mercredi 12 février 2020

Le baiser Sophie Brocas


En 1910, une jeune exilée russe découvre à Paris la vie de bohème auprès d’un sculpteur roumain, Constantin Brancusi.
Cent ans plus tard, une avocate est chargée d’identifier le propriétaire d’une sculpture, Le Baiser, scellée sur une tombe parisienne. Élucider les raisons de la mort de l’inconnue devient pour Camille un combat personnel : rendre sa dignité à une femme libre, injustement mise au ban de la société.
Avec ce portrait vibrant de deux femmes en quête de justice et d’indépendance, Le baiser questionne aussi le statut des œuvres d’art, éternelles propriétés marchandes, qui sont pourtant le patrimoine commun de l’humanité. SOURCE Éditions J'ai Lu

Mon avis :

Sophie Brocas a été très inspirée en s'emparant d'un fait d'actualité lié à la sculpture " Le baiser "de Constantin Brancusi ornant la tombe de la jeune Tatiana Rachewskaïa pour écrire son livre.

"Le baiser" cette œuvre sculptée de Constantin Brancusi  au cœur de tant de passion, va être le point de départ d'un récit en parallèle de deux femmes  : 

Nous avons à l'époque actuelle, Camille, la femme avocate, qui va se prendre de passion pour l’œuvre du baiser et nous avons Tatiana que l'auteure nous invite à suivre grâce à son journal intime.

Deux époques, deux siècles, deux femmes, un homme et une œuvre d'art.

Si l'auteure s'inspire en partie de la vraie vie de  Tatiana, elle va lui faire connaitre un sort différent en lui faisant vivre une relation amoureuse avec le sculpteur auteur de la stèle de se tombe.



Sophie Brocas dresse alors un beau portrait d'une jeune russe dans le Paris artistique et aristocratique des années 1900.

On parcourt avec ses yeux le Paris de l'époque. La Seine est en crue, la crue du siècle. On va s'introduire dans l'atelier de Brancusi et dans les rues de la ville.

Le portrait de Tatiana est des plus romanesques. Tatiana découvre un monde nouveau pour elle. Un esprit de liberté, d'indépendance. Les prémices du féminisme. Elle va découvrir aussi l'amour.

J'ai aimé suivre cette jeune femme, vive et innocente d'ouvrant à la vie, à l'approche très romantique de la vie et de son appétit de vivre et de voir autrement. Dans sa volonté de s'affranchir des règles de son statut d'origine. 

L'autre portrait est celui de Camille et si cette femme a moins capté mon attention, elle nous permet de découvrir tout un pan juridique concernant les œuvres artistiques.  

Camille mènera une enquête pour tenter de sauver " Le baiser ". Elle nous emmènera sur des terrains juridiques mais également sur la tentative de reconstituer la vie de Tatiana. Pour Camille cette enquête sera aussi l'occasion pour elle de partir à la quête d'elle-même.

Il est à noter qu'en tant que lecteur, nous sommes en avance sur les recherches de Camille puisque nous vivons en direct et de façon journalière la vie de Tatiana. 

De son arrivée à Paris à sa mort. Non, je ne spolie pas l'histoire, car oui Tatiana est morte jeune, c'est indiqué sur sa tombe. 

Je vous laisserais néanmoins découvrir comment Sophie Brocas a sculpté son personnage et fait le lien avec le célèbre sculpteur Brancusi.

Si ce livre est avant tout le portrait de ces deux femmes, le sculpteur Constantin Brancusi en est le dénominateur commun.

J'ai adoré découvrir cet artiste aux travers 
les deux regards féminins à  deux époques différentes. 

Avec cette œuvre reliant le tout  par delà les siècles.

Une belle lecture dont les bémols sont pour moi relatifs 
à une fin un peu abrupte du côté de Tatiana... 
Et la quête identitaire de Camille un peu trop caricaturée. 

J'ai aimé encore une fois me plonger dans le Paris 1900 
dans son foisonnement artistique et son vent de liberté. 
 
Comme Tatiana et Camille, 
Constantin Brancusi m'a charmée 
et offert ce baiser si doux.


"Nuls besoin pour cela d'évoquer le vrai, le réel, affirme-t-il. L'essentiel n'est pas de figurer ni même de voir, mais de contacter l'essentiel, d'aller à l'invisible. C'est pourquoi il refuse de représenter les passions humaines comme le fait l'académisme le plus  répandu. A quoi bon tailler les montagnes pour faire de leurs pierres des cadavres ou du bifteck enragé ? A-til tranché. Que sont les statues classiques qui représentent nos héros, nos poètes, nos rois et nos saints, si ce n'est qu'un morceau de viande morte et figée dans le marbre."



 "Camille pris le temps d'observer chaque détail. C'était un bloc carré, trois fois plus haut que large, un bloc de calcaire gris un peu grossier parsemé d'éclats noirs. Les amants y étaient pris entiers. Nus, enlacés étroitement. Fondus l'un dans l'autre. Deux amants assis, face à face, leurs bras encerclant tendrement l'autre, sans pression, sans excès. Pieds à plat, cuisses repliées, jambes de l'homme enserrées avec douceur, imbriquées avec naturel entre celles de la femme. Quelques détails, à peine suggérés : une chevelure longue séparée en bandeaux dévalant le dos de la femme, le haut relief des bras, le doux rebondi du sein. Ils sont là, front contre front, regard contre regard, nez contre nez, lèvres à lèvres. C'est un baiser immense. Un amour absolu. Un acte sexuel intense et innocent à la fois. Évident."

Merci à BABELIO pour le cadeau de ce livre 
lors de la Masse critique du mois de janvier 2020 
et merci aux Éditions J'ai Lu et à Sophie Brocas  !


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10 commentaires:

  1. Article intéressant et bien illustré.
    L'art d'aujourd'hui est la proie des marchands qui spéculent sur de fausses valeurs, qui permet de blanchir de l'argent; il y a à l'époque de Brancusi des regards avisés.
    L'essentiel oui, n'est pas de représenter (ce que les gens attendent) mais de montrer l'invisible comme c'est justement dit.
    Je vais partager ces mots avec mon peintre et compagnon qui parle tant de peinture!

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    1. Merci Anne,
      ce livre nous apprend plein de choses. Et met en avant une certaine vision de l'art avec l'artiste.
      Dès que l'argent est là il salit tout...
      Bon partage
      Bisous

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  2. NB: de plus, ce baiser n'est pas abstrait; il suggère seulement. Plus léger que ne peut le laisser penser la masse. Belles lignes. Je mets ce livre de côté etnote ses titre, auteur, etc.….Merci!

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  3. Pas franchement un sujet qui m'attire mais on sent que tu as été emballée par cette lecture.

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    1. Coucou Jérome,
      si j'ai quand même aimé ma lecture avec juste quelques bémols ;-)
      Bises

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  4. Je ne connaissais pas cette oeuvre. Un beau roman pour lui rendre hommage.

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    1. Coucou,
      j'avais entendu parlé de ce fait d'hiver et comme j'aime les livres qui parlent d'artistes c'était la bonne occasion de la lire.
      Bisous

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  5. jamais entendu parler mais je suis tentée par son originalité.

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    1. Coucou Violette,
      il peut te plaire j'ai passé de bons moments auprès de cet artiste et de ces deux femmes.
      Bisous

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