lundi 28 octobre 2024

Le Bomian Page Comann

 


Été 1955, Alpes-De-Haute-Provence.
Le village du Mazet-sur-Rourle se prépare à fêter le 14 juillet.
Un feu d’artifice sera tiré en apothéose au-dessus de la garrigue. Au cœur de cet été de canicule, l’arrivée d’un étranger, d’un bomian comme on dit au pays, fera exploser bien autre chose que des fusées.
Les secrets, les non-dits, les mensonges. Tout ce que les habitants cachent depuis trop longtemps derrière leurs jalousies.
Pour beaucoup, c’est l’heure des comptes.
Dans le théâtre d’une nature sublime et éternelle, indifférente aux malheurs mesquins des hommes et des femmes, un drame provençal où personne ne s’attend à la violence du bouquet final.

Page COMANN est le pseudo collectif de deux auteurs, déjà réunis sous les titres "Souviens-toi" de Sarah" et "Outaouais", qui défendent l’écriture sous toutes ses formes.
Celle de Ian MANOOK, pétillante et vive, courant du noir le plus cruel à l’humour ciselé de ses dialogues.
Celle de Gérard COQUET, précise et figurative, où chaque sentiment est une corde accrochée à l’arc de ses mots. SOURCE M+ Editions

Mon avis :

J'ai obtenu ce livre à l'occasion d'une masse critique Babelio en septembre. J'avais coché plusieurs livres et celui-ci car il avait une belle couverture celle de la peinture d'un joli paysage provencal d'été et puis Page Comann c'est en partie Ian Manook que j'ai aimé.

Curieuse de cet écrit à 4 mains (je trouve ce procédé si interessant) et attirée par le petit mot de Franck Bouysse "La tendresse de Pagnol, la force de Giono."

Bon je vais essayer de faire ce billet sur ma lecture. En ce moment je ne sais pas vraiment pourquoi si je prends plaisir à lire et si je lis pas mal, mais dès que je dois parler de ma lecture les mots m'échappent ... Je n'arrive plus à trop structurer mon avis... Pratique pour les partenariats ....

Je vais me concentrer en premier sur l'atmosphère de ce livre. Oui les deux auteurs savent très bien restituer l'atmosphère de ce petit village dans les années 1939 et 1955. L'écriture est très cinématographique et on peut aisément imaginer un téléfilm ou une mini série qui seraient adapter à partir de ce roman.

On visualise très bien les divers endroits du village ainsi que ses habitants. J'ai trouvé par contre que les personnages étaient un poil caricaturaux...

Je n'ai pour ma part pas trouvé la tendresse de Pagnol.... Giono .... non moins de force dans les descriptions. 

Les hommes ne sont pas très sympathiques et il n'y en a pas un pour rattraper l'autre... Ah si, le Bomiam en fait...

Un des personnages se nomme Magnan et ça m'a fait penser à Pierre Magnan qui nous a lui aussi écrit de belles et dramatiques histoires qui se passaient sous le soleil de la Provence.

Et me voilà à faire une mini étude comparée de ces auteurs ayant mis le Sud en toile de fond.

Bon je recommence sans m'éparpiller comme un lancé de confettis. Concentration Didi concentration.

C'est bien grâce à ce personnage du Bomian que ce livre a su me capter. Je suis peut être comme les femmes de ce livre, à regarder les beaux jeunes hommes un peu mystérieux qui débarquent au village.

Il va déclencher chez les hommes et les femmes diverses réactions. Des jalousies, des peurs, des rancoeurs, du désir, de l'amour, de la peur ...

Lui, le bomian, a fait une promesse à un frère d'arme lors de la guerre d'Indochine. 

Les habitants me sont apparus un brin caricaturaux à l'image de cette époque à cette endroit...

Les hommes ne sont pas à leur avantage et les femmes semblent vraiment subir et au mieux s'adapter aux diverses situations.

J'ai trouvé la vision très masculine, avec deux auteurs hommes c'est un peu obligé, et en plus ils décrivent dans leur livre, une société très mysogine et patriarcale qui est tout à fait d'époque).  

Par contre, ils n'hésitent pas à dresser le portrait des hommes de manière acerbe. 

Les plus avenants étant le Pabeu, l'idiot du village et aussi le curé (ouf il faut bien protéger ses ouialles et offrir à chacun le gîte et le couvert).

L'arrivée de cet étranger va faire exploser bien des tensions...

J'ai eu plaisir à m'infiltrer au coeur de l'été dans ce village de Haute-Provence. De m'y infiltrer auprès du Bomian et de comprendre ainsi pourquoi il est venu ici.

Page Comann a su décrire ce petit village et son environnement proche, les descriptions sont très cinématographiques. (ou les codes utilisés nous invitent à convoquer toutes les images des films visionnés sur la Provence).

Je me suis un peu ennuyée lors de la très longue journée du 14 juillet, même si celle-ci va se terminer par un bouquet final qui ne sera, ni festif ni joyeux... Mais je ne vous puis vous en dire plus. 

