jeudi 9 août 2012

Une soirée au Caire de Robert Solé

"Ce soir-là, au Caire, Dina reçoit. Une petite société cosmopolite se presse dans l'ancienne maison de son beau-père, Georges bey Batrakani, qui fut le roi du tarbouche. L'Egypte, en pleine effervescence sociale et religieuse, a beaucoup changé depuis les années 1960. La plupart des membres de la famille Batrakani, dispersés aux quatre coins du monde, n'y sont jamais revenus, préférant vivre avec leurs souvenirs. Ce n'est pas le cas de Charles, le narrateur, qui, après une longue période d'amnésie volontaire, séjourne régulièrement au Caire. " Notre monde a disparu, constate-t-il, et je continue pourtant à guetter les battements de son cœur et ses sourires." Mais pourquoi revient-il en Egypte une deuxième fois cette année, "avec un faux passeport"? Il est confronté à Dina, qui le subjuguait naguère; à Negm el-Wardani, le séducteur à la hussarde; à Josselin, l'égyptologue français en chasse de vestiges et de mécènes; à Yassa, le chauffeur copte, qui a toujours un mot pour adoucir les malheurs de l'existence... Au milieu de la soirée, apparaît une jeune femme, Amira, et un voile se déchire. Le présent aurait-il autant de force que le paradis perdu ?"

Mon avis : 

J'ai gagné ce livre chez Clara du blog "Moi, Clara et les mots"  en février dernier. 

Merci à toi pour ton blog toujours pleins d'idées de lecture et de billets agréables à lire.

Pour ce qui est de ma lecture et bien je n'ai pas adhéré ... Je suis restée comme étrangère à ce récit.

Je n'ai eu aucune affinité avec le narrateur qui d'ailleurs est bien trop effacé dans cette histoire. On ne sait pas vraiment qui il est, et l'histoire se déroule sans véritable but ...

Il manque des liens dans cette histoire qui auraient pu être davantage exploités ! Le narrateur se confondant avec l'auteur qui ne sait pas on à l'impression, s'il peut se permettre de rentrer totalement dans son histoire ???

Je l'ai lu donc sans réelle saveur, même pas celle des descriptions d'un pays que j'adorerais visiter, mais qui en ce moment de part la situation politique ne le permets pas vraiment....

Alors pour palier à ça j'ai comme vous le savez pris plaisir à me promener dans le temps non loin du Nil, au Musée du Louvre en avril dernier.

Le musée possède une pharaonique collection d'antiquités égyptiennes !  
A découvrir avant le voyage ! (Site Insecula )

Le Louvre photo @Didi 2012

Le Louvre Photo @Didi 2012
Le Louvre Photo @Didi 2012


Extraits du livre :
 "Pourquoi la pierre de Rosette se trouve-t-elle à Londres depuis deux cents ans ? Demande le violoniste de l'opéra du Caire. Pourquoi le musée de Berlin détient-il toujours un merveilleux buste de Néfertiti, sorti frauduleusement d’Égypte ?Et que font tous ces trésors pharaoniques au Louvre ? 
Cheminard exaspéré :
Vous voulez vraiment rapatrier toutes les pièces d’antiquité égyptiennes qui se trouvent dans les musées du monde ? 
La plupart des ces pièces ont été emportées sans autorisation.
Heureusement mon cher ! Heureusement ! Que seraient-elles devenues si des européens ne les avaient pas sauvées au XIX ème siècle ? Je vous rappelle qu'à l'époque, vos ancêtres démontaient des temples pour en utiliser les pierres.
Et l'obélisque de Louqsor ? Trouver vous normal qu'on lui ait fait traverser la mer pour le planter sur une place parisienne, au milieu des voitures ? "

"Essayons de voir le bon côté des choses : les musées égyptiens de paris, Londres, New York ou Berlin sont une merveilleuse vitrine pour l’Égypte. C'est la meilleure introduction à un voyage dans la vallée du Nil."


Je partage avec vous les deux poèmes de Théophile Gauthier évoqués dans ce livre concernant les deux obélisques séparés (source internet avec explications) :

L'obélisque de Paris

Sur cette place je m'ennuie,
Obélisque dépareillé ;
Neige, givre, bruine et pluie
Glacent mon flanc déjà rouillé ;

Et ma vieille aiguille, rougie
Aux fournaises d'un ciel de feu,
Prend des pâleurs de nostalgie
Dans cet air qui n'est jamais bleu.

Devant les colosses moroses
Et les pylônes de Luxor,
Près de mon frère aux teintes roses
Que ne suis-je debout encor,

Plongeant dans l'azur immuable
Mon pyramidion vermeil
Et de mon ombre, sur le sable,
Écrivant les pas du soleil !

Rhamsès, un jour mon bloc superbe,
Où l'éternité s'ébréchait,
Roula fauché comme un brin d'herbe,
Et Paris s'en fit un hochet.

La sentinelle granitique,
Gardienne des énormités,
Se dresse entre un faux temple antique
Et la chambre des députés.

Sur l'échafaud de Louis seize,
Monolithe au sens aboli,
On a mis mon secret, qui pèse
Le poids de cinq mille ans d'oubli.

Les moineaux francs souillent ma tête,
Où s'abattaient dans leur essor
L'ibis rose et le gypaëte
Au blanc plumage, aux serres d'or.

