Nous sommes en Mayenne, une maison à l'orée d'un village. Dans cette maison, voici Etienne et Fauvette, un vieux couple qui n'a jamais cessé de s'aimer. La maison est silencieuse. Les volets fermés et la porte close. Nuit et jour pourtant, ils sont sept qui en franchissent le seuil. Sept amis, les uns après les autres, du dimanche au lundi, chacun son tour et chacun sa tâche. Il y a le Bosco, ancien marin qui tient le bar du village, il y a Madeleine qui, chaque semaine, fleurit la maison, il y a Berthevin qui allume et éteint toutes ses lumières, il y a le professeur qui dit des poèmes à voix haute, il y a Ivan, l'ancien cheminot, qui ouvre les fenêtres, il y a Léo qui traverse le village à vélo, puis Paradis enfin, qui remonte la petite horloge. Au grenier, comme une sentinelle, une lampe ancienne veille au cérémonial.
Mon avis :
Lecture de ce livre acheté lors de la fête du livre de Saint-Etienne en octobre 2009 et dédicacé par l'auteur
"Pour vous, Didi, ces âmes qui résistent, cette fraternité... Bonne lecture" Sorj
Tout commence par un très beau poème qui aurait dû m'avertir au préalable du thème de l'histoire
Au -delà du cercueil l'âme me restera,
Et pour vous consoler le ciel me donne
La place de votre bon ange.
Conservez avec soin tout ce que j'ai chéri ;
Gardez mes verts, mes fleurs, mon oiseau favori,
Je serais là, que rien ne change !
Hippolyte Violeau
J'ai voulu croire à la vie, Etienne et Fauvette vivaient, pour moi, au début du livre ... Ils étaient vivants et l'auteur a très bien su le faire croire à son lecteur (et surtout moi ...)et d'ailleurs finalement à bien y réfléchir c'était bien l'effet recherché.
Et puis au fur et à mesure de ma lecture, je me rends compte que cette maison ne vit encore que par la bonne volonté et grâce à cette fameuse promesse fraternelle et amicale. Il y a la mort à assumer, l'absence de ceux que l'on aime, et puis pire que la mort encore, l'oubli ...
Alors, pour garder vivantes les âmes on essaye de détourner l'absence et on fait revivre les personnes disparues en faisant comme si ils étaient là en faisant vivre leur maison.
J'ai été surprise par cette lecture je ne m'attendais pas à cette histoire et j'ai aussi été émue par cette belle promesse et j'ai pris plaisir à lire ce livre !
On a ici une bien belle réflexion sur la mort, sur la manière de faire son deuil, sur l'accompagnement de fin de vie, sur le choix de partir quand plus rien ou personne ne nous attache à la vie...
Le style de Sorj Chalandon est très épuré et très poétique, il invente même des mots, des adjectifs qu'il transforme en noms propres. Les personnages de son roman sont simples et bons.
Les poètes sont présents on a non seulement Hippolyte Violeau en début mais aussi Alfred de Musset qui termine ce beau livre
Et marchant à la mort, il meurt à chaque pas.
Il meurt dans ses amis, dans son fils, dans son père.
Il meurt dans ce qu'il pleure et dans ce qu'il espère
Et sans parler des corps qu'il faut ensevelir
Qu'est-ce donc oublier, si ce n'est pas mourir.
Bonne lecture !
Je continuerais la découverte de cet auteur avec la lecture de "Mon traître" que j'ai également dans ma PAL.
Je continuerais la découverte de cet auteur avec la lecture de "Mon traître" que j'ai également dans ma PAL.