Je remercie Babelio et les Editions M+ pour cette lecture.

Quant à vous, je vous invite à vous aventurer avec le Bomian à Mazet-zur-Rourle au coeur de l'été pour préparer les festivités du 14 juillet ! 

 

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mardi 8 octobre 2024

Madame Hayat - Ahmet Altan


Fazil, le jeune narrateur de ce livre, part faire des études de lettres loin de chez lui. Devenu boursier après le décès de son père, il loue une chambre dans une modeste pension, un lieu fané où se côtoient des êtres inoubliables à la gravité poétique, qui tentent de passer entre les mailles du filet d’une ville habitée de présences menaçantes.
Au quotidien, Fazil gagne sa vie en tant que figurant dans une émission de télévision, et c’est en ces lieux de fictions qu’il remarque une femme voluptueuse, vif-argent, qui pourrait être sa mère. Parenthèse exaltante, Fazil tombe éperdument amoureux de cette Madame Hayat qui l’entraîne comme au-delà de lui-même. Quelques jours plus tard, il fait la connaissance de la jeune Sila. Double bonheur, double initiation, double regard sur la magie d’une vie.
L’analyse tout en finesse du sentiment amoureux trouve en ce livre de singuliers échos. Le personnage de Madame Hayat, solaire, et celui de Fazil, plus littéraire, plus engagé, convoquent les subtiles métaphores d’une aspiration à la liberté absolue dans un pays qui se referme autour d’eux sans jamais les atteindre.
Pour celui qui se souvient que ce livre a été écrit en prison, l’émotion est profonde.
Source Actes Sud (mon livre en Babel)

Mon avis :

Qu'il est beau ce livre, une couverture attirante, une femme évanescente, poitrine en avant, visage a demi caché et qu'elle fût belle ma lecture.

Fazil, le narrateur de cette histoire, est un jeune adulte qui va découvrir l'amour, le désir. 

Il est étudiant et a subi un important changement de niveau de vie suite au décès de son père.

Ainsi, il se retrouve pour poursuivre ses études dans une maison en cohabitation avec d'autres personnes aux parcours compliqués. 

On sent tout de suite que le pays est en proie à bien des privations.

Fazil s'attache à nous parler de tout ceux qu'il croise sur sa route, dans cette pension mais aussi dans les coulisses d'une émission TV où il va rencontrer Madame Hayat et à l'université où il étudie, il rencontre Silà.

Deux femmes, deux personnalités différentes, deux sources de jouissance pour Fazil ...

Difficile de faire un choix, et pourquoi faire un choix...

Au fur et à mesure de l'histoire, on observe les pensées de Fazil pencher davantage vers Madame Hayat. Cette femme avec une approche de la vie si fantasque et apparement si détachée.

Fazil sera envouté par son corps et aussi son coeur. Peut-être parce qu'elle lui échappe ...

Le roman progresse avec cette prise de conscience de Fazil pour cet amour qu'il ressent pour Madame Hayat. Il en reste hagard et assez perdu. 

Le roman s'enfonce aussi inexorablement dans les tourments d'un pays, La Turquie, qui prive de plus en plus ses habitants des libertés fondamentales. L'auteur en a été privé lui aussi. 

Le droit de s'exprimer, d'aimer, de lire, de rire, de croire en ce que l'on veut, d'être ce que l'on souhaite.

C'est un roman d'amour, un beau roman d'amour pas fleur bleue, Ahmet Altan décrit le sentiment d'amour avec beaucoup de subtilité et d'intelligence. 

L'amour si imprévisible et foudoyant, cet amour qui n'est pas toujours appréhendé de la même manière chez les deux protagonistes.

J'aurais voulu à la fois ressembler à cette Madame Hayat dans sa philosophie de vie qui semble si légère et à propos et dans ce qu'elle inspire à son jeune amant. Et, j'aurais peur de lui ressembler car je sais bien que cette dame, à au fond d'elle, de profondes et douloureuses blessures. 

"Naie pas peur, Marc Antoine (Fazil). Il ne faut pas avoir peur de rien dans la vie... La vie ne sert à rien d'autre qu'à être vécue. La stupidité, c'est d'économiser sur l'existence, en repoussant les plaisirs au lendemain, comme les avares. Car la vie ne s'éconmise pas... Si tu ne la dépenses pas, elle le fera d'elle même, et elle s'épuisera"

Cette image qu'elle donne à Fazil cache forcément moults tourments.

Je repense à elle, je repense à Madame Hayat, et je frémis à l'idée qu'elle ne soit plus là...

Les souvenirs sont-ils plus forts que le présent ?  Tous les moments de nos vies constituent-ils ce que nous sommes ? 

L'auteur, Ahmet Altan, emprisonné une bonne partie de sa vie utilise la littérature comme échapatoire et nous permet aussi de nous interroger sur ce qui compte vraiment dans une vie.

Merci à lui pour cette belle lecture, 

j'ai littéralement aimée, comme le jeune Fazil,  

cette Madame Hayat ♥



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