importants que nous indique Bouddha est justement celui du passé, parce qu'il a été déjà vécu, bien ou mal, il est écoulé et il n'est pas réparable. Et , en même temps, ne pas essayer de prévoir l'avenir… puisqu'il n'a pas encore eu lieu , et que vouloir le prédire est une source d'anxiété, et que l'anxiété génère de la souffrance."

J'ai donc découvert la plume de Leonardo Padura, écrivain cubain qui sait transcrire tous les sentiments de son peuple. 

Ce livre est presque un essai sur l'identité cubaine, car si il y a de la fiction elle ne représente pas l'essentiel du livre.

L’enfermement physique et mental auquel ils étaient soumis, sans en avoir vraiment conscience (sauf Elisa, la British), leur faisait voir le monde extérieur comme une carte divisée entre deux couleurs antagoniques : les pays socialistes (les gentils) et les pays capitalistes (les méchants). Dans les pays socialistes (ou il était en plus possible de se rendre) on construisait avec ardeur l’avenir radieux (même si pas très joli, disait Irving) d’égalité et de démocratie juste, régie par la dictature du prolétariat confiée à l’avant-garde politique du Parti durant la phase de construction du communiste dont l’avènement constituerait le point culminant de l’Histoire, le bonheur de l’humanité. Dans les Etats capitalistes décadents prédominaient le vol et la discrimination, l’exploitation de l’homme par l’homme, la violence et le racisme, l’hypocrite démocratie bourgeoise, des guerres comme celle du Vietnam y étaient générées, il se produisait des scandales comme celui du Watergate, il s’instaurait des dictatures sanguinaires comme au Chili, même s’ils devaient bien reconnaître que c’était de là que venait la musique qu’ils aimaient écouter, les vêtements qu’ils préféraient porter et même la majorité de ces livres qu’ils adoraient lire (comme le soutenait Bernardo).

J'ai tout de même apprécié le livre surtout dans sa deuxième partie qui nous embrouille moins dans les relations des uns et des autres et qui s'attache à faire les portraits de ceux qui restent et des exilés.

Le livre est un gros pavé et ma lecture en E book en a été un peu compliquée, du mal à me repérer dans mon avancée de lecture ...et le format ne me permettait pas de mettre des marques pages... Ainsi, j'ai perdu des citations.



J'ai trouvé une interview très intéressante de l'auteur que je vous invite à découvrir :

https://www.en-attendant-nadeau.fr/2021/10/02/briser-cuba-padura/

À la question récurrente « Pourquoi êtes-vous resté à Cuba ? 

Leonardo Padura répond à chaque fois sans hésitation aucune : « Je reste ici parce c’est mon pays, je suis arrivé d’abord, avant le régime au pouvoir. Je suis cubain jusqu’à la moelle. Et cette réalité m’est indispensable pour écrire. » Poussière dans le vent, son nouveau roman, explore de manière obsédante ce dilemme douloureux auquel se trouve confronté le peuple cubain depuis plusieurs décennies : rester et s’exposer à la répression, la misère, à un avenir sans perspectives, ou bien partir et risquer de ne pas trouver un ancrage ailleurs, de se perdre dans l’anonymat et la solitude.

Je remercie NetGalley et les Editions Métailié 

pour ce partenariat !

Cette lecture est une invitation pour tenter de mieux comprendre les Cubains !