
Tout en haut du mont Tonnerre, dans un drôle de village peuplé de
femmes, l’une d’entre elles, la mano triste, attend patiemment dans sa
maison à courants d'air. Elle attend les hommes qui remontent du fleuve à
chaque saison douce, et surtout Jo géant, avec son cœur tout miel… Un
voyage aux airs de conte, doux et inquiétant. Source Le Cercle Points
Petit préambule quant à l'obtention de ce livre ! C'est en participant à un jeu de cadavre exquis que je l'ai gagné. Le texte était initié par Véronique Ovaldé et les joueurs ( sur fesse de bouc avec le profil de mon homme :O car je ne suis toujours pas là bas... ) devaient inventer la suite et l'auteur choisissait qui avait fait la "meilleure" phrase parmi les participants. C'est mon amie Wal qui m'a dit " Vas -y essaye !" (peu de temps avant sa phrase avait été sélectionné !). J'ai été très contente que ma phrase ait plu à cette auteure que j'aime beaucoup. L'histoire concoctée est sympa ce jeu du cadavre exquis déterre des jolis mots !
La première phrase de Véronique Ovaldé :
"Cela
devait faire trois ans que Samuel Gadowski n'était pas sorti de chez lui
quand, ce soir d'octobre 1959, la sonnerie de la porte d'entrée le tira
de sa torpeur."
La suite écrite par les lecteurs de Points :
Il sut à cette seconde précise que sonnait là la fin de sa
tranquillité, et le début des ennuis. La porte s’ouvrit dans un long
grincement et ce que vit alors Samuel le laissa sans voix. Une
vieille femme qu'on aurait dit sortie d'un conte, telle une fée déguisée
en pauvresse, se tenait sur le paillasson, ses yeux pairs dardés sur
Samuel d'un air interrogateur. Elle leva un doigt noueux contre la
poitrine d'un Samuel bouche bée, et lui dit : « Tu sais pourquoi je suis
là. Tu as toujours su que je viendrais. Ou aurais-tu oublié la petite
enveloppe bleue que tu conserves précieusement depuis tant d'années dans
le tiroir secret de ta table de nuit ? »
Non,
Samuel n'avait pas oublié cette enveloppe. Il l'avait conservée
précieusement. Mais à présent la visite de cette vieille dame
l'obligeait à ne plus cacher ce qu'elle lui avait révélé : on lui avait
transmis un don extraordinaire, précieux, inestimable,( ma phrase !) le don de
l'imagination, qui lui permettait, d'un battement de cils, de s'évader
dans des contrées et des paysages enchanteurs, des lieux connus et qu'il
avait aimé ou des lieux inconnus qu'il découvrait, fasciné. Voilà
pourquoi il ne sortait plus de chez lui depuis des années !
Le don avait rendu Samuel solitaire aux yeux des habitants du village.
Mais Samuel n'était jamais seul, ils étaient nombreux, ses amis, au
pays de son imagination. Mais comment avait-elle pu devenir réelle ? La
jolie et mystérieuse Tania était-elle aussi devenue une réalité ?
Il l’avait désirée à
un point tel qu’il se voyait se promener avec elle, bras dessus, bras
dessous dans les ruelles, palabrant sur une terrasse bondée un jour
d’été, d’automne ou d’hiver. Il se prêtait si bien au jeu qu’à plusieurs
reprises il put remarquer des regards condescendants et moqueurs qui le
déshabillaient. Probablement l’avait-on vu sourire, voire même émettre
l’une ou l’autre phrase à une personne invisible ? Aujourd’hui, si la
vieille bique était là, sans aucun doute, Tania serait là aussi. Son
trouble psychotique profond ne put le contredire.
Il
ne pouvait se résigner à laisser entrer ce laideron. Samuel était un
autre homme depuis qu’il possédait cette enveloppe, il était hors de
question de s’en séparer, hors de question de redevenir l’homme qu’il
était naguère. La vie ne lui avait pas fait beaucoup de cadeaux et ce
petit bout de papier bleu était la seule richesse valable à ses yeux, la
seule chose qui vaille la peine de se battre. Ces petits centimètres
carrés de papier, c’était son ciel bleu à lui, à elle Tania. Non, cette
vieille chouette ne l’aurait pas !