La Seine, noir égout des rues,
Fleuve immonde fait de ruisseaux,
Salit mon pied, que dans ses crues
Baisait le Nil, père des eaux,

Le Nil, géant à barbe blanche
Coiffé de lotus et de joncs,
Versant de son urne qui penche
Des crocodiles pour goujons !

Les chars d'or étoilés de nacre
Des grands pharaons d'autrefois
Rasaient mon bloc heurté du fiacre
Emportant le dernier des rois.

Jadis, devant ma pierre antique,
Le pschent au front, les prêtres saints
Promenaient la bari mystique
Aux emblèmes dorés et peints ;

Mais aujourd'hui, pilier profane
Entre deux fontaines campé,
Je vois passer la courtisane
Se renversant dans son coupé.

Je vois, de janvier à décembre,
La procession des bourgeois,
Les Solons qui vont à la chambre,
Et les Arthurs qui vont au bois.

Oh ! dans cent ans quels laids squelettes
Fera ce peuple impie et fou,
Qui se couche sans bandelettes
Dans des cercueils que ferme un clou,

Et n'a pas même d'hypogées
A l'abri des corruptions,
Dortoirs où, par siècles rangées,
Plongent les générations !

Sol sacré des hiéroglyphes
Et des secrets sacerdotaux,
Où les sphinx s'aiguisent les griffes
Sur les angles des piédestaux ;

Où sous le pied sonne la crypte,
Où l'épervier couve son nid,
Je te pleure, ô ma vieille Égypte,
Avec des larmes de granit !

Photo @Didi 2008 L'obélisque de Paris


L'Obélisque de Luxor

Je veille, unique sentinelle
De ce grand palais dévasté,
Dans la solitude éternelle,
En face de l'immensité.

A l'horizon que rien ne borne ,
Stérile, muet, infini,
Le désert sous le soleil morne,
Déroule son linceul jauni .

Au-dessus de la terre nue,
Le ciel, autre désert d'azur,
Où jamais ne flotte une nue,
S'étale implacablement pur.

Le Nil, dont l'eau morte s'étame
D'une pellicule de plomb,
Luit, ridé par l'hippopotame ,
Sous un jour mat tombant d'applomb ;

Et les crocodiles rapaces,
Sur le sable en feu des îlots,
Demi-cuits dans leurs carapaces,
Se pâment avec des sanglots.

Immobile sur son pied grêle,
L'ibis, le bec dans son jabot,
Déchiffre au bout de quelque stèle
Le cartouche sacré de Thot .

L'hyène rit, le chacal miaule,
Et, traçant des cercles dans l'air,
L'épervier affamé piaule,
Noire virgule du ciel clair.

Mais ces bruits de solitude
Sont couverts par le bâillement
Des sphinx , lassés de l'attitude
Qu'ils gardent immuablement.

Produit des blancs reflets du sable
Et du soleil toujours brillant,
Nul ennui ne t'est comparable,
Spleen lumineux de l'Orient !

C'est toi qui faisais crier : grâce !
A la satiété des rois
Tombant vaincus sur leur terrasse,
Et tu m'écrases de ton poids.

Ici jamais le vent n'essuie
Une larme à l’œil sec des cieux.
Et le temps fatigué s'appuie
Sur les palais silencieux.

Pas un accident ne dérange
La face de l'éternité ;
L’Égypte, en ce monde où tout change,
Trône sur l'immobilité.

Pour compagnons et pour amies,
Quand l'ennui me prend par accès,
J'ai les fellahs et les momies
Contemporaines de Rhamsès ;

Je regarde un pilier qui penche,
Un vieux colosse sans profil
Et les canges  à voile blanche
Montant ou descendant le Nil.

Que je voudrais comme mon frère,
Dans ce grand Paris transporté,
Auprès de lui, pour me distraire,
Sur une place être planté !

Là-bas, il voit à ses sculptures
S'arrêter un peuple vivant,
Hiératiques écritures,
Que l'idée épelle en rêvant.

Les fontaines juxtaposées
Sur la poudre de son granit
Jettent leurs brumes irisées ;
Il est vermeil, il rajeunit !

Des veines roses de Syène,
Comme moi cependant il sort,
Mais je reste à ma place ancienne :
Il est vivant et je suis mort !

 

 

6 commentaires:

  1. Je connais le fez mais pas le tarbouche, j'ai appris quelques chose ce soir. Bon dimanche Didi Bise

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    1. Hello Gérard, oui on en apprends tous les jours et moi aussi tu me fait découvrir que ce sont deux appellations pour le même couvre chef !
      Bisous

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  2. Tu n'as peut-être pas aimé le livre mais tu nous offres cependant de bien belles images et deux beaux poèmes sur l'art de ce pays! Tu voyages encore,on dirait! :) Bon dimanche, Didi!

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    1. Bonjour Mango,
      oui si le livre m'a déçu ma lecture ma fait vagabonder vars l’Égypte que j'adorerais visiter au fil du Nil ...
      La lecture m'a aussi fait faire des sauts du côté du poète Téophile Gauthier avec ces deux poèmes que je ne connaissais pas.
      Bisous et bon dimanche !

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  3. Un rendez-vous raté avec ce livre, ça arrive. Bon dimanche !

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    1. Bonjour Jérôme,
      et oui toutes les lectures ne sont pas de belles rencontres ;-)
      Bon dimanche à toi aussi, bises

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