Merci à Mathilde, Chantal, Constance, Laetitia (mon amie Wal), Marie-Line, Raphaël (mon homme donc moi hihihihi), Françoise, Mathilde, Chris et Lydie pour avoir prêté leur plume à ce jeu d'écriture ! Source Le cercle Le Points
J'étais si contente d'avoir gagner et j'ai demandé une "didicace". Comme je ne suis toujours pas arrivé à la faire faire en direct :O) je suis trop happy !!!!!
 |
Impossible de mettre cette photo dans le bon sens grrrrr ! |
J'ai lu Le sommeil des poissons dans le tram pour l'essentiel et un peu avant de m'endormir aussi car lire ce livre c'est accepter de rentrer dans un univers fantaisiste, c'est se laisser bercer au rythme des mots de cette auteure.
Ce livre est son premier roman et on trouve dans celui ci ce que j'aime dans l'écriture de cette femme ; tout un univers poétique et onirique et une place particulière pour les personnages féminins. Bien sur les hommes sont présents aussi car souvent l'amour est aussi un des thèmes de prédilection de Véronique Ovaldé. Ici les deux figures masculines sont représentées par le grand Jo et le petit Bikiti ( et pas Bikini c'est juste pour voir si vous lisez bien tout lol).
Ces deux là forment un duo particulièrement particulier ! Et j'ai aimé suivre leur périple comme pour des représentations de cirque. Avec ce grand Jo pas très futé mais fort et beau et ce Bikiti malin qui compte sur le grand pour s'enrichir.
" Sous l'eau, le Jo découvre un plaisir idéal. Il attend pour remonter de sentir ses poumons prêts à exploser, son cœur cogner comme un furieux. Jo, entouré de cette verdeur, de ces algues, de ces bris de soleil qui se déposent en éclats sur le dos des poissons, à la surface intime de l'eau - le monde vu à travers cette loupe...- Jo a l'impression d'échapper à sa pesanteur et voudrait toujours glisser, il sourit, l'animal, puis la pression devient trop forte, le corps s'embrume, les bras fourmillent, une inquiétude mauvaise attrape ses temps, il faut ressortir, crever le miroir et avaler tout l'air possible d'un coup, ah, cette joir de s sentir glacé, écharpé par le soleil et le vent qui brûle la peau et les yeux. "
Les femmes elles n'ont besoin des hommes que pour concevoir leurs marmailles. La Mano triste est comme une espèce de prêtresse de la nature féminine. Elle attends l'homme qui la fécondera. Et cette homme sera le grand Jo ... Pauvre de lui.... Mais voilà... je ne peux vous en dire plus...
" Elle lui dit :
- Je suis toute petite et mouillée. "
Sa phrase grinça ; il regarda les seaux dans lesquels plicploquaient les gouttes qui traversaient le toit. Il vit le lit lus loin et la baignoire, toutes les petites choses parfumées posées sur le bord, il vit les murs suants et les foulards qui pendaient sans bouger aux dix coins de la pièce. Évidemment quand il la regarda au milieu de ce naufrage, il fut touché-charmé-ensorcelé.
Elle était toute petite et mouillée.
Alors il avança et c'en fut fait de lui."
J'ai aimé ce premier roman de Véronique Ovaldé, comme j'ai aimé les deux autres que j'ai déjà lu :
Lire ces romans c'est accepter une part de non réalisme, c'est se rendre sur une terre onirique où il n'y a pas forcément de règle et pour ma part je m'y rends toujours avec plaisir.
L'écriture de cette auteure est pour moi un enchantement, une façon différente de raconter des histoires qui nous emmènent loin à un rythme particulier qui me convient tout à fait.
Merci, merci à vous, Véronique Ovaldé
pour ces très bons moments de lecture !
et d'avoir une sympathique Didicace !